L'objectif du rapport sur la performance stratégique du Fonds mondial est de fournir une vue d'ensemble des résultats des indicateurs clés de performance (ICP) à la fin de l'année 2021 et de mettre en évidence les domaines dans lesquels des efforts supplémentaires sont nécessaires pour atteindre les objectifs.

Le résumé analytique présente les principaux éléments du rapport. Il est suivi de deux annexes dont le premier couvre l'impact de la pandémie de COVID-19 et le second, très détaillé, porte sur les résultats des ICP par domaine (financement, conception du programme, mise en œuvre et résultats).

Les documents préparés pour la réunion du Conseil d'administration qui s'est tenue du 10 au 12 mai 2022 constitue la source des informations contenues dans le présent article.

L'impact de la COVID-19

Au cours des deux dernières années, la pandémie a entraîné des défis sans précédent pour les systèmes de santé de par le monde, en particulier dans les pays en développement.

L'impact sur les trois maladies a été considérable, avec une augmentation des taux de mortalité et d'incidence entre 2019 et 2020. Les domaines les plus touchés ont été les programmes de lutte contre le paludisme en Afrique, en raison des perturbations de la prestation de services de routine, ainsi que le diagnostic et le traitement de la tuberculose en Asie. Quant au VIH, les programmes de prévention et de dépistage auprès des populations clés (PC) ont également été fortement perturbés.

Les progrès ont été ralentis en ce qui concerne le taux de réduction de l'incidence combinée qui n'a été que de 14,1 % entre 2015 et 2020. Néanmoins, malgré ce contexte difficile, les données agrégées en 2022 montrent que 22,4 millions de vies ont été sauvées entre 2017 et 2020.

L'un des principaux points saillants du rapport est que l'impact de la pandémie semble s'atténuer dans certaines régions. Deux facteurs expliquent ce phénomène: l'adaptation des programmes et l'augmentation du financement de la COVID-19.

En effet, le Fonds mondial a alloué près de 4,2 milliards de dollars à 108 pays pour lutter contre la COVID-19 et réduire son impact sur les programmes du Fonds mondial. Plus de trois quarts de ces fonds ont été utilisés pour acheter des tests, des traitements et des fournitures médicales ainsi que des équipements de protection pour les professionnels de la santé. Le reste a été consacré à la réduction de l'impact sur les programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme ainsi qu'à l'amélioration des systèmes de santé et des systèmes communautaires.

Une solide performance financière et opérationnelle

Les résultats montrent une forte adéquation entre les besoins de chaque pays et les fonds qui y sont investis. 89% des programmes présentent une réduction des coûts par vie sauvée et/ou par infection/cas évité. 98 % des demandes de financement ont été jugées conformes aux plans stratégiques nationaux par le comité d'examen technique des propositions. Le taux d'utilisation des allocations a été de 96% (ICP 4), ce qui témoigne d'un haut niveau d'efficacité des investissements. Un autre fait intéressant à relever est que la COVID-19 ne semble pas avoir eu d'impact sur les promesses financières ou leurs conversions. Malgré la pandémie, les promesses de dons sont restées à 100% par rapport à l'objectif de la sixième reconstitution et le taux de conversion à 101%.

Une autre tendance positive est le fait que les engagements de cofinancement ont atteint 134 % des exigences minimales en matière de politique du Fond Mondial sur le Co financement. La continuité de l'approvisionnement pour les volumes importants et faibles de produits dans le cadre du mécanisme d'achat groupé (PPM) a surpassé les objectifs.

Éléments à risque: Réduction de l'incidence et obstacles aux droits humains

Le taux d'incidence (ICP 1b) est l'un des rares indicateurs clés qui n'est pas sur la bonne voie, ce qui, dans la convention de codage en couleur mise en place par le Fonds mondial, équivaut à la couleur rouge (vert signifie que l'indicateur est réalisé, orange signifie qu'il n'est que partiellement réalisé et à risque, et rouge signifie qu'il n'est pas sur la bonne voie).

En effet, selon les estimations, la baisse projetée du taux d'incidence (VIH/TB/paludisme) d'ici la fin 2022 se situe entre 10,2% et 20,8%, un chiffre actuellement inférieur à l'objectif de 28 à 47%.

Un autre domaine dans lequel l'objectif n'a pas été atteint est l'investissement en faveur des populations clés (ICP 5a). Comme Aidspan l'a signalé l'année dernière à la suite d'un rapport du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) intitulé, Faire face aux inégalités- la double peine du VIH et de la COVID 19, les populations clés ont été dans une large mesure laissées de côté en ce qui concerne l'accès aux services liés au VIH. Cette tendance est confirmée dans le rapport sur les performances stratégiques, où l'on peut voir que la proportion des fonds de subvention pour le VIH investis dans la prévention du VIH chez les populations clés ne se situe qu'entre 7,7 % et 9 %.

Même si l'on a enregistré une augmentation de 19 subventions ciblant les PC, cette hausse n'a pas été suffisante pour permettre d'atteindre l'objectif fixé pour la période de mise en œuvre 2021-2023. En outre, dans plusieurs pays, notamment en Afrique, le montant budgétisé pour la prévention auprès des PC au cours de la période 2021-2023 était inférieur à celui de 2019-2021 ou même de 2015-2017. Selon les régions, on a également constaté des variations au sein des communautés de PC ciblées. Par exemple, les programmes destinés aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ont bénéficié d'un fort soutien en Amérique latine et dans les Caraïbes, tandis qu'en Europe de l'Est et en Asie centrale, l'accent était davantage mis sur les utilisateurs de drogues injectables. En Afrique et dans les régions du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, la répartition des fonds a largement favorisé les professionnels du sexe.

Un domaine qui a mérité son classement de "feu orange" est celui de la réduction des obstacles aux droits humains. Ce domaine a souffert de la pandémie de COVID-19 en ce sens que les programmes ont été perturbés et que l'attention portée aux violations des droits de l'homme a été détournée. Même si une amélioration significative a été constatée dans la réduction de la stigmatisation et de la discrimination en Jamaïque, au Sénégal et en Ukraine, des efforts restent à faire dans la sensibilisation des législateurs et des acteurs chargés de veiller au respect de la loi.

Enfin, dans le domaine de la mise en place de systèmes résilients et pérennes pour la santé (SRPS), deux ICP ont également reçu un feu orange: 6c (gestion financière) et 6d (couverture des systèmes d'information sanitaire (SNIS), en raison des dommages collatéraux liés à la COVID-19. Pour l'indicateur 6c, le faible résultat est principalement dû aux perturbations et aux blocages liés à la pandémie qui ont affecté la disponibilité de l'assistance technique et d'autres activités de renforcement des capacités, ainsi qu'à la nécessité de prioriser le financement de la lutte contre la pandémie. En ce qui concerne l'indicateur clé de performance 6d, l'objectif était de faire en sorte qu'à la fin de l'année 2021, 63 % des pays à fort impact et des pays clés disposent d'un système d'information sur la santé pleinement opérationnel. Avec un résultat de 53 %, l'ICP est légèrement en dessous de l'objectif mais, compte tenu de la résilience observée, on peut encore espérer atteindre l'objectif final à la fin de 2022.

Commentaire

Il convient de noter que le présent rapport a été rédigé à des fins d'information uniquement et qu'il n'a pas fait l'objet de discussions lors de la réunion du CA. Toutefois, certaines parties prenantes ont déclaré que le rapport sur la performance stratégique et son annexe "regorgeaient de détails " et d'explications utiles, bien qu'elles aient trouvé le rapport quelque peu difficile à lire. Plusieurs personnes étaient impatientes de voir les plans pour le rapport de performance stratégique dans le prochain cycle de financement.

Le document du conseil d'administration GF/B47/16, Rapport fin 2021 sur la performance stratégique, devrait être disponible très prochainement sur https://www.theglobalfund.org/en/board/meetings/47/