Ile Maurice: Une semaine bien pleine

On peut postuler qu'il y a, ces jours-ci, une occasion en or pour le deuxième pouvoir, c.-à-d. le judiciaire, de réaffirmer l'indépendance de son point de vue, la primauté de l'État de droit et la pertinence même de son existence.

D'abord, rappelons le bien-fondé d'évoquer le deuxième pouvoir, dans ce pays, puisque chez nous, le législatif majoritaire n'a en pratique rien à dire ou à faire de différent de ce que décide l'exécutif. Dans la séparation des pouvoirs qui assure pourtant le socle de la démocratie, ils ne sont donc plus trois pouvoirs... mais seulement deux.

Ensuite, un judiciaire mou, voire aux ordres, comme dans beaucoup d'États moins développés que le nôtre, ne serait qu'un simple appendice institutionnel de plus qui aurait renoncé à sa fonction d'indépendance d'esprit, lui permettant d'agir, le cas échéant, contre les dérives du pouvoir, en étant l'ultime interprète des lois, dont la loi suprême qui est la Constitution. Un deuxième pouvoir fort, respecté et indépendant, comme en Inde ou en Angleterre, est, en revanche, une garantie dont tous les justiciables et le pays ne sauraient se passer, puisque Monsieur toutle- monde, ne peut d'ailleurs pas toujours aller au Conseil privé de la Reine.

Personne ne demande, évidemment, au judiciaire d'être contre l'avis gouvernemental pour démontrer son indépendance, mais il est clairement nécessaire, dans des moments cruciaux, de particulièrement bien soigner sa réputation de non-partisanerie et d'équité. Regardez comment la politisation de la Cour suprême des États-Unis, grâce aux manoeuvres conjointes de Donald Trump et de Mitch McConnell, va, presque 50 ans plus tard, faire reculer les lois sur l'avortement, même si la majorité de la population pense, là-bas, bien différemment (*).

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La question de départ est simple. Peu importe le statut de bandit ou pas de M. Uricek, la question est de savoir si un ordre d'un juge de la Cour suprême doit être respecté dans l'absolu. Le DPP a ordonné une enquête judiciaire comme il en a le pouvoir sous l'article 64. L'Attorney General, de son côté, a réclamé, in extremis, une révision judiciaire, comme il en a le pouvoir aussi et il l'a obtenue.

Rendez-vous donc en Cour suprême le mardi 17 mai. Suivons les débats de très près. Ce sera capital pour la suite.

Quand on porte le diminutif Bong Bong et qu'on est le fils de Ferdinand ET d'Imelda Marcos à la fois, quelles sont ses chances d'être élu président des Philippines, 36 ans après la fin du règne de son père ?

Mais très bonnes, voyons !

D'autant que la force d'appel du pouvoir public dynastique est établi depuis longtemps déjà auprès des peuples, partout sur la planète, de Bhutto à Perón, de Bush à Rahman, en passant par nos propres exemplaires locaux.

Après tout, la dictature militaire et ses tortionnaires, où des dizaines de milliers de citoyens furent arrêtes, emprisonnés, torturés ou tués, c'était son père, pas lui. Les 5 à 10 milliards de dollars volés par la famille durant leur règne entre 1965 et 1986, ce n'était pas lui non plus. L'assassinat du leader de l'opposition de l'époque, Benigno Acquino, il n'a rien à y faire. Les souliers d'Imelda, ce n'est pas lui qui les porte. La moitié de l'argent volé par ses parents qui n'a pas été récupérée, il n'en connaît rien, assurait-il lors de la récente campagne électorale.

D'ailleurs, comme joliment décrit dans sa biographie sur le site du Sénat des Philippines (il est en politique depuis 25 ans et sénateur depuis 2010), c'est pour ne pas être écrasé par le statut familial qu'il est envoyé à l'école des bénédictins de Worth en Angleterre (au coût minimum pour 2022-23 de 67 000 GBP par an), qu'il émerge, non pas avec une licence, mais avec un special diploma in social studies d'Oxford et qu'il ne termine pas un MBA à Wharton parce qu'il est élu, in absentia, vicegouverneur de la province d'Ilocos Norte en 1981, à l'âge de 23 ans ! Sacré parcours !

Son père, le dictateur, le trouvait mou et paresseux. Pour sa mère, Bong Bong est un ticket gagnant contre les procès qui restent ?

Lundi, aux élections présidentielles, après une campagne soutenue sur les réseaux sociaux pour réécrire l'histoire et rétablir le nom Marcos, Bong Bong gagnait 59 % des voix ! La vice-présidente sera la fille du controversé président sortant, Duterte, qui a gagné dans un vote tout aussi triomphal. Un Bong Bong timide, dans une déclaration faite par un de ses assistants, a demandé qu'il soit désormais jugé sur ses actions, et pas sur le nom de sa famille. Bien évidemment, Monsieur Marcos !

M. Jean-Michel Giraud, homme de principe, a été, cette semaine, amené à step aside du Mauritius Turf Club (MTC) après avoir pourtant été invité à y retourner, il y a à peine un an, pour la défendre, alors qu'il se sentait menacé. On ne sait pas qui est celui qui a pensé que stepping aside était plus élégant et moins douloureux que stepping down, mais il est clair que le résultat final est le même et que la raison économique a eu le meilleur sur les principes en jeu.

Le MTC va maintenant possiblement accepter toutes les conditions imposées par la Gambling Regulatory Authority et sa Horse Racing Division ? Le MTC semble plutôt prêt à être mangé à la petite cuillère, si l'on en croit la préférence exprimée par le PMO contre M. Ramnarain, pourvu que les chevaux se dégourdissent les jambes et que les parieurs dégourdissent leur portefeuille, et il le sera, dans ce pays où les principes semblent bien plus biodégradables que le plastic à usage unique, la loi du plus fort ou le fric roi.

Jeudi, on annonçait le tout premier cas de Covid. Vendredi matin, on annonçait le 1er mort. Vendredi soir, on évoquait 350 000 cas de "fièvre". Nous sommes en Corée du Nord, où on fait valser les chiffres et la vérité à sa guise. Le leader suprême, Kim Jong-Un qualifiant (en pensant à ses missiles ?) ce développement "d'explosif", ajoutait que cela démontrait de grandes insuffisances dans le système anti-épidémies. Gageons que quelques têtes de plus vont tomber ?

Dans le conflit qui oppose Terragen au CEB, on a l'impression d'assister à une véritable partie de 'poker menteur'. Terragen ne veut pas perdre de l'argent (Rs 700 millions ont été mentionnées pour la production jusqu'à décembre 2022) et invoque donc un cas de force majeure pour arrêter ses moteurs, les nouveaux prix du charbon étant plus chers que ce que rapporterait sa vente de kWh. Si le ministre Lesjongard a tenté d'évoquer les profits passés de la compagnie (Rs 1 500 millions en neuf ans), on a quand même dû lui expliquer depuis que cet argument ne tient pas la route ? En effet, les profits des dernières années ayant déjà été distribués aux actionnaires (dont la SIC et le SIT), ils ne sont tout simplement plus... disponibles. Il faudrait donc un appel de capital frais, ce qui serait plutôt incongru si le but était seulement d'éponger des pertes dans une activité par ailleurs compromise à l'avenir...

Le ministre tente depuis de démontrer que le CEB peut se passer des 17 % de la production nationale que représentait Terragen. Et il le réussit, pour le moment ! Même si c'est au prix de risques sérieux pris sur le renvoi des travaux d'entretien de certaines centrales et de marges de manoeuvre bien réduites entre production et consommation ; marges qui seront d'ailleurs rudement mises à l'épreuve quand reviendra l'été et ses demandes de pointe pour la climatisation.

C'est, cependant, sur la plateforme de l'énergie renouvelable que Terragen va perdre. Même si elle consomme un peu de bagasse 'renouvelable' en période de coupe, il est clair que le charbon va devoir céder face aux ambitions déclarées de 60 % d'énergie renouvelable avant 2030 et l'élimination totale du charbon jusque-là ! C'est Lesjongard qui détient les bonnes cartes à moyen terme, pourvu qu'il puisse surnager, sans couler, dans l'avenir immédiat.

Une centrale à gaz flottante a été évoquée. Vous y croyez, vous ? Nous n'avons pourtant pas eu beaucoup de chance avec ce qui est supposé flotter, ces temps derniers...

(*) https://www.nbcnewyork.com/news/strong-majorities-support-keeping-roe-vs-wade-legal-abortion-poll/3681964/

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