Congo-Kinshasa: Ituri - Le Front patriotique et intégrationniste du pays accepte de déposer les armes

communiqué de presse

Le Front patriotique et intégrationniste du Congo (FPIC), groupe armé actif depuis 2019 dans le territoire d'Irumu, dans la province de l'Ituri, a décidé de déposer les armes.

La nouvelle a pris beaucoup de gens par surprise à Bunia en ce lundi après-midi ; cependant pas la MONUSCO ni les autorités congolaises qui, depuis de nombreux mois, travaillaient d'arrache-pied avec la communauté pour la fin des hostilités dans cette région.

Cette décision est toutefois assortie de conditions qui laissent planer un doute sur les chances de ce cessez-le-feu décrété unilatéralement par ce groupe armé. Il exige notamment " la libération des ressortissants de cette communauté arrêtés injustement à cause de l'activisme de ce groupe armé ainsi qu'une amnistie pour tous les miliciens ".

Le FPIC est soupçonné d'être soutenu par la communauté Bira qu'elle affirme " défendre ". Après un peu plus de trois ans d'activisme et d'exactions envers les populations civiles, ainsi que d'affrontements avec les forces de l'ordre, il a déclaré ce lundi la cessation officielle des hostilités sur toute l'étendue de la province de l'Ituri.

" Conscient de la nécessité d'offrir une opportunité au développement tant au niveau local que national, nous venons en ces jours exprimer notre engagement ferme de cesser les hostilités afin de donner une chance au dialogue et à la paix, gage du développement ", a déclaré Jean Berchomans Kabulabo Nyamabo, porte-parole dudit groupe armé.

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C'était au cours d'une cérémonie de remise de leur acte d'engagement au gouverneur de province, le général Johny Luboya Nkashama, en présence de la MONUSCO et d'autres invités.

" Pour nous, c'était le bon moment de le faire. D'abord à cause des souffrances de nos parents, de nos mamans et de notre communauté. Ensuite, en voyant la main tendue par le chef de l'Etat qui a initié des consultations pour le retour à la paix, nous avons décidé de saisir cette opportunité pour adhérer à ce processus de paix. Le moment était donc idéal pour nous de déposer les armes, ce qui n'était pas le cas avant ", a-t-il affirmé.

Il s'est dit confiant quant au fait que le gouvernement répondra favorablement à leurs demandes, " notamment la libération des prisonniers Bira arrêtés injustement à cause du FPIC et de l'amnistie ". Et d'ajouter : " Cependant en cas de provocation de la part des FARDC ou d'autres milices, nous répondrons ".

" Sans la MONUSCO, nous n'en serions pas là aujourd'hui "

Cette décision est saluée par le gouvernement provincial et la société civile - Forces vives de l'Ituri - laquelle insiste toutefois sur la reddition de ces miliciens, et aussi par la population ainsi que par la MONUSCO.

La Mission onnusienne n'a jamais ménagé ses efforts aux côtés des autorités et de la communauté bira pour un retour à la paix dans cette province où l'on compte une douzaine de groupe armés, dont le FPIC.

En appui au gouvernement provincial, les deux partenaires ont ainsi par exemple organisé du 11 au 14 avril 2022, à Nyakunde, à 45 km de Bunia, dans le territoire d'Irumu, un dialogue communautaire qui avait réuni autour d'une même table des leaders de la communauté Bira venus des cinq chefferies de Basili, Mobala, Babelebe, Baboa-Bokoe et Andisoma.

Les participants avaient alors échangé autour de la sécurité dans leurs entités, la mobilisation communautaire à travers la culture traditionnelle Bira, l'éducation, la spiritualité, la politique, l'administration locale, le pouvoir coutumier, l'économie et les besoins sociaux de base.

Pour la MONUSCO et son partenaire gouvernemental, l'objectif était aussi de solliciter que la communauté puisse sensibiliser certains de ses membres qui avaient pris les armes à les déposer et à rejoindre le programme de DDR-CS.

Au cours de cette rencontre, un acte d'engagement unilatéral de cessation des hostilités avait été signé par les leaders de cette communauté. La déclaration du FPIC de ce lundi 30 mai est donc la suite logique de ces efforts conjoints MONUSCO-Gouvernement pour le retour à la paix en Ituri. Des efforts salués par le FPIC : " Sans la MONUSCO, je dois dire que nous nr serions pas là aujourd'hui en train de remettre cet acte d'engagement.

La MONUSCO inspire confiance, on négocie mieux et facilement lorsqu'elle est là. D'ailleurs, la deuxième phase des consultations de Nairobi pour l'Ituri s'est tenue au sein de la MONUSCO à Bunia. Nous remercions la MONUSCO qui nous sert d'intermédiaire fiable entre le gouvernement et nous ", indique une fois de plus Jean Berchomans Kabulabo Nyamabo, le porte-parole du FPIC.

Fruit de longs efforts qui restent à consolider...

A la MONUSCO, on salue cette décision courageuse du FPIC et on rappelle qu'elle est le couronnement d'un travail de longue haleine pour la pacification de cette province. Debon Mwisa, de la section des Affaires civiles de la MONUSCO à Bunia, explique le long processus ayant conduit à cette déclaration sur la cessation des hostilités par ce groupe armé.

" C'est avec un sentiment de joie que nous célébrons, avec nos partenaires gouvernement et communauté Bira, la remise officielle de cet acte d'engagement. Vous savez très bien que les groupes armés qui opèrent dans la région prétendent défendre les intérêts de leurs communautés. Bien sûr qu'on aurait pu n'utiliser que la force armée, mais nous avons jugé utile que les communautés, avec ces groupes armés, puissent mouiller leurs maillots et réfléchir ensemble pour sortir de cette insécurité ", a-t-il expliqué.

" Une page est tournée, nous les appuyons dans ce sens pour qu'une paix durable puisse enfin régner dans la zone. Je crois que c'est la même approche qui devrait être essayée dans les autres entités pour nous rassurer qu'une fois toutes les communautés arrivent à dresser leurs feuilles de route, on aille vers une grande conférence qui réunirait toutes les communautés et au cours de laquelle on identifierait les projets intégrateurs qui pourraient mettre les jeunes des différentes communautés ensemble afin qu'ils contribuent tous au développement de la province ", a-t-il conclu.

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