Burkina Faso: Neutralisation d'une trentaine de terroristes à Bourzanga - Une petite éclaircie dans un ciel toujours assombri

Le détachement militaire de Bourzanga, dans la province du Bam, a été la cible samedi dernier, d'une attaque perpétrée par une bande de deux centaines d'hommes armés non identifiés selon la formule consacrée, qui ont utilisé des fusils d'assaut et des véhicules surmontés de mitrailleuses lourdes, pour semer la terreur et l'horreur dans le but de chasser les forces de défense et de sécurité du village et de punir la population pour sa résilience et sa résistance face aux attaques terroristes répétées.

Cette fois-ci encore, les mauvais garnements qui rêvaient d'investir et de contrôler Bourzanga, se sont heurtés à la bravoure de nos soldats manifestement sur le qui-vive malgré l'heure tôtive et la pluie battante, et ont tenté de battre en retraite dans un premier temps avant de revenir en nombre pour porter l'estocade.

Mal leur en a pris, puisque l'armée de l'air burkinabè est immédiatement entrée en action, appuyée par une patrouille de chasse de la force Barkhane, venue à la rescousse en décollant de Niamey, pour empêcher les assaillants de se fondre dans la nature.

Réponse musclée donc de nos Forces de défense et de sécurité (FDS) et de nos partenaires, à une attaque tout aussi musclée des terroristes au petit matin du 21 mai 2022, qui a entrainé la mort de cinq soldats et fait une dizaine de blessés, selon le communiqué officiel.

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Chez les terroristes, le bilan est particulièrement lourd, puisque dans leur retraite en catastrophe, ils ont été surpris par des avions indétectables dont les frappes étaient si puissantes que les explosions auraient été entendues jusque dans la province voisine du Soum.

Au finish, plusieurs dizaines de morts et de mourants sur le sol latéritique, dont les images tournent en boucle sur la toile et sur toutes les chaînes locales de télévision, sans oublier les impressionnants moyens logistiques que les assaillants ont abandonnés sur le terrain.

C'est un coup de pouce au président de la transition

Au surlendemain du revers subi par nos hommes à Madjoari et dans le contexte où la politique française au Burkina est mise sur la sellette, les Etats-majors des Armées des deux pays ont prestement et opportunément publié des communiqués triomphalistes qui mettent en exergue le rôle de chacun dans la déroute des assaillants de Bourzanga, comme pour dire à l'opinion publique burkinabè rétive, que la collaboration entre nos FDS et notre partenaire français est la clef de voûte de notre victoire sur le terrorisme.

Il y a peut-être du vrai dans ce message subliminal, mais pas sûr que cette petite éclaircie de Bourzanga dans ce ciel toujours assombri du Burkina, convainque ceux qui en doutent encore, que la France garde le cap et poursuive sa lutte sans merci et sans relâche contre les terroristes.

C'est peut-être aussi une façon de dire qu'à chaque fois que les dirigeants burkinabè, qui sont loin d'être des baudets commodes contrairement à ce que beaucoup pensent, demandent l'intervention des commandos d'élite de la force Sabre ou des Mirages 2000 de Barkhane, le résultat parle de lui-même.

En tout état de cause, c'est un coup de pouce au président de la transition, Paul Henri Sandaogo Damiba, qui cherche à faire passer, à doses homéopathiques, la controversée coopération militaire avec la France dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, l'opinion publique étant de plus en plus dubitative quant à son utilité et à son efficacité.

Le responsable d'une organisation de la société civile de Bobo-Dioulasso, a ouvertement émis ce doute vendredi dernier lors de la rencontre entre le président du Faso et les forces vives de la région des Hauts-Bassins ; ce qui lui a valu une volée de bois verts administrés par Paul Henri Sandaogo Damiba et par le gouverneur de la région, si l'on en croit les médias présents sur place.

Des internautes ont abondamment commenté la réaction du président qui avait visiblement besoin d'exprimer son agacement et sa colère suite à la question du leader d'Osc, relative à sa position par rapport à la relation entre la France et le Burkina. Cela en valait-il la peine ? Etait-il nécessaire de passer l'activiste sur le grill ?

La réponse est évidemment non, et si les extraits de la réaction du président, publiés sur la toile sont authentiques, on ne peut s'étonner de la colère qu'ils ont suscitée chez les internautes qui n'ont pas été tendres ni avec lui, ni avec le gouverneur de la région des Hauts-Bassins, qui aurait menacé d'expulser de la salle, " l'impertinent " participant.

Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit d'une sortie de route verbale qui affole et inquiète tous ceux qui craignent une déviation dictatoriale de la transition, qui peut être source de davantage de division, au moment où paradoxalement, on s'échine à recoller les morceaux de la fracture sociale afin de faire face efficacement au péril terroriste.

Les victimes de Yirgou et de l'insurrection populaire, eux aussi échaudés par l'opposition du président Damiba à leur dédommagement tout en les exhortant au pardon, se demandent, à juste titre, si la réconciliation nationale pourtant indispensable au retour de la paix dans notre pays, n'est pas en train d'être torpillée par ceux-là mêmes qui s'en font les chantres.

Gageons que ce n'est pas exactement ce qu'a voulu dire le président du Faso, et qu'il va soigner sa communication afin de ne pas jeter davantage le trouble dans l'esprit déjà tourmenté de ses compatriotes qui ne savent plus à quel... messie se vouer pour sortir de cette crise sécuritaire.

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