Burkina Faso: Intérêts civils procès Sankara - Il y a loin de la salle des Banquets aux guichets du Trésor

Salle d'audience pour le procès Thomas Sankara au Burkina Faso

Cette fois, c'est vraiment fini. Après le procès pénal qui a tenu en haleine pendant 6 bons mois la Chambre de première instance du tribunal militaire de Ouagadougou a vidé hier son délibéré sur les intérêts civils du procès Thomas Sankara.

On en retiendra grosso modo que les condamnés, au premier rang desquels Blaise Compaoré, Gilbert Diendéré et Hyacinthe Kafando, doivent solidairement payer un total de 800 millions de F CFA de dommages et intérêts aux ayants droit de Thomas Sankara et de ses 12 comourants de la funeste soirée du 15 octobre 1987.

Les montants par personne oscillent entre 2,5 et 50 millions de F CFA. Il y a cependant loin de la coupe aux lèvres, pour ne pas dire de la salle des Banquets aux guichets du Trésor, car ce n'est pas demain que les parents des victimes passeront à la caisse. Il faut en effet que Blaise Compaoré et compagnie puissent rassembler cette " modique " somme qui ne saurait, de toute façon, remplacer les vies fauchées à la fleur de l'âge. Au cas où ils en seraient incapables (ou font dans la mauvaise foi), le président Urbain Méda et ses collaborateurs ont appelé l'Etat en garantie des payements, c'est-à-dire qu'il casque d'abord, quitte à se tourner contre les dix accusés pour récupérer son dû.

La question se pose d'ailleurs de savoir si cette décision est suspendue aux appels, voire aux éventuels pourvois en cassation qui pourraient survenir. Autant dire que l'exécution de cette sentence pourrait être renvoyée aux Calendes... burkinabè.

En attendant, on retiendra aussi et surtout de ce verdict le franc symbolique réclamé et obtenu par les ayants droit, Mariam Sankara, ses enfants Auguste et Philippe, ainsi que les frères et sœurs du charismatique leader de la Révolution d'août 1983.

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Une requête qui les honore et qui est conforme à l'image laissée par Thomas Sankara qui ne s'était jamais attaché aux choses matérielles d'ici-bas. A combien aurait-on d'ailleurs pu évaluer la perte incommensurable de cette icône qui, 35 ans après à mort, continue d'être porté aux nues par une bonne frange de la jeunesse burkinabè et africaine ?

Pour autant on aurait tort de blâmer ceux qui ont réclamé et obtenu des réparations pécuniaires, car dans cette tragique affaire, "saint " Thomas et ses 12 apôtres ont tous connu le même sort, mais leurs familles respectives n'ont jamais été logées à la même enseigne.

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