Cote d'Ivoire: La nouvelle politique de nutrition face au défi de la mortalité infantile

Diarra et Alassane, 2 ans, souffrant tous les deux de malnutrition
25 Mai 2022

Avec la création en 2001 du Programme national de nutrition (Pnn), la Côte d’Ivoire a fait de la nutrition une priorité nationale.

Le pays a affiché son engagement pour une bonne nutrition de sa population avec son adhésion au mouvement mondial Scaling Up Nutrition (Sun) en juin 2013 et en se dotant au mois de juillet 2014 d’un Conseil national pour la nutrition (Cnn) qui est devenu, en 2019, Conseil national pour la nutrition, l’alimentation et le développement de la petite enfance (Connape).

Ce qui traduit une volonté de garantir à l’ensemble de ses habitants un statut nutritionnel optimal en vue d’améliorer leur bien-être.

Cet engagement est réaffirmé dans le Plan national multisectoriel de nutrition (Pnmn) 2016-2020, partie intégrante du Plan national de développement (Pnd) élaboré par les autorités.

Il est, en effet, admis qu’une nutrition adéquate est un droit pour tous. Chez l’enfant particulièrement, c’est une condition essentielle pour son bien-être physique, mental et psychoaffectif. Et de l’avis des spécialistes, la malnutrition, sous toutes ses formes, nuit à la santé.

Le retard de croissance ou malnutrition chronique est la forme la plus répandue en Côte d’Ivoire chez les enfants de moins de 5 ans, selon le rapport de la politique nationale de nutrition publié en juin 2015.

Bien que le pays ne dispose pas de données récentes sur le fléau, la tendance est à la baisse. De 29.8% en 2012, le taux d’enfants malnutris est descendu à 21.6% en 2016.

La prévalence du retard de croissance est jugée encore sérieuse au niveau national par rapport au taux d’acceptabilité de 20% recommandé par l’OMS.

Les chiffres demeurent critiques dans les zones Nord (Nord-Est, Nord, Nord-Ouest) et dans l’Ouest du pays, malgré la tendance baissière dans presque toutes les régions du pays.

La prévalence nationale de la malnutrition aigüe stagne depuis plus de 15 ans aux alentours de 7%.

En 2012, le fléau a touché 7,5% des enfants de moins de 5 ans. Mais cette prévalence a été stabilisée en dessous du seuil d’alerte (10%) dans les régions d’urgence nutritionnelle du grand Nord. La situation reste fragile.

Aux racines de la malnutrition

Dans le pays, le régime alimentaire reste peu diversifié dans tous les groupes d’âges.

D’après le rapport de la politique nationale de nutrition, 20,5% de la population, en 2014, n’ont pas atteint le niveau minimal d’apport calorique.

L’apport calorique moyen par habitant a été de 2534 kcal/jour contre 2806 kcal/jour recommandé par l’OMS.

Le régime alimentaire est essentiellement basé sur les tubercules, les racines et les céréales qui contribuent à plus de 65% aux apports énergétiques alimentaires journaliers.

Et seulement 7% des enfants et des nourrissons bénéficiaient d’une alimentation de qualité minimale, à la fois sur le plan de la diversité et de la fréquence des repas.

Par ses effets négatifs sur le développement du capital humain et sur la productivité au travail, la malnutrition contribue à limiter le développement économique et social.

En Côte d’Ivoire, l’analyse des conséquences du fléau a mis en évidence une perte économique liée à la baisse de la productivité évaluée à près de 486 milliards FCFA en 2014.

Chaque année, le mal contribue à 33% à la mortalité infantile, soit 128.354 décès d’enfants de moins de 5 ans. La malnutrition impacte négativement le développement intellectuel et les capacités d’apprentissage.

Pour renverser la tendance, les autorités ivoiriennes ont décidé de mettre les bouchées doubles. Un programme de la cartographie nutritionnelle du pays a été lancé le 17 mai 2022, à Abidjan.

L’objectif visé est d’actualiser les données, accroître la couverture des interventions de nutrition et développer la petite enfance dans les zones à forte prévalence et intermédiaire de malnutrition sélectionnées sur le territoire national.

Ce programme est porté par le CONNAPE, structure directement supervisée par la Présidence de la République.

En sa qualité de leader désigné par l’Union africaine pour suivre la mise en œuvre de son agenda 2063, c’est d’ailleurs le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, qui a mené le plaidoyer en vue de l’inscription de la nutrition comme thème 2022 de l’organisation continentale.

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