Sénégal: Les meuniers se dressent contre l'Etat pour sauver leur secteur agonisant

Face à la presse hier, lundi 23 mai 2022, les acteurs de la filière meunière regroupés autour de l'Association des Meuniers du Sénégal (AMIS) ont exprimé leur désarroi vis-à-vis des difficultés continues d'approvisionnement auxquelles ils sont confrontés du fait de nombreux facteurs dont la flambée du prix du blé, du transport et les dettes publiques.

Pour ces travailleurs dont les revenus s'amoindrissent de façon graduelle, adopter un certain nombre de mesures est plus qu'urgente pour la survie de la filière de la farine. Et cela n'exclut pas une réduction périodique et collective de la production et de la commercialisation du pain, jusqu'à ce que des mesures fortes et adaptées soit prises par l'Etat.

C'est la période de disette pour l'ensemble des 7 industries meunières du pays, qui subissent de plein fouet les turbulences économiques occasionnées par la pandémie mondiale de Covid-19, et plus récemment le conflit chez le plus grand producteur de blé européen, l'Ukraine. Ces effets combinés ont accru la tarification de la céréale essentielle pour la production du pain, durcit le coup du transport et surtout, ralentit l'approvisionnement en farine du marché local au grand dam des producteurs.

Pour parer la situation, l'Etat sénégalais avait décidé d'homologuer le prix du sac de farine, le maintenant à 19.300 FCFA, " un prix dépassé " d'après le président de l'Association des meuniers du Sénégal. S'exprimant devant la presse, Claude Demba Diop a fait savoir qu' "à l'issue d'un dialogue avec le Conseil National du Patronat du Sénégal (CNP) et le ministère des Finances, un consensus avait été établi sur le fait que nous devons poursuivre nos activités jusqu'à l'entrée en vigueur des nouveaux prix homologués. Néanmoins, on ne peut plus continuer de vendre à perte. ".

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En effet, selon lui, " l'article 30 de la loi n° 94-63 du 22 aout 1994 sur les prix, la concurrence et le contentieux économique, leur interdit formellement de vendre à perte. Et le décret du 14 janvier 2021 impose un prix de vente à 16.600 FCFA par sac sachant que le prix du blé était de 270 euros par tonne ".De surcroit, il renseigne sur le fait que les meuniers sont en attente de paiement d'une dette qui s'élève à plus de 04 milliards, une somme revue à la hausse depuis l'éclatement de la guerre russo-ukrainienne, atteignant les 14 milliards de FCFA avec l'engagement que l'Etat avait pris de compenser dans la limite de 180.000 tonnes le coût supporté par les meuniers industriels à compter du 1er mars dernier. Et cette dette est en train de causer d'énormes dommages aux secteurs obligés d'augmenter les prix ou arrêter la production et la commercialisation.

Pis, Claude Demba Diop a indexé de manière virulente les autorités locales pour n'avoir pas accordé un grand intérêt, si l'on s'en tient à ses dires, à l'alerte faite par l'AMIS au ministère du Commerce. Ce qui explique que le prix de revient de la farine vendue au Sénégal est bien au-dessus du prix de vente imposé par le gouvernement.

Ainsi, pour résorber le mal des industries meunières fortement prises entre les cours mondiaux des céréales constamment en hausse et le blocage des prix de vente de produits finis, " l'AMIS plaide pour une vraie compréhension de l'ampleur des enjeux auprès de tous les partenaires économiques car ce passif risque de plomber à coup sûr le domaine de la farine", a dit son président qui ajoute qu' " une réduction périodique et collective de production permettant de freiner le niveau des pertes enregistrées quotidiennement sera en vigueur jusqu'à ce que s'effectue une prise en charge sérieux de la situation. Il y va du sauvetage de l'industrie meunière mais au-delà, de la filière toute entière ".

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