Afrique: Démarrage des travaux de FITA 2022 - L'Afrique à l'épreuve des incertitudes

La 5e édition de Fita offre un cadre idéal pour mettre à plat les enjeux économiques auxquels fait face le continent africain. Lors de l'ouverture officielle, la Cheffe du gouvernement, Najla Bouden, a lancé un message rassurant pour affirmer que la Tunisie demeure une destination favorable à l'investissement et que les acteurs économiques ont toujours confiance en les compétences tunisiennes.

Les travaux de la 5e édition de la conférence internationale " Financing Investment and Trade In Africa " (Fita) ont démarré, hier à Tunis, en présence de décideurs et d'ambassadeurs africains mais également d'investisseurs et de bailleurs de fonds internationaux. Placé sous le haut patronage du Président de la République, le forum, qui traitera cette année des défis de la relance économique en Afrique, a été inauguré par la Cheffe du gouvernement Najla Bouden Romdhane.

S'adressant à un parterre d'hommes d'affaires venant des quatre coins de l'Afrique, la Cheffe du gouvernement a lancé un message rassurant pour affirmer que la Tunisie demeure une destination favorable à l'investissement et que les acteurs économiques ont toujours confiance en les compétences tunisiennes qui ont prouvé que la Tunisie joue un rôle pionnier en Afrique. Soulignant l'importance de la position géostratégique dont jouit le pays, la Cheffe du gouvernement a indiqué que la Tunisie continue à jouer un rôle crucial dans la coopération internationale et dans l'élaboration des projets et des programmes en Afrique, et ce, en partenariat avec les pays arabes, européens et asiatiques.

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Évoquant l'impact économique de la pandémie de Covid-19 et de la crise russo-ukrainienne, Bouden a souligné que l'augmentation exorbitante des prix des matières premières mais aussi des produits alimentaires et des hydrocarbures a mis à mal les économies africaines.

" Il est nécessaire d'apporter de nouvelles visions novatrices afin de relever les défis auxquels fait face le continent africain et pour relancer le développement social et économique, dynamiser la croissance, impulser l'investissement et booster les échanges commerciaux ", a-t-elle ajouté. Elle a précisé que pour affronter les divers enjeux économiques, notamment le déficit d'infrastructures, la sécurité hydrique, alimentaire, énergétique et environnementale, les pays africains sont appelés à renforcer l'éducation et l'enseignement supérieur et miser sur la recherche scientifique, l'économie numérique et les sociétés intelligentes. L'objectif est d'atteindre une croissance inclusive et durable qui permette de libérer le potentiel des jeunes et de renforcer leur rôle dans la société.

La Cheffe du gouvernement a, en outre, précisé que l'encouragement à l'entrepreneuriat et le développement de l'économie verte constituent des orientations stratégiques pour tout le continent.

Le faible poids du commerce intra-africain

Évoquant le rôle important que jouent les manifestations économiques, à l'instar de Fita, Bouden a affirmé que les préparatifs de la Ticad 8 mais également du Forum de l'investissement (qui se tiendra au mois de juin) et du sommet de la francophonie (qui aura lieu en août prochain) vont bon train et sont à un stade avancé. " Tous ce rendez-vous constituent une occasion pour les entreprises et pour les acteurs économiques de rencontrer les bailleurs de fonds internationaux et les fonds d'investissement et pour discuter des leviers d'investissement en Afrique et des mécanismes financiers nécessaires pour la relance de l'économie et du commerce africain ", a-t-elle précisé.

Par ailleurs, la Cheffe du gouvernement a affirmé que la Tunisie travaille à renforcer le partenariat Sud-Sud et la coopération avec les pays africains et ce, afin de répondre aux aspirations des populations africaines et d'atteindre les objectifs du développement durable adoptés par l'ONU. Mettant l'accent sur le faible poids du commerce intra-africain, Bouden a rappelé qu'au moment où l'Afrique représente 17% de la population mondiale, les échanges commerciaux dans le continent se situent à un niveau très faible ne dépassant pas 2% du commerce mondial. Selon la Cheffe du gouvernement, la zone de libre-échange Zlecaf, qui a permis de lever les barrières tarifaires (90% des droits de douane) et non tarifaires, jouera un rôle important dans la relance des économies africaines, la stimulation de leur croissance et l'impulsion de l'investissement.

Enrayer les inégalités

De son côté, Nizar Yaiche, commissaire général de Fita 2022, a présenté le cadre général de cette manifestation panafricaine. Défis de relance économique, de financement mais également de maîtrise de l'inflation et de la dette, etc. Selon l'ancien ministre des Finances, le contexte dans lequel évoluent les économies africaines est difficile. Il a fait savoir que la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine continuent de peser lourd sur le continent africain. " Certains pays africains ont vu leur taux d'endettement augmenter de 10 à 15% en l'espace de quelques années. Je mesure en tant qu'ancien ministre des Finances le poids de ces contraintes sur les budgets de l'Etat et aussi sur la marge de manœuvre des Etats à investir à moyen et long termes ", a-t-il indiqué.

Mais ces difficultés rencontrées par le continent ne sont pas, selon Yaiche, uniquement liées aux crises récentes. Depuis plusieurs années, les économies africaines pâtissent non seulement d'une tendance globale qui freine leur croissance mais aussi de fractures économiques qui n'ont cessé de s'accroître.

" Nous n'avons jamais eu autant d'inégalités dans le monde. Dans ce contexte-là, j'ai une conviction: les inégalités fragilisent l'économie mondiale. Le monde avec autant d'inégalités ne peut pas gagner et aucun pays ne peut gagner dans la durée dans un monde qui perd ", a-t-il asséné.

En effet, en raison d'une mondialisation à tout-va et d'un système financier pénalisant, les économies africaines perdent pied. Mais selon Yaiche, le contexte morose dans lequel est plongé le continent noir n'est pas une fatalité. Instaurer la bonne gouvernance et mettre en place des plans de relance efficaces est la responsabilité qui incombe aux Africains. " Je lance un appel depuis Tunis à la communauté internationale : il faut essayer d'outrepasser ce qu'on appelle la limite de la rationalité économique, la dépasser et valoriser les énormes bénéfices que cela peut avoir à moyen et à long terme sur l'investissement, sur le social, etc. ", a-t-il lancé.

S'agissant des solutions de financement, le commissaire général de Fita 2022, a estimé que le partenariat public-privé, les Publicly Assistance Projects, l'appui au secteur privé sont autant de pistes plausibles qui peuvent contribuer à faire redémarrer la machine économique. Pour s'attaquer aux inégalités croissantes, Yaiche appelle de ses vœux à l'instauration d'un système international de taxation à l'échelle mondiale qui impose les flux spéculatifs qui ne sont pas créateurs de richesse, et ce, afin de financer les objectifs communs de développement et de croissance.

La Libye compte diversifier son économie

Prenant la parole, Romdhane Ahmed Aboujneh, vice-président du gouvernement libyen, a fait savoir que la Libye, grâce à son importante position géographique ainsi qu' à ses richesses, compte réussir sa transition économique pour passer d'une économie de rente pétrolière vers une économie diversifiée basée sur plusieurs activités. Pour ce faire, le pays ouvre la porte aux investissements dans les secteurs des énergies renouvelables, de l'industrie cimentière, de l'agriculture, du tourisme et du commerce frontalier. Aboujeneh a, par ailleurs, souligné que le gouvernement libyen travaille à renforcer le partenariat avec la Tunisie et à mettre en place une feuille de route commune pour l'investissement et l'impulsion du commerce frontalier.

Il est à noter que plus de 3.500 participants et invités de plus de 45 pays sont présents à ce grand rendez-vous panafricain. Des panels et des tables rondes sur des thématiques d'actualité vont émailler deux jours de rencontres B2B.

Le forum fait la part belle à plusieurs thèmes comme les grands enjeux post Covid-19, la relance économique, le financement, etc. Plusieurs sujets et faits marquants seront, également, mis en avant dont notamment la triangulation avec la Tunisie comme plateforme pour l'Afrique, la présentation du programme de l'Union européenne Gateway et les préparatifs de la Ticad 8.

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