Le continent africain veut une refonte des principes de base qui président le système financier mondial. Les dirigeants africains réclament avec virulence une refonte du système imposés jusque-là par le FMI et la Banque mondiale.
Le plaidoyer a occupé les discours à l'ouverture officielle de la 54e réunion des ministres de la Commission Economique de l'Afrique (Cea), ce lundi 16 mai au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio, à 37 kilomètres de Dakar. Le thème de cette année est « Financement de la relance de l'Afrique : trouver des solutions innovantes ».
Le secrétaire exécutif de la CEA, Mme Vera Songwe pense que ça fait trois ans que les pays africains sont en guerre permanente contre la pandémie du Civid-19, les changements climatiques, la gouvernance, le terrorisme…
A son avis, le continent a survécu à ces obstacles mais il faut qu'il dispose de financements consistants et à la hauteur de ses besoins pour aller vers la prospérité de ses populations.
Avant de souligner : « la dynamique de nos économies a changé et il faut que les financements suivent ».
Mme Songwe estime que l'argent et les ressources ne manquent pas mais il faut voir comment réformer le système financier mondial pour prendre en charge les attentes de l'Afrique.
Le chef de l'Etat du Sénégal, Macky Sall, par ailleurs, président en exercice de l'Union africaine, dans un ton ferme, lui emboite le pas.
Il déclare aux ministres africains des finances qu'une réforme de l'architecture financière mondiale est nécessaire. Les réalités africaines doivent être prises en compte par les institutions de Bretton Woods et dans le commerce international. Pour lui, les réalités africaines doivent être prises en compte par les institutions de Bretton Woods et dans le commerce international.
Parlant au nom de ses pairs africains, le chef de l'exécutif sénégalais se désole : « nos économies se trouvent dans un état de fatigue général et la guerre en Ukraine compromet tout espoir de reprise ».
Avant de lancer avec désolation : « tout le combat sur les Objectifs de développement durable risque de partir en fumée ».
Pour M. Sall, la superposition des crises Covid et guerre en Ukraine oblige la communauté internationale à sortir des schémas classiques.
Le président sénégalais en veut pour preuve le rétropédalage observé sur la réallocation des Droits de tirages spéciaux (Dts) décidée au niveau mondial pour assurer une relance réussie après la crise Covid-19.
Sur 650 milliards de dollars, le continent africain s'est vu octroyé que 33 milliards de dollars représentant que 5% de cette manne.
Encore que cette mesure tarde à être effective à cause des tergiversations du FMI, la Banque fédérale américaine, l'Union européenne, entre autres. « Finalement, on se demande quelle est notre place dans ce monde », lance-t-il avec amertume.
Face à cette situation pesante avec des postures incompréhensibles des pays développés, le président Sall pense que les règles sont dépassées et il faut progresser avec ceux qui ont un humanisme.
Un postulat renforcé par Michel Camdessus, ancien patron du FMI qui pointe une inadéquation du système financier mondial actuel et parle de textes obsolètes face aux urgences de l'heure.
D'après lui, « le système ne répond plus aux urgences et l'Afrique doit se battre pour que des réformes soient amorcées pour créer le climat pour un Breton Woods 2 ».
En plus du plaidoyer politique, le président en exercice de l'Union africaine invite les ministres de l'Economie, des Finances et de la Planification des pays africains a porté le combat auprès des institutions internationales.
M. Sall qui appelle un cessez le feu entre la Russie et l'Ukraine avise qu'il a reçu mandat de l'Union africaine d'aller discuter avec les protagonistes pour que les approvisionnements venant de ces pays vers l'Afrique se poursuivent.
Une demande d'autant plus légitime dans la mesure où, malgré l'intensité de la guerre et les sanctions appliqués, la fourniture du gaz russe vers les pays européens se poursuit de plus alors que les conséquences de cette crise se font ressentir jusqu'en Afrique.
A son avis, l'Afrique a besoin de solutions qui sortent de sentiers battus et revoir les règles qui gouvernent le monde.
Pour lui, l'Afrique doit se départir de cette camisole de force qui lui a imposé et qui l'empêche de sortir d'une certaine spirale qui la maintient dans la pauvreté et la dépendance.
M. Sall se veut on ne peut plus clair : « l'Afrique ne parle pas d'aide mais plutôt de partenariat. Il faut qu'on discute des conditions d'accès au prêt ».
Sur cette lancée, il appelle à corriger les critères de notation sur les risques d'évaluation et d'investissement que les agences décerne à nos pays.
Il plaide pour la promotion du commerce intra-africain, rendre plus performantes les administrations douanières et fiscales mais aussi développer les infrastructures de communication, les routes, ponts et entre autres.
Dans la même dynamique, le secrétaire général de la CNUCED, Mme Rebeca Grynspan invite à la restructuration de la datte avec une meilleure flexibilité.
Pour elle, le monde a besoin de plus de liquidité et d'instruments pour un meilleur ordre mondial.
Le Directeur général de l'OMC, Mme Ngozi Okonjo-Iweala, pour sa part, estime que le commerce peut être un élément de résilience dans la relance. C'est ainsi qu'elle pense qu'un accord de libre-échange africain aiderai à mieux traiter beaucoup de problèmes.