Afrique: Une éducation au changement climatique s'impose face aux tempêtes

17 Mai 2022

Nairobi — Les efforts de reconstruction à la suite des tempêtes tropicales et des cyclones qui ont frappé Madagascar, le Malawi et le Mozambique au début de cette année doivent tenir compte des risques et des impacts du changement climatique, indique un rapport.

L'Afrique du Sud-Est a été frappée par trois cyclones tropicaux et deux tempêtes tropicales en janvier et février de cette année.

Selon le rapport publié le 11 avril, Madagascar, le Malawi et le Mozambique ont été les plus durement touchés, avec plus d'un million de personnes touchées par des précipitations et des inondations extrêmes, et 230 décès.

Le rapport est le résultat d'une enquête menée par des scientifiques dans les pays africains touchés et d'autres pays comme l'Inde, les Pays-Bas et l'Afrique du Sud pour identifier les facteurs qui ont contribué aux tempêtes, leurs impacts et la manière de réagir aux événements futurs.

" Les impacts des inondations liées aux fortes précipitations ont été énormes ", affirme Sarah Kew, co-auteur du rapport et chercheure en matière de phénomènes climatiques et météorologiques extrêmes au Royal Netherlands Meteorological Institute (KNMI) aux Pays-Bas.

" L'étude montre qualitativement que l'intensité d'événements similaires de fortes précipitations est devenue plus importante en raison du changement climatique induit par l'homme ", dit-elle.Dans l'ensemble, cela signifie que le changement climatique et d'autres facteurs rendent les habitants des zones touchées extrêmement vulnérables à de tels événements de précipitations, mais on ne sait pas dans quelle proportion, ajoute-t-elle.

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Selon l'étude, la multiplication des événements pluvieux fait qu'il est plus difficile pour les communautés de se remettre d'une tempête et de se préparer à la suivante. Elle suggère que le risque de ces " crises aggravées " soit pris en compte lors de la reconstruction des infrastructures et de la conception des systèmes d'alerte précoce.

Philip Sjoukje, climatologue au KNMI, explique à SciDev.Net que les résultats généraux de cette étude s'appliqueraient également aux régions voisines qui connaissent des conditions météorologiques similaires et un régime météorologique similaire. Mais dans les régions qui ont des précipitations saisonnières différentes ou un climat différent, les résultats pourraient être différents.

L'étude s'est déroulée du 8 février au 11 avril. " Nous cherchons toujours à communiquer les résultats de l'étude le plus rapidement possible après l'événement, afin que le message parvienne aux médias et aux décideurs en temps utile ", déclare Phillip Sjoukje.

Sensibiliser les populations

Sarah Kew souligne que les gens en Afrique subsaharienne, y compris les journalistes qui peuvent transmettre le message au public, les politiciens et les décideurs, doivent se soucier du changement climatique induit par l'homme et la première étape consiste à sensibiliser les populations au changement climatique et à son incidence sur les phénomènes météorologiques extrêmes.

" Bien que toutes les catastrophes ne soient pas liées à des événements météorologiques extrêmes et que tous les événements météorologiques extrêmes ne soient pas liés au changement climatique, il est important de démêler l'influence du changement climatique et d'autres facteurs sur les événements extrêmes. De cette façon, il sera plus facile pour les décideurs d'agir et de décider, par exemple, des mesures d'adaptation appropriées ". explique Sarah Kew

" Il est important de savoir dans quelle mesure un événement est rendu plus probable en raison du changement climatique induit par l'homme, car ce n'est qu'en ce moment-là que les décideurs pourront déterminer ce qui est nécessaire pour prévenir davantage de dommages dans un climat qui se réchauffe ", ajoute la chercheure.

Richard Munang, coordonnateur régional du changement climatique pour l'Afrique au Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), affirme que la région de l'Afrique australe se réchauffe déjà deux fois plus vite que la moyenne mondiale.

" Cela implique que l'aggravation de ces effets du changement climatique se produira plus rapidement dans cette région que dans le reste du globe ", explique-t-il.

" C'est une étude très pertinente car elle nous donne les projections scientifiques. Mais ce qui est le plus important, c'est la façon dont nous réagissons à cette science ; comment la prise de décision et les investissements doivent changer compte tenu de cette science. Et cela doit se concentrer sur un seul mot : socio-économie ", analyse Richard Munang.A en croire ce dernier, les impacts du changement climatique touchent tous les secteurs de l'économie et chaque segment de la société a quelque chose à faire pour assurer une réponse optimale de l'Afrique au changement climatique.

" Nous devons donc nous pencher sur la question plus large de la connaissance du changement climatique en Afrique. La moyenne nationale des connaissances sur le changement climatique en Afrique est de 37 %, ce qui est bien inférieur à celle des pays occidentaux qui est supérieure à 80 % ", explique Richard Munang.

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