Afrique: La reprise économique après la pandémie de la COVID-19 bouleversée par la guerre en Ukraine

Affiche Africa Day

Dans un contexte marqué par les pressions inflationnistes croissantes, l'ONU révise à la baisse les estimations de la croissance mondiale pour l'année 2022.

New York, le 18 mai 2022 - La guerre en Ukraine a bouleversé la fragile reprise économique postpandémie notamment en déclenchant une crise humanitaire dévastatrice en Europe, en augmentant les prix des denrées alimentaires et des matières premières et en exacerbant les pressions inflationnistes à l'échelle mondiale, selon les dernières prévisions des Nations Unies publiées aujourd'hui.

Selon Rapport sur la Situation et les Perspectives de l'Economie Mondiale (WESP) à la mi-2022, l'économie mondiale ne devrait connaitre qu'une croissance de 3,1 % en 2022, en baisse par rapport aux prévisions de croissance de 4,0 % publiées en janvier 2022. L'inflation mondiale passera à 6,7 % en 2022, soit le double de la moyenne de 2,9 % sur la période 2010-2020, avec de fortes hausses des prix des aliments et de l'énergie.

Les révisions à la baisse des perspectives de la croissance concernent tous les pays, y compris les plus grandes économies du monde — les États-Unis, la Chine et l'Union européenne — et la majorité des autres économies développées et en développement. Les perspectives de croissance s'affaiblissent, en particulier dans les économies en développement importatrices de produits de base, et ce, sous l'effet de la hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires.  Les perspectives se sont aggravées par le risque d'insécurité alimentaire, particulièrement en Afrique.

"La guerre en Ukraine - dans toutes ses dimensions – est en train de déclencher une crise qui dévaste également les marchés mondiaux de l'énergie, perturbe les systèmes financiers et exacerbe les vulnérabilités extrêmes du monde en développement", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, António Guterres.

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Et d'ajouter  "Nous avons besoin d'une action rapide et décisive pour assurer un flux constant d'aliments et d'énergie sur les marchés ouverts, en levant les restrictions à l'exportation, en allouant les excédents et les réserves à ceux qui en ont besoin et en s'attaquant aux augmentations des prix des denrées alimentaires pour calmer la volatilité des marchés". 

Perspectives pour l'Union européenne

La perte tragique de nombreuses vies humaines et la crise humanitaire qui se déroule ne sont pas les seuls tributs de la guerre  sur les économies de la Fédération de Russie et de l'Ukraine, et aussi sur les économies voisines d'Asie centrale et d'Europe, y compris l'Union européenne.

La forte augmentation des prix de l'énergie représente un choc négatif important sur les termes de l'échange pour l'Union européenne, qui en 2020 avait importé 57,5 % de sa consommation totale d'énergie. Les perspectives de croissance de l'économie de l'Union européenne ont été revues à la baisse, de ce fait, son PIB ne devant croître que de 2,7 % en 2022, au lieu des 3,9 % prévus plus tôt en janvier.

Comme les importations en provenance de la Fédération de Russie représentaient près de 25 % de la consommation d'énergie de l'Europe en 2020, un arrêt brusque des flux de pétrole et du gaz naturel en provenance de la Fédération de Russie augmenterait probablement davantage les prix de l'énergie et exacerberait les pressions inflationnistes. Les membres de l'UE d'Europe de l'Est et de la région de la Baltique sont d'ores et déjà gravement touchés et connaissent déjà des taux d'inflation bien supérieurs à la moyenne de l'UE.

Perspectives des pays en développement et des pays les moins développés

Une inflation élevée est en train de réduire le revenu réel des ménages, en particulier dans les pays en développement, où la pauvreté est plus répandue tandis que l'augmentation des salaires ainsi que le soutien budgétaire pour atténuer l'impact de la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires restent limités.

La flambée des prix des denrées alimentaires et de l'énergie cause des répercussions sur le reste de l'économie et pose un défi supplémentaire à une reprise inclusive car elle affecte de manière disproportionnée les ménages à faible revenu qui dépensent une part beaucoup plus importante de leurs revenus en panier de produits alimentaires.

Le resserrement monétaire aux États-Unis devrait également augmenter les coûts d'emprunt et aggraver les déficits de financement dans les pays en développement, y compris les pays les moins avancés. Des conditions financières extérieures plus serrées affecteront négativement les perspectives de croissance, en particulier pour les pays fortement exposés aux marchés mondiaux des capitaux et confrontés à un surendettement ou à des risques de défaut de paiement. "Les pays en développement devront se préparer à l'impact du resserrement monétaire agressif de la  FED (Réserve fédérale) et mettre en place des mesures macroprudentielles appropriées pour endiguer les sorties soudaines et stimuler les investissements productifs", a déclaré Hamid Rashid, chef du service de surveillance de l'économie mondiale à l'ONU, Département des affaires économiques et sociales (DESA) et auteur principal du rapport.

Les actions climatiques remises en question

La guerre en Ukraine se déroule à un moment où les émissions mondiales de CO2 atteignent un niveau record. En faisant grimper les prix de l'énergie, le conflit aura un impact significatif sur les efforts mondiaux pour faire face à l'urgence climatique.

Alors que les pays cherchent à accroître leurs approvisionnements énergétiques dans un contexte de prix élevés du pétrole et du gaz, la production de combustibles fossiles devrait augmenter à court terme. Les prix élevés du nickel et d'autres métaux pourraient nuire à la production de véhicules électriques, tandis que la hausse des prix des denrées alimentaires pourrait limiter l'utilisation des biocarburants.

"Cependant, les pays peuvent également répondre à leurs préoccupations en matière de sécurité énergétique et alimentaire - mises en évidence par la crise - en accélérant l'adoption des énergies renouvelables et en augmentant l'efficacité de façon à renforcer la lutte contre le changement climatique", a souligné Shantanu Mukherjee, directeur des politiques et analyses économiques au Département des affaires économiques et sociales de l'ONU.

Pour plus d'informations, visitez le lien suivant : https://www.bit.ly/wespmidyear

 

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