Guinée: 36 mois de transition - La CEDEAO peut aller se faire cuire un œuf !

Mamadi Doumbouya, le président de la transition de Guinée.

Alea jacta est ! Le sort en est jeté, ou plus exactement le Conseil national de transition (CNT) a tranché. Mamady Doumbouya est parti pour 36 mois de transition. Lui qui en voulait 39 ne devrait pas faire la fine bouche.

3 mois de transition en moins, ce n'est pas la mer à boire. Encore que tout se soit passé comme dans un scénario écrit d'avance.

En effet, les députés de la transition, convoqués dare-dare en session extraordinaire dans un communiqué lu mardi 10 mai à la télévision guinéenne, ont mis moins de 2h 30 mn pour boucler l'affaire. Par une écrasante majorité, seulement 3 voix contre et une abstention, les membres du CNT, qui fait office de Parlement de transition, ont validé, presque à la lettre, le chronogramme de la période transitoire qui leur était soumis. Le seul bémol est venu du raccourcissement de 3 mois, 39 ayant été initialement proposés pour la durée de la transition.

" C'est très courageux de s'opposer ainsi à Doumbouya ", messieurs les membres du CNT ! Vous avez été pugnances dans la contradiction et vous méritez bien le repos du guerrier, vous qui vouliez et avez obtenu une transition plus courte que 39 mois.

Trêve de plaisanterie ! De qui se moque-t-on à Conakry dans ce jeu de massacre du principe de la séparation des pouvoirs entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire ? Personne n'oublie que la Guinée vit de nouveau une période d'exception depuis le coup d'Etat de septembre 2021, mais puisque la junte au pouvoir veut qu'on la prenne au sérieux, qu'elle arrête d'infantiliser l'opinion publique guinéenne et la CEDEAO.

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En effet, Mamady Doumbouya aura désormais beau jeu de dire que ce sont les conseillers du CNT qui lui demandent de rester au pouvoir pendant 36 mois. La CEDEAO peut alors aller se faire cuire un œuf avec ses principes grandiloquents de promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance. Le Parlement provisoire guinéen peut aussi se targuer devant les démocrates guinéens, africains et les décideurs de la CEDEAO de n'avoir pas entériné la proposition initiale de la junte.

Mais tout cela n'est qu'un tour de passe-passe cousu de fil blanc au bout duquel Mamady Doumboya tient une transition élastique d'au moins 36 mois. Car faute de précision, on ne sait si les 3 ans de transition courent depuis le 5 septembre 2021, date du renversement du président Alpha Kondé, ou bien s'il faut commencer à les décompter à partir du vote de la loi sur le chronogramme de la transition, c'est-à-dire le mercredi 11 mai 2022. Une chose est sûre, Mamady Doumbouya n'est pas prêt à lâcher les rênes du pouvoir tout de suite, n'en déplaise à la CEDEAO.

Pourtant avec la situation relativement calme, c'eût été facile d'organiser rapidement des élections en Guinée. Burkinabè et Maliens, aux prises avec la nébuleuse terroriste, ont des circonstances atténuantes de traîner le pas pour un retour à l'ordre constitutionnel normal, mais pas les Guinéens. On comprend dès lors la colère de toute la classe politique guinéenne réunie au sein du G58 et du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). De là à dire que le mercure social pourrait rapidement prendre l'ascenseur à Conakry, il y a un pas.

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