Tchad: Des manifestants emprisonnés au pays

Manifestation de l'opposition à Ndjamena, Tchad, le 29 juillet 2021. (Image d'illustration)

Des leaders de la manifestation de samedi sont en prison au Tchad. Ils protestaient contre une tentative du président de la junte, Mahamat IDriss Déby, d'obtenir un soutien de la France pour se maintenir au pouvoir.

Au Tchad, six des principaux leaders ayant pris part à la marche pacifique contre la présence militaire française au Tchad, samedi dernier (14 février), sont toujours détenus à la Maison d'arrêt de N'Djamena. De nombreux Tchadiens protestent contre le redéploiement des forces françaises car ils y voient une concession du président de la junte militaire, Mahamat Idriss Déby, afin de bénéficier du soutien de la France pour se maintenir au pouvoir.

Vague d'arrestations

Le dernier des leaders à avoir été arrêté ce mardi matin est l'avocat Max Loalngar, le principal porte-parole du mouvement d'opposition Wakit Tama.

Le silence pesant de la justice tchadienne après un massacre

Cinq autres ont été arrêtés avant lui, samedi dernier : le secrétaire général de l'Union des syndicats du Tchad, le leader des commerçants transporteurs, un autre avocat au barreau du Tchad, un ancien conseiller de l'actuel président de la transition et un ancien ambassadeur du Tchad en Egypte.

Ceux-ci sont poursuivis pour attroupement ayant causé un trouble à l'ordre public, atteinte aux biens et atteinte à l'intégrité corporelle. Ils seront jugés le 6 juin prochain.

Moussa Wade Djibrine, procureur de la République, a déclaré : "Manifester est un droit mais l'exercice de ce droit n'autorise pas les manifestants à commettre des actes de vandalisme qui sont des comportements réprimés par le code pénal tchadien. Les personnes appréhendées seront présentées devant le tribunal pour y être jugées conformément à la loi."

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Pourquoi certains opposants tchadiens soutiennent la junte ?

Contestation de la répression

Des accusations que rejette Michel Barka, le président de l'Union des syndicats du Tchad. Selon lui, ces leaders ne doivent pas être tenus pour responsables des actes de vandalisme qui ont été commis après la fin de la manifestation.

"Nous avons marché à partir de l'itinéraire indiqué pour arriver à la destination finale puis les gens se sont dispersés, affirme le syndicaliste. Mais est-ce que nous devons maintenir de l'ordre après la marche ? C'est encore notre travail ? Une fois la marche terminée, l'ordre public devrait être assuré par la police. Pourquoi doit-on mettre sur notre dos tout ce qu'il y a eu comme casse après ?"

Précision utile : pas de ressentiment anti-français

Il ne s'agit pas d'une manifestation contre les Français mais bien contre la politique de la France, explique le professeur Avocksouma Djona. Président du parti Les Démocrates, il est l'un des leaders de ce mouvement de contestation et déplore : "ceux qui sont en train de soutenir les gens qui sont au pouvoir depuis plus de 30 ans et qui veulent rééditer la même chose dans le futur, font croire qu'il n'y a qu'eux seuls qui peuvent gouverner ce pays et nous ne sommes pas d'accord."

Répression au Tchad : des ONG réclament justice

Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes, à l'exemple d'Abéché dans l'est du Tchad, où le consulat honoraire de France et la stèle des martyrs français ont été vandalisés par des manifestants.

A l'issue d'une assemblée générale extraordinaire tenue cet après-midi [17.05.22], l'Ordre des avocats du Tchad a décidé d'appeler tous les avocats à une grève sèche et illimitée jusqu'à la libération totale de tous les détenus arrêtés à la suite de la marche, samedi dernier.

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