Tchad: L'opposition fustige l'éventuelle prolongation de la transition

Le report du dialogue de réconciliation nationale qui devrait se tenir à partir du 10 mai à N'Djamena est bien accueilli par les acteurs politiques tchadiens.

Malgré cela, les opposants au régime redoutent qu'il saisisse l'occasion de cet ajournement pour prolonger la période de transition. Ceci contrairement à la volonté du Qatar, médiateur d'un pré-dialogue qui piétine depuis deux mois entre la junte et les innombrables groupes rebelles alors que ses dirigeants ont proposé cette démarche afin de donner plus de temps aux négociateurs de parvenir à un accord à Doha.

Les rebelles qui participent aux négociations de paix dans la capitale qatarie saluent certes le report du dialogue national à N'Djamena, mais disent craindre que les autorités tchadiennes en profitent pour ne pas tenir leurs promesses. " Les mouvements politico-militaires et alliés saluent l'initiative louable de l'État du Qatar " sur le report du dialogue, ont-ils écrit dans un communiqué, tout en refusant que cela ne " serve de prétexte à la prolongation de la période de transition ". Les groupes armés ont également exigé " l'implication de tous les acteurs politiques pour convenir d'une nouvelle date ".

En attendant, les oppositions politiques et armées dénoncent le fait que le pouvoir n'a pas donné un nouveau calendrier pour le forum national tant attendu mais parle plutôt d'un " report du dialogue national inclusif à une date ultérieure qui sera retenue après consultations avec les institutions et les acteurs politiques pertinents ".

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" Après avoir fait délibérément traîner les négociations par les absences répétées de ses principaux représentants, le gouvernement tente une fuite en avant en vue d'empêcher la participation de l'opposition politico-militaire au dialogue national ", ont affirmé les groupes rebelles. Ajoutant : " Les autorités de transition actuelles porteront l'entière responsabilité des conséquences de toute rupture des négociations en cours ou de l'exclusion des groupes politico-militaires du dialogue national qui, de fait, n'aura plus le caractère inclusif tant proclamé ".

Le régime accusé de provoquer l'enlisement du pré-dialogue

Réagissant à ces allégations, le régime les a rejetées en bloc. " C'est une accusation injuste, nous avons intérêt à ce que les négociations de Doha aboutissent (... ) pour que les politico-militaires puissent participer au dialogue ", a déclaré Abderaman Koulamallah, porte-parole du gouvernement, précisant que c'est " un mauvais procès " qui est fait contre le pouvoir.

Une fois organisé, le forum national au Tchad devra déboucher sur une remise du pouvoir aux civils ainsi que sur une nouvelle Constitution et des élections libres et démocratiques.

Avant de s'accorder pour le report du dialogue, des malentendus persistaient entre la junte et les représentants d'une cinquantaine de mouvements armés qui refusaient depuis quelque temps de se parler directement à Doha. Ce qui explique pourquoi le médiateur qatari peinait à faire progresser les pourparlers, d'autant qu'un groupe rebelle, le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République ainsi que la plate-forme Wakit Tamma, qui regroupe la majorité de l'opposition non armée à N'Djamena, avaient claqué la porte des négociations en avril. Ce dernier accuse le pouvoir de provoquer délibérément " l'enlisement " du pré-dialogue de Doha et de perpétuer " la violence des forces de sécurité et les violations des droits humains ".

Pour permettre aux Tchadiens d'aller aux élections dans un climat serein, des voix s'élèvent pour appeler à la tenue d'un dialogue dans un futur proche. C'est le cas de la France qui, par la voix de son président, Emmanuel Macron, a souhaité que le dialogue national au Tchad puisse se tenir " dans un calendrier rapproché " et proposé l'appui de son pays en ce sens. C'était le 6 mai dernier au cours d'un appel téléphonique avec le président de transition, Mahamat Idriss Déby Itno. Selon l'Elysée, le chef de l'Etat français y " a salué l'engagement de son interlocuteur pour la tenue du dialogue national dans des conditions inclusives et dans un calendrier rapproché ".

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