Afrique: Le niveau de perturbations en 2021 n'a pas été aussi important qu'en 2020, mais la situation reste instable

analyse

Lors de la 47ème session du Conseil d'administration du Fonds mondial, le responsable de la gestion des risques a présenté son rapport pour l'année 2021. Organisée en trois parties, sa présentation a permis aux membres du Conseil d'administration d'avoir une bonne compréhension des perturbations causées par la COVID-19 dans la mise en œuvre des subventions (Nouveau mécanisme de financement 3 (NFM3) et le mécanisme de riposte à la COVID-19/C19RM), les mesures prises pour atténuer les risques, et les priorités pour l'année 2022.

Le présent article est tiré du rapport du responsable en chef de la gestion des risques, de sa présentation et des discussions tenues lors de la session sur les risques au cours de la réunion du Conseil d'administration à Genève et par vidéoconférence le 12 mai 2022.

Des risques qui restent élevés en 2021, bien que plus faibles qu'en 2020

Le responsable de la gestion des risques a reconnu que le niveau de perturbations et de risque était moins élevé en 2021 qu'en 2020, année ayant souffert les perturbation les plus notables, dues notamment à la fermeture des frontières et aux grandes flambées de COVID-19 dans le monde.

Malgré les efforts déployés pour intensifier la lutte contre la COVID-19, contenir la pandémie et mettre à l'échelle les vaccins et les traitements, de nouveaux variants ont continué à émerger, entraînant de nouvelles vagues. Même si les perturbations n'ont pas été aussi importantes qu'en 2020, la situation reste précaire.

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Selon le responsable de la gestion des risques, cette situation a entraîné des incertitudes persistantes sur le plan économique, ainsi que des retards dans la chaîne d'approvisionnement au niveau mondial et des augmentations des coûts de fret. Il cite plusieurs sujets de préoccupations qui ont affecté l'environnement de travail du Fonds mondial:

Certains pays subissent encore l'impact du confinement et des restrictions de déplacement, qui limitent l'accès aux services de santé.

De nombreuses personnes restent dans l'incertitude au plan économique, les plus touchées étant inévitablement les plus vulnérables.

Le déploiement de la vaccination dans les pays en développement reste problématique, une situation qui sape les efforts nationaux et internationaux de lutte contre la pandémie.

Les chaînes d'approvisionnement mondiales ont été perturbées, entraînant un ralentissement de la distribution des produits de santé et des médicaments, et les coûts de transport ont considérablement augmenté.

Les troubles civils et sociaux ont également provoqué des perturbations importantes dans plusieurs pays, affectant les programmes subventionnés par le Fonds mondial.

Tous ces facteurs contribuent à accroître les niveaux de risque, comme le montre le tableau 1 ci-dessous.

Tableau 1. Résumé des risques liées aux subventions

Source: Document du Conseil d'administration du Fonds mondial

En ce qui concerne les subventions de routine mises en œuvre dans le cadre du NFM3, le Responsable en chef de la gestion des risques a noté que le rythme de mise en œuvre des programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme a connu un ralentissement pendant la pandémie. Le renforcement des systèmes, le renforcement des capacités et les innovations visant à étendre les services auprès des groupes de population difficiles à atteindre ont connu des retards ou ont perdu leur caractère prioritaire. Toutefois, les acteurs dans les pays ont fait preuve de résilience, avec des signes encourageants d'un début de reconquête du terrain perdu et d'une amélioration progressive des résultats programmatiques. La pandémie a davantage exposé les limites et la vulnérabilité des systèmes de santé dans leur axz de prestation de soins de santé, notamment les ressources humaines pour la santé, la prestation de soins de santé communautaires, la capacité des laboratoires et les systèmes de chaîne d'approvisionnement dans les pays. Comme on pouvait s'y attendre, les pays dotés de systèmes de santé plus solides ont mieux résisté et les pays dont les systèmes sont plus faibles ont été plus durement touchés.

En ce qui concerne les fonds alloués à la lutte contre la COVID-19, le rapport a indiqué que des progrès satisfaisants ont été réalisés en ce qui concerne les subventions C19RM et la passation initiale des commandes. Au cours de l'année 2021, 3,2 milliards de dollars ont été accordés à plus de 100 pays, et des progrès satisfaisants ont également été enregistrés en ce qui concerne la passation initiale des commandes suite aux allocations de 2021, bien que la situation varie d'un pays à l'autre, avec 620 millions de dollars de commandes passées par le biais du mécanisme d'achat groupé (PPM) au 2 mai.

Le responsable de la gestion des risques a également identifié de sérieux goulots d'étranglement qui ont eu un impact négatif sur la mise en œuvre des subventions du mécanisme C19RM, en particulier :

Les perturbations des chaînes d'approvisionnement au niveau mondial et la capacité limitée des chaînes d'approvisionnement au niveau national, qui ont eu un impact négatif sur la fourniture et la livraison d'équipements de protection individuelle (EPI) et de diagnostics indispensables pour atténuer l'impact de la COVID-19 sur les trois maladies.

La capacité des responsables de mise en œuvre est également mise à rude épreuve dans la mesure où ils tentent de jongler avec des priorités concurrentes en matière d'approvisionnement et de prestation de services dans le cadre des programmes VIH, TB et paludisme et du mécanisme de lutte contre la Covid 19 C19RM.

La nature changeante et imprévisible de la pandémie a un impact sur la demande et rend difficile la stabilisation de la riposte au niveau mondial et national.

Principales mesures prises pour atténuer les risques

Au niveau programmatique, même si le Fonds mondial a reconnu que la mise en œuvre reste perturbée, certaines mesures ont néanmoins été prises pour adapter les programmes et accélérer leur mise en œuvre. En particulier:

Le déploiement et la mise à l'échelle accélérés de la dispensation plurimensuelle dans plusieurs pays.

L'adaptation programmatique afin de maintenir les campagnes de distribution de masse de moustiquaires imprégnées d'insecticide à longue durée d'action (MILDA) et la chimioprophylaxie saisonnière contre le paludisme sur la bonne voie.

De nouvelles stratégies telles que le dépistage bidirectionnel et les tests de la COVID-19 et de la tuberculose.

Certaines mesures ont également été introduites en vue de relever les défis relatifs à la chaîne d'approvisionnement au niveau mondial et national:

Des commandes anticipées.

L'introduction de nouveaux produits sur la plateforme d'achats groupés.

La mise à disposition de fonds pour l'assistance technique afin d'aider les pays à introduire de nouveaux produits.

Enfin, les ajustements de l'appétence au risque convenus par le Conseil d'administration en novembre 2021 ont été décisifs pour déterminer les arbitrages à effectuer en vue d'assurer la continuité des interventions essentielles du programme. Il sera nécessaire de poursuivre les arbitrages au cours des prochains mois, notamment pour déterminer quels risques prendre et à quel endroit et comment les responsables de mise en œuvre et le Secrétariat investissent les ressources pour assurer la continuité des programmes et la mise en œuvre de la prochaine stratégie.

Les priorités en matière de gestion des risques pour 2022 sont fondées sur les progrès réalisés en 2021

Le responsable de la gestion des risques a mentionné quatre grandes priorités pour 2022, en s'appuyant sur les progrès réalisés en 2021.

1. S'appuyer sur l'appétence au risque pour effectuer de nouveaux ajustements aux programmes

De nouvelles demandes d'ajustement des programmes et de reprogrammation sont attendues en 2022. Des décisions d'arbitrage devront inévitablement être prises en tenant compte de l'appétence au risque. Elles seront supervisées par le Comité en charge de la performance des portefeuilles et le Comité d'investissement (CI).

2. Renforcer l'assurance, le suivi et la surveillance

Les premières séries de contrôles "Pulse and Spot" ont permis d'obtenir des données de référence et des informations préliminaires. L'accent est désormais mis sur la stabilisation, l'amélioration de la qualité et la recherche de gains d'efficacité. Les équipes pays analysent activement les données pour identifier les problèmes de mise en œuvre et la recherche rapide de solutions est considérée comme une priorité.

3. Construire une deuxième ligne de défense

Le Secrétariat a élargi ses capacités techniques et, compte tenu de l'augmentation des risques et de la complexité technique, il doit faire appel à cette expertise pour une meilleure gestion des risques grâce à un suivi, une supervision et un soutien plus solides. Un modèle opérationnel a été convenu et doit à présent être mis en œuvre.

4. Optimiser et reprioriser les outils et processus de gestion des risques

L'outil de gestion intégrée des risques (IRM) est en cours de restructuration dans le système d'exploitation des subventions. Les processus de risque essentiels doivent également être redéfinis, notamment les revues des portefeuilles pays, les revues des processus opérationnels clés et les revues approfondies du comité chargé de la gestion tout en tenant compte des priorités concurrentes de l'organisation et de la bande passante.

Conclusion et recommandations

Malgré les défis, l'année 2021 doit être considérée comme un succès pour trois raisons:

Les programmes se sont adaptés.

Les subventions du mécanisme C19RM ont été allouées à un rythme record.

Des progrès significatifs ont été enregistrés dans le renforcement du suivi et de la supervision

Les risques commencent à se matérialiser, ce qui n'est pas une surprise. Par conséquent, l'année 2022 comportera des défis en raison des perturbations de la chaîne d'approvisionnement mondiale qui se poursuivront, de l'incertitude et de l'instabilité prolongées sur le plan économique, de la guerre en Ukraine, de la persistance des pressions supplémentaires sur les responsables de mise en œuvre et les systèmes de santé, et de l'émergence de nouveaux risques, notamment la protection contre l'exploitation, les abus et le harcèlement sexuels (PSEAH).

Le rapport a formulé quatre observations/recommandations principales:

La trajectoire des risques reste incertaine et les capacités sont limitées.

Il sera essentiel de veiller à tenir les comités et le conseil d'administration informés et à leur faire part des décisions concernant les arbitrages.

Les disparités entre les pays se sont accrues et même si les niveaux de risque devraient diminuer de manière globale, ce ne sera pas le cas partout.

Le "modèle de couverture" concernant la méthode de travail du Fonds mondial avec les pays de mise en œuvre et le soutien aux équipes pays doit refléter les problèmes susmentionnés et être aligné sur le niveau de risque.

(Il convient de noter que nous n'avons trouvé aucune explication sur la nature de ce "modèle de couverture", nous supposons donc qu'il s'agit du cadre de différenciation qui, selon le site Web du Fonds mondial, est "ancré dans plusieurs facteurs tels que les besoins du processus, l'impact, la taille du financement, l'environnement de risque externe et le potentiel de synergies régionales". Le projet travaille actuellement à la définition du modèle de couverture des catégories différenciées. Les flexibilités et l'adaptabilité seront maintenues au sein de chaque catégorie, et la possibilité d'adapter les processus et les exigences pour chaque pays tiendra compte des critères quantitatifs et qualitatifs standard, du risque et des circonstances contextuelles").

Réactions et commentaires des parties prenantes

Certains membres du Conseil d'administration ont fait remarquer que la question de l'équilibre entre les risques et les opportunités, par exemple dans le cas de l'achat de produits locaux, est cruciale. Il est important d'équilibrer les différents risques (et la prise de risque) entre eux et avec la réalisation globale des objectifs du Fonds mondial (par exemple, la pérennité par rapport aux résultats liés aux maladies) pour s'assurer que les bonnes décisions sont prises pour le bien-être des bénéficiaires des programmes.

Les délégations dans l'ensemble ont soutenu les ajustements temporaires des risques, mais certaines ont rappelé à la réunion que l'acceptation d'un risque accru doit s'accompagner d'une responsabilité claire. Certains délégués ont encouragé le Secrétariat à fournir au Conseil d'administration des analyses décrivant en détail l'impact de cette appétence accrue au risque sur les missions dans les pays et l'engagement au niveau national.

Certains délégués ont également souligné la nécessité d'une réponse proactive aux questions de genre et de droits de l'homme avec la création de l'unité PSEAH. Ils ont déclaré que les efforts devraient être rationalisés et bien coordonnés afin de traiter les problèmes structurels auxquels sont confrontées les adolescentes et les jeunes femmes, y compris les jeunes populations clés (PC).

Enfin, certains membres ont rappelé la nécessité de continuer à investir dans le renforcement des capacités et de la résilience des responsables de mise en œuvre du Fonds mondial, afin de s'assurer qu'ils sont en mesure d'ajuster les programmes de manière rapide et flexible, notamment en ce qui concerne la manière dont ils impliquent les communautés et les organisations communautaires.

Ceci est particulièrement important pour les pays où les épidémies sont concentrées: un soutien conséquent est nécessaire pour ramener les programmes de prévention au niveau d'avant la pandémie. Bien que le Secrétariat soit invité à faire preuve d'une flexibilité continue concernant les demandes d'ajustement des programmes et de reprogrammation, ces demandes nécessiteront des décisions d'arbitrages fondées sur des données documentées, en s'appuyant sur l'appétence au risque.

Le document du conseil d'administration GF/B47/20 devrait être disponible très prochainement sur le site https://www.theglobalfund.org/en/board/meetings/47/

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