Impossible de passer à côté. Le tube de 666 Armada, Frog Polico Crapo est un véritable carton, surtout depuis l'arrestation de Raquel Jolicoeur, celui-là même qui a menacé de dynamiter le Parlement et les Casernes centrales... Que ce soit sur YouTube, TikTok ou autres plateformes, en soirée ou en voiture, même dans les cours de récré, le refrain tourne en boucle.
Les chanteurs, 666 Armada, Swankipakitoke ou Killabone, y raillent ainsi les policiers, surtout ceux qui procèdent aux fouilles chez des gens soupçonnés de trafic de drogue, en dénonçant leur façon de faire. Polico crapo fait ainsi directement référence aux hommes en uniforme.
En fait, pour lancer l'alerte dans les cités, ceux qu'on appelle les zoké les ont baptisés crapo, depuis quelques années, il s'agit donc d'un nom de code pour signaler leur présence. Désormais, dès qu'on voit un policier, certains ne peuvent s'empêcher de lancer des "polico crapo". Mais que pensent nos agents de ce nom 'gaté'? Nous leur avons posé la question.
À vrai dire, pour la plupart, cela ne les dérange pas. "Il n'y a rien de mal à être appelé polico et krapo n'est pas un nom qui date d'aujourd'hui. Depi lontan nou tann sa. Nou inn fatigé gagn tou kalité non. Cela n'a plus d'effet sur nous." Des policiers expliquent qu'ils se donnent eux-mêmes des noms, comme Mazor, par exemple.
De plus, ils sont quelques-uns à s'être donné à coeur joie sur la chanson sur Tiktok, matraque en main, esquissant quelques pas de danse. Bien évidemment masqués pour ne pas être reconnus. "Noumem nou sant sant sa dan stasyon kan pena rol. Li met lanbians..."
Certains suspects, en à croire une vidéo sur Facebook d'un jeune homme arrêté par la police, auraient été forcés par les policiers à entonner la chanson pour qu'ils puissent être relâchés. Par ailleurs, une petite poignée de policiers parle, cependant, de non-respect de l'uniforme.
"Nous devons être respectés par la population pour mener à bien notre travail. Aujourd'hui, nous avons l'impression d'être la risée de tous, à travers des chansons et des surnoms peu flatteurs. Nous ne sommes pas pris au sérieux. Cela ne donne également pas envie à la jeunesse d'intégrer la force policière."