Maroc: Tristes temps pour les agriculteurs marocains

Décréter un plan d'urgence pour atténuer l'hémorragie

Sale temps pour l'agriculture marocaine.A en croire les députés réunis lundi dernier à la Chambre des représentants, la situation est dramatique et risque de s'aggraver davantage. Mêmes les chiffres officiels évoquent un état de crise aiguë : des taux de pluviométrie et de remplissage des barrages faibles, un PIB agricole en baisse, cumul de dettes pour les petits et moyens agriculteurs, hausse des prix des carburants, des pesticides et des aliments de bétail et la liste est longue.

En s'adressant au ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, lors de la séance des questions orales, les parlementaires ont été unanimes à considérer que l'agriculteur souffre en silence et attend des mesures d'exception pour sauver ce qui peut encore l'être.

Pour d'autres, le fellah marocain vit aujourd'hui dans une mauvaise posture à cause des effets de la sécheresse et la situation demeure inquiétante dans le monde rural. Mais de quoi souffrent ces agriculteurs ?

Dans leurs interventions, nombreux sont les parlementaires qui insistent sur la nécessité de la mise en œuvre du programme exceptionnel pour atténuer l'impact du déficit des pluies sur le secteur de l'agriculture et apporter de l'aide aux agriculteurs et aux éleveurs concernés. Selon eux, plusieurs agriculteurs ont été exclus de ce programme à cause de la non actualisation des listes des bénéficiaires.

%

Dans certaines régions, les autorités chargées de gérer ce programme se sont référées aux listes établies en 2019 et, du coup, nombreux sont les agriculteurs qui ont été écartés de ce programme. D'autres se sont retrouvés avec des quantités d'orge en deçà de l'importance du cheptel qu'ils possèdent.

Certains fellahs se sont insurgés contre la mauvaise qualité d'orge distribuée et la faiblesse de l'offre en la matière sans parler de l'éloignement de quelques points de distribution au niveau de certaines régions.

La question de rééchelonnement de la dette des agricultures notamment ceux petits et moyens a fait également débat. Pour certains représentants de la nation, ces agriculteurs attendent une révision de leurs dettes et exigent également l'octroi de nouveaux crédits avec des conditions plus abordables.

Une parlementaire a affirmé qu'à part l'initiative Royale, le gouvernement brille par son absence et les 3 milliards de DH dédiées auxdites mesures d'exception n'ont pas produit les effets escomptés. Elle a même exigé l'ouverture d'une enquête à ce sujet. Les hausses exorbitantes des prix des carburants, des aliments de bétail, des pesticides et autres ont été également soulevées.

Et certains députés n'ont pas hésité à considérer le soutien gouvernemental concernant ces hausses comme étant inexistant.Certains ont même critiqué l'absence de pro-activité de la part du gouvernement et son incapacité à anticiper les situations de crise. Pis, ils croient que l'annonce de la création d'une classe moyenne dans le secteur de l'agriculture n'est qu'une illusion parmi tant d'autres et que le Plan Maroc Vert a démontré ses limites.

Le ministre himself soutient que la situation est grave.Ace propos, il a révélé que depuis le début de l'année, la pluviométrie a baissé de 33% tout en précisant que ces pluies ont été marquées par un grand retard et la faiblesse de leur débit ainsi que par une mauvaise distribution dans le temps et dans l'espace.

Il a rappelé, dans ce sens, que 60% des pluies sont tombées aux mois de mars et d'avril. Le taux de remplissage des barrages a enregistré également un déficit important estimé à 2 milliards de m3 par rapport à l'année dernière.

Mohammed Sadiki a ajouté que la culture de blé atteindra 32 millions de quintaux, soit une baisse de 69% par rapport à l'année précédente et que le PIB interne agricole ne dépassera pas 14% cette année. Pour le ministre, cela est dû à la situation climatique du pays et au contexte de guerre en mer Noire. Il ne s'agit en aucun cas de la gestion politique ou de la gouvernance.

Pas question de répondre aux interrogations des députés sur le bilan du Plan Maroc Vert ou Génération verte 2020-2030. Pour lui, malgré cette situation inquiétante, tout va pour le mieux. A ce propos, il a expliqué que le déploiement du programme lancé le 18 février dernier a connu un avancement considérable.

Ainsi, pour ce qui est du volet relatif à la protection du patrimoine animal et végétal et la gestion de la rareté de l'eau, le ministre a fait état de l'acquisition de 4,6 millions de quintaux d'orge, dont deux millions de quintaux ont déjà été distribués à 453.000 bénéficiaires. Sur le même registre, le responsable gouvernemental a indiqué que le Maroc continue d'importer de l'orge, ce qui permettra de répondre à la demande des agriculteurs.

En outre, le ministère a procédé à l'acquisition de 1,8 million de quintaux de fourrages, dont 679.000 quintaux ont déjà été distribués à 55.000 bénéficiaires. Pour ce qui est de la sécurité sanitaire du cheptel, l'ONSSA a mené, depuis le démarrage de ce programme, des campagnes de vaccination et de traitement d'ovins, caprins et camelins contre les maladies.

Pour l'axe assurance agricole multirisque, la superficie assurée a atteint 500.000 hectares en avril dernier, relevant de 304 communes sinistrées sur les 1.000.418 hectares prévus.

Ces terrains ont été assurés grâce à un budget de 360 millions de dirhams. Selon le ministre, une deuxième tranche de 62.000 hectares relevant de 47 communes rurales sera bientôt couverte par l'assurance, grâce à un budget alloué de 49 millions de dirhams, une fois que les contrats seront signés.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.