Burkina Faso: Prix de la baguette de 200 g - La guerre du pain est déclarée

Jusque-là c'était une bataille à fleuret moucheté. Mais depuis hier, la guerre est officiellement déclarée. En tout cas sur papier. A l'origine de ce casus belli, un communiqué de la faîtière des boulangers et pâtissiers informant le ministre du Développement, du Commerce et des Petites et moyennes entreprises de l'augmentation du prix du pain. Depuis hier à 22 heures, la baguette de 200 g devait ainsi passer de 150 à 200 francs.

Les boulangers dans le pétrin tirent argument de la hausse exponentielle du prix de la farine de blé, en raison notamment de la guerre en Ukraine, ainsi que d'autres produits comme l'huile, l'essence et la levure.

Pas question, rétorque le ministre de tutelle, selon qui les prix d'un certain nombre de produits et de services comme l'huile CITEC, les hydrocarbures, le transport ou encore le pain sont encadrés par une réglementation stricte en vertu de laquelle aucune branche d'activités ne peut décider unilatéralement d'une quelconque augmentation.

Seulement voilà, le Cadre de concertation tripartite (CCT), après moults tractations, n'a jusque-là pas trouvé un terrain d'entente qui satisfasse toutes les parties. Celle gouvernementale, en lieu et place de l'augmentation, propose le maintien actuel pour un produit qui allait subir une cure d'amaigrissement pour passer à 180 ou 175 g.

Du coup, la patate chaude, pour ne pas dire la miche brûlante, faute d'accord, a été refilée au Premier ministre, qui doit alors décider. On en était là quand le couperet des boulangers, qui ont peur, pour ainsi dire, d'être roulés dans la farine est tombé.

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Jusqu'où ira le bras de fer et quelle partie l'emportera ? L'Etat peut-il continuer d'empêcher ce secteur d'activités de procéder à des réajustements au regard de la conjoncture internationale, alors que toutes les étiquettes valsent ailleurs, même chez ceux qui n'ont pas toujours des raisons objectives de procéder à des augmentations mécaniques ?

Ce sont là autant de questions qu'on ne peut s'empêcher de poser. Une chose est sûre, la Transition fait face là à un sujet on ne peut plus délicat, et le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a intérêt à le manier avec beaucoup de tact et de doigté, s'il ne veut pas lui-même se retrouver dans le pétrin.

Certes, le painn'est pas un produit à proprement parler de première nécessité, mais de grande consommation quand même, dont dépendent de nombreux autres sous-secteurs, au-delà de la consommation domestique. Et quand on sait qu'il a provoqué des émeutes qui ont fait trembler bien des gouvernants à travers le monde, il convient de résoudre le problème le plus rapidement possible avec beaucoup de délicatesse, pour éviter que la crise actuelle dégénère totalement.

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