Burkina Faso: Interdiction publicité des produits de la pharmacopée - Piqûre de rappel du régulateur

Malgré l'existence de textes encadrant la publicité, les efforts de sensibilisation et le communiqué de presse datant du 24 avril 2020, le Conseil supérieur de la communication (CSC) fait le constat que des médias continuent la diffusion ou la publication d'émissions faisant la publicité des produits de la pharmacopée traditionnelle.

Face à la persistance du ce phénomène, quoi de plus normal que de continuer la lutte à travers la sensibilisation. D'où l'initiative du régulateur, en collaboration avec le ministère de la Santé et de l'Hygiène publique, d'organiser le mardi 17 mai 2022 à Ouagadougou une journée d'échanges avec ses acteurs sur la publicité. L'Etat burkinabè, à travers la loi N°080-2015/ CNT portant réglementation de la publicité au Burkina Faso, dont les dispositions de l'article 31 interdisent toute publicité de produits pharmaceutiques ou de produits de la médecine traditionnelle auprès du grand public, sous réserve de l'obtention du visa par le ministère de la Santé, veille au grain.

Pourtant la pratique, perdure. En effet, dans le cadre de la régulation des contenus des messages publicitaires, le CSC a constaté que certains médias font la publicité des produits de la pharmacopée, cela en violation des textes. Le constat de ces manquements l'a conduit à poser un certain nombre d'actes visant à mettre fin aux pratiques infractionnelles. Ces mesures, dans un premier temps, ont produit des résultats appréciables, selon le vice-président du CSC, AbdoulAzize Bamogo. Cependant, cette situation est restée dans les contenus médiatiques.

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On l'observe en effet à travers les magazines, les reportages, les entretiens sur plateau. Et ce, en dépit des actions de sensibilisation et du communiqué de presse datant du 24 avril 2020. Pourtant, rien qu'en 2021, une dizaine de promoteurs de médias audiovisuels avaient même été auditionnés pour cette raison. Face à la persistance de tels manquements et à la méconnaissance des textes en vigueur par certains acteurs du domaine, il était de bon ton pour le CSC de poursuivre sa sensibilisation. D'où l'organisation du présent atelier d'information et de sensibilisation à l'attention des promoteurs des médias audiovisuels privés et des directeurs généraux des médias publics ainsi que des tradipraticiens.

"Il y a des radios et des télévisions qui font des émissions dans lesquelles il y a des publicités de produits de la pharmacopée. Alors que la loi l'interdit de façon formelle. C'est pourquoi nous avons voulu tenir cet atelier pour échanger avec les acteurs qui sont concernés. La loi interdit qu'on fasse la publicité de médicaments modernes ou traditionnels. C'est une question de santé publique", a indiqué le vice-président de l'institution, AbdoulAzize Bamogo.

Cette conduite, loin d'être une manœuvre trouvée par certaines personnes pour contourner l'interdiction paraît, à l'analyse, comme une confusion entre traiter des sujets liés à la pharmacopée et faire la publicité de ses produits. Certains acteurs, dans leur volonté de promouvoir notre médecine traditionnelle, peinent à le faire sans la verser dans la publicité des produits commercialisés de la pharmacopée. " Quand ils sont épinglés par le régulateur, ces acteurs marquent leur étonnement et estiment qu'on les empêche de promouvoir nos produits.

Certains vont jusqu'à dire que c'est une façon de lutter contre notre médecine traditionnelle au profit de celle moderne ", a confié AbdoulAzize Bamogo. Et de continuer en ces termes : "Ce qu'il faut comprendre, c'est que cette disposition interdit la promotion de tout médicament. L'objectif n'est pas d'aider X ou de lutter contre Y, mais plutôt de protéger le consommateur. Ce n'est pas une question commerciale, mais de santé publique, et c'est l'intérêt général qui est en jeu".

A l'issue de cet atelier, le CSC fonde l'espoir que chaque participant puisse prendre le relais auprès de son personnel et de ses membres pour leur expliquer, les informer et les sensibiliser au respect des dispositions légales relatives à la publicité. " Au niveau de notre pharmacopée traditionnelle, le produit, le tradi-praticien, et son centre de santé sont pratiquement indissociables. Parler de l'un requiert la présentation de l'autre. C'est vraiment difficile mais si l'objectif est décliné, tout devient simple", a conclu M. Bamogo.

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