Tunisie: L'entreprise autrement | A quand la fin de tous ces conflits ? (VI)

analyse

Le malaise général continue de grandir dans notre pays à cause des conflits qui sont en train de devenir plus menaçants et qui risquent de le plonger dans une guerre fratricide. Une atmosphère fortement électrique sévit depuis le 25 juillet dernier après avoir été longtemps chargée.

Vivant sous un pouvoir de fait qui a abrogé la Constitution, dissout illégalement et arbitrairement le Parlement, accaparé tous les pouvoirs et se dirige sans freins vers le changement du système politique en revenant au système présidentialiste, le pays a commencé dès cette date-là à en voir de toutes les couleurs.

Aujourd'hui le peuple n'en peut plus. Entre supporters de la ligne dite du 25 juillet et ceux qui ne l'ont pas acceptée, c'est la guerre. Celle-ci risque de devenir effective tellement le discours est devenu dans l'espace public très dangereux. Or, les gens ont besoin de travailler, de trouver un travail ou de faire travailler leur argent non à s'entretuer, encore moins pour des chimères.

Avec un discours rempli de haine et de violence, le locataire de Carthage a, depuis son accession à la magistrature suprême, pris une position belliqueuse avec la ferme volonté de tout changer selon ses propres projets et par la contrainte. Pour lui, tout opposant et un traître qui complote avec les puissances étrangères pour le déstabiliser, lui, le sauveur providentiel du pays.

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Au lieu de mobiliser le peuple dans le but de mieux affronter les énormes problèmes qui continuent de le torturer et d'empoisonner sa vie et celle des générations futures, les acteurs politiques sont donc en train de mobiliser, chacun ses partisans. Et pas n'importe lesquels, ceux qui sont prêts à tout pour éliminer les adversaires. Des graines de milices armées sont peut-être en train de germer.

Aujourd'hui, c'est encore le conflit, non l'intégration qui est le principe qui domine nos mentalités, qui est en train de conditionner nos comportements et qui nous empêche de progresser. Pire, qui est à l'origine de la faillite totale qui s'est abattue sur notre pays avec, comme conséquences désastreuses, l'effritement de la société et la déliquescence de l'Etat.

Même la pseudo-stabilité politique et sociale d'avant 2011 était illusoire et était truffée de conflits de tous genres, la plupart d'entre eux étaient larvés. Conflits qui ont fait régresser le pays sur tous les plans et dans tous les domaines. Mal- développement et destruction de la citoyenneté en sont les deux principales expressions (pour notre humble contribution nous avons proposé le concept d'anti-citoyen).

Il faudrait rappeler, ici, qu'en 1955 notre pays a vécu un drame politique qui a eu des suites meurtrières et qui a fondé la société sur le paradigme du conflit, de l'exclusion et de la violence. Paradigme qui continue, aujourd'hui, de conditionner tout notre peuple et qui risque de donner naissance à des actes concrets.

Et la réalité est ainsi devenue inquiétante, car le conflit conditionne, aujourd'hui, toutes nos relations. Etat- société, homme-femme, salarié-employeur, élève-enseignant, consommateur-commerçant ou prestataire de service, producteur-distributeur, etc.

Ajoutons à cela un pouvoir qui refuse tout vrai dialogue et qui a fait perdre au pays un temps fou ainsi que de précieuses occasion et opportunités de reprendre une reprise prometteuse après la profonde crise qu'a connue le pays. Celle qui est due à une mauvaise gestion du problème du coronavirus. Echec à la survenue duquel, le pouvoir, devenu depuis le 25 juillet dernier de fait, a largement contribué.

Or, tant que les représentants des différentes composantes, politiques et autres de notre société ne se sont pas réunis au sein d'un congrès (et non un simple dialogue), aucune mesure ou panoplie de mesures ne pourraient nous sortir du bourbier dans lequel le pays se débat. Nous avons besoin d'un processus participatif et représentatif, c'est-à-dire un dialogue institutionnalisé qui devra déboucher sur l'adoption d'un plan de sauvetage du pays.

Aucun salut n'est donc possible sans la tenue, le plus tôt possible, d'élections, législatives et présidentielles (Oui Saïed représentant une grosse part du problème). Les nouveaux pouvoirs seront eux appelés à organiser les changements souhaités. Et ce, grâce à des projets que le congrès national, déjà cité, aura préparés.

Aucun salut aussi sans l'adoption d'un plan national de remise à niveau de la population dans tous les domaines vitaux et un second de lutte contre l'analphabétisme politique et économique de l'écrasante majorité du peuple, appelé à s'exprimer à travers les urnes sur des questions vitales.

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