Burkina Faso: Auguste Denise Barry, expert en securite, à propos du terrorisme - " L'ennemi semble déterminé à occuper le territoire... "

Dans le cadre de la célébration de ses cinq années d'existence, l'Association Camillian disaster service Burkina Faso (CADIS/BF) a organisé une conférence publique le 21 mai 2022 à Ouagadougou. Le thème de la conférence est intitulé : " L'insécurité au Burkina Faso, comment conduire des réponses humanitaires adéquates aux populations touchées ? " et a été animée par l'expert en sécurité, le Colonel-major Auguste Denise Barry, ancien ministre en charge de la sécurité.

Le Burkina Faso, depuis 2015, est confronté à la menace terroriste. Cette menace terroriste a comme conséquences, des pertes en vies humaines et de déplacements massifs de populations avec à la clé une crise humanitaire à laquelle des réponses urgentes et adéquates doivent être apportées afin de soulager les souffrances des populations meurtries. C'est dans cette perspective que l'Association Camillian Disaster Service Burkina Faso (CADIS/BF) a voulu mener la réflexion à travers une conférence publique sur le thème : " L'insécurité au Burkina Faso, comment conduire des réponses humanitaires adéquates aux populations touchées ? ".

L'expert en sécurité, le colonel-major Auguste Denise Barry, ancien ministre en charge de la sécurité, a, durant plus de deux heures d'horloge, entretenu les participants, composés de membres de l'association et de nombreuses personnes issues de divers horizons. En abordant les causes du terrorisme au Burkina, le conférencier a pointé du doigt les insuffisances liées à l'anticipation des autorités sur le phénomène terroriste. En effet, il a fait observer que cette faiblesse dans l'anticipation, a été observée sous le régime de Blaise Compaoré. Cela s'est poursuivi sous la Transition où le pays a connu les premières attaques terroristes jusqu'au régime de Roch Kaboré. Pour lui, on a attendu que les attaques se généralisent alors qu'il aurait été facile de les cerner et de les circonscrire quand elles étaient locales.

%

Auguste Denise Barry s'est dit offusqué du fait que les politiques font la stratégie de l'ennemi en rabâchant dans leur discours que " la lutte contre le terrorisme est une lutte de longue haleine". Une expression qui, selon lui, devrait être ôtée des lèvres des responsables politiques en ce sens qu'elle induit un impact négatif sur la stratégie de prévention et de lutte contre le terrorisme. " L'ennemi étant toujours sur le qui-vive, les autorités doivent demeurer dans la veille afin de trouver des solutions adéquates à la lutte contre le terrorisme ", a laissé entendre le conférencier, avant de poursuivre en ces termes : " Dans les faits, l'ennemi semble plus déterminé à occuper le territoire que les Burkinabè à défendre leur territoire ". L'expert en sécurité a précisé que le ton de la mobilisation devrait être donné par l'Etat qui doit être un Etat capacitaire.

Quant aux actions humanitaires à déployer en situation d'insécurité, elles devraient s'intégrer dans une réponse systémique avec le respect, par les humanitaires, du respect strict des principes en la matière, à savoir l'impartialité, la neutralité, l'humanisme et l'indépendance. Le conférencier a noté que dans l'apport de la réponse humanitaire, il se pose toujours un dilemme. Comment agir sur le terrain pour soulager les souffrances des populations sans prendre un risque pour sa vie ? L'expert en sécurité a préconisé là un discernement dans la mesure où il n'y a jamais de risque zéro.

Le conférencier a exhorté les humanitaires à éviter à tout prix de se faire passer aux yeux des terroristes comme les " bras " de l'Etat et de son administration. Il a préconisé, si nécessaire, des pourparlers avec les humanistes, avec certains groupes armés dans le cadre de l'exercice de leur mission.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.