Dakar — Un projet dénommé "Doxantu", dont l'ambition est de faire tomber les murs des galeries et des musées pour un art plus présent dans l'espace public, va constituer la principale innovation de la 14e édition du Dak'art, la Biennale de l'art africain contemporain de Dakar (19 mai-21 juin).
Ce projet se veut "un plaidoyer pour un art plus présent dans l'espace public", a dit le directeur artistique de la biennale, El Hadji Malick Ndiaye, dans un entretien avec l'APS. "Ce projet fait tomber les murs des galeries et des musées. Il déplace l'atelier de l'artiste dans la rue. Il supprime le geste qui impose au citoyen de pousser une porte pour accéder au travail créateur", a-t-il expliqué. Il avait été imaginé comme une grande résidence artistique, à quelques jours de l'édition 2020, qui a été reportée à 2022 en raison de la pandémie de Covid-19, selon M. Ndiaye, historien de l'art de formation. Le projet "Doxantu" a été finalement maintenu et a démarré depuis plusieurs mois, a-t-il signalé. Avec "Doxantu", "une ode à Dakar, ville créative", il s'agit de mettre en exergue tout le potentiel de la corniche ouest dakaroise et aider à l'assainir.
"Doxantu, qui signifie promenade en langue wolof", est un projet par lequel les artistes sont invités "à produire des œuvres d'art monumentales sur l'axe qui va de la Direction générale des douanes à la porte de Mermoz", a expliqué El Hadj Malick Ndiaye, par ailleurs directeur du musée Théodore-Monod de l'Institut fondamentale d'Afrique noire. Plusieurs espaces de cet itinéraire seront circonscrits par une série d'œuvres, a-t-il dit. De même, il est prévu des espaces de repos, de dégustation et de rafraîchissement, a ajouté le directeur artistique du Dak'Art.
Des espaces paysagers seront également aménagés dans un but de socialisation, pour impliquer en même temps les fleuristes opérant le long du parcours, a-t-il précisé. Le Dak'Art, en retenant ce projet, cherche par ailleurs à dépasser les préjugés qui font passer l'art comme une activité élitiste, a poursuivi son directeur artistique. "Nous voulons, à travers 'Doxantu', tester de nouvelles méthodes de démonstration et multiplier les angles de lecture d'une œuvre. Il s'interroge sur le véritable sens de la création dans nos sociétés contemporaines dont le mode de visualité et de consommation culturelle doit être revu et critiqué", a ajouté M. Ndiaye.