Congo-Kinshasa: Bataille de succession à Feu Polycarpe Mongulu - Sénat-Assemblée Nationale - Des appels à l'équilibre institutionnel et à l'apaisement se multiplient !

Ce qui est à faire est connu mais le processus pour l'atteindre devient, de plus en plus, compliqué. Visiblement, la classe politique et la population congolaise assistent à une crise institutionnelle à ciel ouvert entre, d'une part, le Sénat guidé par Modeste Bahati Lukwebo, et, d'autre part, l'Assemblée Nationale, conduite par Christophe Mboso N'kodia Pwanga.

Bien que complémentaires dans leurs missions régaliennes au Parlement, ces deux Chambres ne parviennent pas à converger leurs points de vue autour de l'organe habilité à désigner le successeur de Feu Polycarpe Mongulu T'apangane, Sénateur et Juge constitutionnel décédé en fonction, le vendredi 8 avril 2022. Une mésentente qui a abouti à l'annulation du Congrès, pourtant, convoqué sur demande du Président Félix Tshisekedi, le jeudi 19 mai 2022 et renvoyé à ce lundi 23 mai 2022, avant l'acte d'annulation était prononcé très tôt dans la matinée par les voix officielles de l'Assemblée Nationale, et sans donner des motifs valables avant la réaction du Président Mboso à son collègue du Sénat, le rappelant à l'ordre en évitant " ce genre de pratique non républicaine ".

Equilibrage institutionnel !

Selon une source proche du Sénat, la raison fondée de l'annulation du Congrès par l'Assemblée nationale est sa volonté manifeste à ne pas respecter l'équilibre institutionnel requis dans la composition de la Cour Constitutionnelle. Cette même source rappelle qu'alors que le Sénat avait déjà désigné son candidat, le Sénateur Louis Mbonga, pour remplacer le juge décédé Mongulu Tapangane, grande aura été la surprise à la Chambre haute d'apprendre que le Caucus de députés nationaux du Grand Equateur a proposé un autre candidat en la personne de Léon Mondole, semant ainsi la confusion sur ce même dossier.

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"Le bon sens voudrait que seul, le Sénat désigne le juge qui doit remplacer le juge décédé, dès lors que ce dernier était issu de la chambre haute. Ce qui justifie d'ailleurs la désignation, par le sénat, du sénateur Louis Mbonga Magalu qui, à l'instar du juge décédé, est un élu de la Mongala ", soutient la même source.

La procédure de désignation du successeur du juge décédé organisée par le sénat, au cours de sa plénière du vendredi 20 mai dernier, est donc justifiée et ne devrait pas donner lieu à une quelconque contestation. Car, il y va, affirme-t-elle, de la cohésion, de l'équité et de l'équilibre censés régner entre les deux Chambres du Parlement.

C'est d'ailleurs dans ce souci-là que le Président du Sénat, le Professeur Modeste Bahati, a pris soin d'informer le même jour son collègue Président de l'Assemblée Nationale sur le choix porté sur le Sénateur Louis Mbonga avec, en annexe, la Résolution prise à ce sujet par la plénière de la Chambre haute.

Messe noire dénoncée !

Cependant, au Sénat, des voix s'élèvent déjà pour dénoncer la messe noire tenue le week-end par quelques Députés nationaux dans un hôtel de la commune de Kasa-Vubu et interpeller, en même temps, ces mêmes Députés Nationaux, auteurs de cette supercherie, à veiller au respect des textes et de la Constitution.

A ces voix se joint celle du sénateur Mukolo wa Pombo, élu et digne fils du Grand Equateur.

Dans sa réaction écrite, l'ancien 1er Vice-président du Sénat durant le mandat du Bureau Kengo wa Dondo, rétablit la vérité en rappelant que lors de la dernière désignation de trois juges issus du Parlement, l'Assemblée nationale avait, en son temps, désigné deux juges notamment Mavungu et Bokona, tandis que le Sénat avait désigné le sénateur Mongulu T'apangane, aujourd'hui décédé.

Et le sénateur Mokolo wa Pombo dont la sagesse et l'intégrité ne font l'ombre d'aucun doute de trancher : " Il appartient au seul Sénat de pourvoir au remplacement du juge décédé afin de garder l'équilibre institutionnel ".

L'ancien 1er Vice-président du sénat qui continue à siéger à la Chambre haute rétablit une vérité historique à ce sujet en ces termes : " Pour des raisons de justice, d'équité et de complémentarité, l'Assemblée nationale ne peut revendiquer ce droit et cette prérogative de remplacement, par le sénat, de son candidat décédé ! Sinon, nous aurons tous les trois juges actuels exclusivement désignés pour la seule Assemblée Nationale pour le compte de notre Parlement bicaméral ! ".

Et d'ajouter encore : " Nos deux chambres ne sont pas de rivales mais les deux mamelles complémentaires et solidaires d'un même corps : le Pouvoir législatif ".

Fort de son aura, le Sénateur Mokolo wa Pombo conclut ce recadrage en prenant à témoin, le Président honoraire de l'Assemblée Nationale, Aubin Minaku.

Donc, la désignation du Sénateur Louis Mbonga comme juge à la Cour Constitutionnelle est réglementaire et ne prête à aucune confusion.

Ainsi, Christophe Mboso est-il appelé à en tenir compte, en dépit de sa réaction tardive d'hier contenue dans sa lettre adressée à Bahati qui, curieusement, risque créer une crise inutile.

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