Afrique: L'équipe de Tunisie dans la continuité - Sans grandes nouveautés

Avec des choix conservateurs, sans un vrai brin d'audace, Jalel Kadri a privilégié l'expérience et la maturité plutôt que d'oser courir le risque d'une révolution de velours pour changer le visage et le style de jeu de l'équipe.

Simple intérimaire pour les deux matches barrages contre le Mali et qui a pris le train en marche pour obtenir le billet pour la Coupe du monde Qatar 2022, Jalel Kadri n'avait pas à opérer de gros changements dans l'ossature de base de l'équipe de Tunisie, dans son identité et dans son style de jeu. La période était trop courte entre la Coupe d'Afrique au Cameroun et les 2 matches couperets pour une lourde mission qui était de ne pas rater coûte que coûte le passage au Mondial. Il lui fallait juste bien gérer l'effectif en place et bien coacher les deux matches contre les Maliens.

Mais après avoir été confirmé comme sélectionneur et avoir eu le feu vert de travailler dans la durée, on s'attendait à ce qu'il prenne, dès sa prise de fonction, les choses en main et annonce la couleur pour un nouveau projet de jeu avec des choix différents de ceux de son prédécesseur. Le mois de juin, avec deux matches de qualification pour la CAN 2023 et un voyage au Japon pour un petit tournoi de préparation pour la Coupe du monde, est donc le moment propice pour lui pour montrer qu'il ne va pas se contenter d'être fidèle à une ancienne ligne directrice qu'il n'a pas tracée lui-même, mais qu'il va imposer de nouvelles idées bien à lui et un projet de jeu nouveau, différent. La liste des joueurs retenus, communiquée dans la soirée de jeudi sans conférence de presse pour expliquer et justifier ses choix, indique qu'il reste dans le même habit et dans la même ligne directrice que ceux auxquels il a succédé avec plus de points communs que de différences.

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Pas de sang neuf et de carte jeunes

On sait maintenant, on est sûr comment Jalel Kadri va s'y prendre pour les échéances à venir et notamment la Coupe du monde 2022. On peut dire, voire affirmer que le sélectionneur nouvellement promu au grade de chef de staff ne va pas changer de système de jeu, imposer notre rythme et un style porté vers l'offensive, mais qu'il va toujours composer avec une base défensive très forte (défense et milieu de terrain), raisonner et agir en fonction de ce qui serait le mieux pour l'équipe pour mieux contrecarrer un adversaire toujours supposé plus fort que nous au lieu de jouer selon ses qualités techniques et forcer cet adversaire à s'adapter à sa stratégie et à son plan d'action. La preuve c'est qu'il n'y a pas eu injection de sang neuf dans cette liste et que Jalel Kadri n'a pas misé sur la carte jeunes.

Les seules exceptions sont les gardiens Sedki Debchi et Elyes Damergi et le défenseur Alaa Ghram, alors que des arrières qui sont en train de monter en puissance et qui se sont distingués dans le play-off, comme Saghraoui de l'USM et Nasraoui du CSS ont été laissés à l'étage inférieur, l'équipe nationale olympique. Issam Dagdoug méritait lui aussi d'être retenu, lui qui a été un élément de base dans le renouveau du CSS et qui est le modèle parfait du latéral capable de faire son boulot défensif et de se projeter constamment vers l'avant et de donner des solutions en phase de transition et d'attaque. Ainsi le duo du flanc gauche de la défense (Ali Mâaloul titulaire, Ali Abdi suppléant) sont maintenus à l'abri de toute concurrence et ce n'est pas bénéfique ce conservatisme, avec des jokers en moins à utiliser en cas de besoin.

Le rappel de Moatez Zemzemi au milieu de terrain et le nouveau venu en attaque Achouri, ça ne peut être que du saupoudrage pour donner l'impression qu'il y a du sang neuf dans l'équipe. Aucun de ces nouveaux arrivants n'a le statut de titulaire ni le profil de pouvoir révolutionner son compartiment. Jalel Kadri a montré qu'il n'est pas le genre de se risquer à lancer prématurément des jeunes qui promettent dans le bain, d'avoir de nouvelles idées et d'aller au bout de ses convictions.

Ce n'est pas aussi le genre d'entraîneur qui assume ses choix, comme en témoigne la raison invoquée par la non-convocation de Dylan Broon, démentie par le joueur en personne. Il est sûr que même si Wadi Jary a fait confiance au nouveau sélectionneur de l'équipe de Tunisie, c'est loin d'être une carte blanche pour longtemps. Ce sera du match par match, épreuve par épreuve. Ce qui est sûr aussi c'est que la révolution de velours au sein des Aigles de Carthage, la métamorphose de leur style de jeu, ne sont pas pour l'instant à l'ordre du jour.

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