Maroc: Vogue la galère pour des milliers d'étudiants en médecine !

L' enquête de la CNEMEP met à nu une situation insoutenable.

C' est accablant. L'enquête de la Commission nationale des étudiants en médecine, en pharmacie et médecine dentaire du Maroc (CNEMEP) met à nu le calvaire de ces derniers dans les filières de santé. "La CNEMEP assume encore une fois sa responsabilité historique en élaborant et en publiant les résultats de cette enquête, qui met objectivement en évidence la souffrance des étudiants qui se trouvent dans des conditions sociales défavorables", met en avant la CNEMEP dans un communiqué de presse. L'enquête menée auprès de 2766 étudiants (le questionnaire a été administré à 5314 étudiants de toutes les facultés publiques marocaines, mais seulement 2766 ont fourni des réponses complètes) dévoile la précarité des étudiants.

"Les études de santé dans leur état actuel génèrent le mal-être, que ce soit dans la formation universitaire ou hospitalière. Avec l'absence d'un statut clair de l'étudiant qui se trouve à michemin entre étudiant, stagiaire et agent public et une rémunération dérisoire pour une formation en alternance entre les bancs de la faculté et les stages hospitaliers", note ladite enquête. "Les étudiants en médecine, en médecine dentaire durant les deux premières années et en pharmacie durant les trois premières années ne reçoivent aucune bourse, indemnité ou aide systématique pour contribuer aux dépenses engendrées par les études", souligne cette enquête intitulée "Conditions économiques et sociales des étudiants". Et de préciser: "Etant externes à partir de la 3ème année (médecine-médecine dentaire) - 4ème année (pharmacie), en participant à l'activité hospitalière et ambulatoire, les étudiants perçoivent 630 DH par mois, avec plusieurs problématiques d'octroi, sans omettre que ce montant est dérisoire".

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" La quasi-totalité des étudiants (96%) affirment que les indemnités de fonction actuelles ne sont même pas suffisantes pour garantir un mode de vie minimal digne, d'autant plus qu'elles représentent à peu près le tiers du montant minimal fixé par la loi pour les stagiaires au sein des entreprises", assure cette étude qui précise que l'indemnité mensuelle minimale des stagiaires en formation est de 1600 DH selon le Dahir du 23 mars 1993 fixant les mesures d'encouragement aux entreprises organisant des stages au profit des titulaires de certains diplômes en vue de leur formation-insertion, alors que le montant des indemnités de fonction des étudiants dans le secteur de la santé à partir de la 3ème année est de 630 DH. Selon la CNEMEP, les études médicales et pharmaceutiques nécessitent des investissements colossaux, en plus de grands efforts et d'un travail acharné pendant de nombreuses années, soulignant que l'investissement matériel est l'un des défis les plus exigeants auxquels les étudiants doivent faire face tous les jours: frais de déplacement, de logement, de nourriture et même de traitement, y compris des outils particuliers comme les stéthoscopes et les trousseaux dentaires qui sont très coûteux, ainsi que des frais de polycopiés et autres.

Pis encore, poursuit la même étude, "les étudiants, qualifiés de Faisant Fonction d'Internes ou d'Internes de périphérie sont amenés, 7 ans après le Bac pour la médecine générale, et 6 ans après le Bac pour la médecine dentaire et pour la pharmacie, à réaliser des stages internes dans les hôpitaux de périphérie, souvent pour faire tout le travail d'un médecin généraliste en santé publique, et particulièrement les gardes, et ce généralement sans aucun encadrement ". La CNEMEP assure que le gouvernement avait approuvé le décret n°2.20.407 en juin 2020 pour augmenter les bourses pour la septième année de médecine et la sixième en médecine dentaire et en pharmacie. Pourtant, le ministère de tutelle refuse jusqu'à présent de débloquer ces bourses "pour des prétextes illusoires".

Cette situation financière précaire de la majorité des étudiants affecte considérablement la qualité de leur formation et leur vie sociale. Ainsi, "26% des étudiants se trouvent parfois dans l'obligation de renoncer à des produits d'hygiène de base pour des raisons financières. Et plus de 81% limitent leurs activités et leur accès aux loisirs (culture et sport) à cause des limitations budgétaires et de l'absence d'espaces dédiés avec des tarifications réduites". Ce qui est alarmant, c'est que ¾ des étudiants déclarent souffrir de troubles d'anxiété à cause des difficultés financières.

Pour conclure, l'étude souligne que la totalité des étudiants réclament un nouveau statut particulier pour l'étudiant travaillant à l'hôpital", que 93,7% d'entre eux ne sont pas satisfaits des mesures entreprises pour soutenir l'étudiant dans ses études, et 98,9% estiment que plus d'efforts doivent être consentis pour soutenir financièrement l'étudiant afin qu'il puisse mener à bien ses études dans de bonnes conditions. Par ailleurs, 95% des étudiants expriment "leur engagement à se mobiliser pour défendre" leurs droits et améliorer "la qualité de leur formation".

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