Maroc: Le doute ronge les étudiants rentrés d'Ukraine

En désespoir de cause, les parents s'en sont remis au chef du gouvernement

Rapatriés in extremis, les étudiants marocains qui ont fui la guerre en Ukraine font toujours face à l'incertitude. Pourront-ils reprendre leurs études ? Seront-ils transférés dans un pays étranger ou intégrés aux universités locales ? Jusqu'à aujourd'hui, leur avenir continue de se dessiner en pointillés.

Devant l'absence de toute solution pouvant mettre fin à leur calvaire et après avoir récemment organisé un sit-in devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation pour demander l'ouverture des canaux de dialogue, les parents de ces étudiants ont déposé, jeudi, une lettre auprès de la chefferie du gouvernement, dans laquelle ils appellent Aziz Akhannouch à se pencher sur leurs doléances, "surtout que le ministère de l'Enseignement supérieur n'a pas été en mesure de trouver des solutions objectives à nos problèmes", lit-on dans ladite lettre.

"Il s'est, en effet, contenté de mettre en place une première plateforme en ligne dédiée au recensement des étudiants rapatriés ainsi que leurs spécialités et niveaux d'études, avant d'annoncer, le 18 mai, la création d'une nouvelle plateforme, pour le moins confuse", ajoute la même source.

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Il s'agit, en effet, d'une plateforme pour le dépôt des pièces justificatives attestant le cursus de formation dans les universités ukrainiennes, mais le problème réside dans le fait que la majorité des étudiants, rapatriés en catastrophe, ont dû laisser leurs documents derrière eux et ne disposent d'aucune preuve de leur scolarité en Ukraine. Ni certificat, ni bulletin de notes. "Par exemple, mon fils étudiait dans une université à Vinnytsia et y a laissé ses documents. Il y a un autre problème, à savoir qu'il existe des intermédiaires en Ukraine qui demandent de l'argent aux étudiants pour obtenir leurs documents", explique Mohammed Akcha, président de l'Association Joussour pour les étudiants d'Ukraine.

C'est également le cas de Zouheir Benchabou, 24 ans, en 4ème année de médecine à Kharkiv. "Même si j'envisage de poursuivre mes études ailleurs, je ne le pourrais pas sans mon dossier", s'inquiète-t-il, tout en rappelant qu'il lui est impossible "de contacter l'université nationale de médecine de Kharkiv, une ville où on ne parle que de guerre, de morts et d'aide humanitaire".

Dans leur lettre adressée au chef du gouvernement, les parents d'étudiants rappellent qu'ils ont "demandé, à plusieurs reprises, au ministère de l'Enseignement supérieur d'impliquer les étudiants dans les discussions". Sans succès. "Surtout qu'ils éprouvent, tous, une fatigue psychologique intense que seuls ceux qui ont vécu de près les bombardements russes sur l'Ukraine et qui ont traversé des centaines de kilomètres pour fuir les affres de la guerre peuvent comprendre".

"Nous vous prions d'adresser vos consignes au ministre de l'Enseignement supérieur et aux personnes concernées par les affaires étudiantes, pour que votre gouvernement soit un partenaire officiel dans la résolution de cette cause", lit-on dans ladite lettre qui tient à rappeler que "plusieurs étudiants étaient sur le point de terminer leurs études, d'obtenir des diplômes supérieurs et de rentrer dans leur pays pour servir la mère patrie et contribuer à sa promotion au rang des pays avancés".

Rappelons enfin que près de 7000 étudiants marocains qui poursuivaient leur cursus en Ukraine et qui vivaient à Kiev, Kharkiv, Lviv, Odessa, Donetsk, Kherson ou Soumy se sont inscrits sur la plateforme en ligne mise en place par le ministère. 77% d'entre eux étudiaient la médecine, la pharmacie et la médecine dentaire, 18% suivaient des formations d'ingénieurs, tandis que les autres étudiants suivaient des formations en langues, en économie et gestion, en droit et en sciences vétérinaires.

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