Namibie: Retour d'œuvres spoliées pendant la colonisation

Des vis, des clous, des chariots, des palettes, des couvertures, des caisses en bois construites sur mesure... L'une des salles d'exposition du Musée est en plein déménagement dans des conditions ultra sécurisées.

L'Allemagne a remis à la Namibie une vingtaine d'objets anciens dérobés pendant la colonisation. Les objets ont été choisis sur la base de critères bien précis.

Un récipient orné de trois têtes, une poupée portant une robe traditionnelle, des bijoux, des lances... ce sont les objets qui font partie du lot restitué à Windhoek. Des objets choisis par des experts pour leur importance historique, culturelle et esthétique.

Avec ses collègues du Musée ethnologique, de la Fondation du patrimoine culturel prussien, de la Fondation Gerda Henkel et de l'Université namibienne (UNAM), Nehoa Hilma Kautondokwa, la présidente de l'Association des musées namibiens, est désormais en mesure de présenter, pour la première fois au public namibien, les objets qui sont désormais de retour.

"Tous les artefacts ont été collectés pendant l'ère coloniale allemande dans différentes communautés de Namibie. Les 23 objets ont été pris, selon les archives dont nous disposons, principalement entre les années 1860 et le début des années 1890", précise Nehoa Hilma Kautondokwa.

Réécrire l'histoire

Les 23 pièces de retour en Namibie vont être étudiées par des chercheurs locaux. Une démarche essentielle selon toujours Nehoa Hilma Kautondokwa qui assure que "cet exercice académique vise à réécrire les récits autour de la collection d'artefacts d'un point de vue namibien et à trouver les véritables origines, utilisations et significations des artefacts tels qu'ils ont été collectés."

Le Musée d'ethnologie de Berlin débat depuis trois ans du sort de centaines autres antiquités namibiennes qui font encore partie des collections allemandes.

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Goodman Gwasira, professeur à l'Unam, l'Université de Namibie, insiste sur l'importance de former des spécialistes locaux pour préparer les futurs retours.

"L'une des raisons pour lesquelles on nous a refusé de récupérer les objets est que nous ne serions pas préparés, nous n'aurions pas les compétences nécessaires. Mais nous nous considérons comme une institution de formation qui peut préparer les retours futurs et, dans ce cas, nous avons besoin d'historiens formés, de gestionnaires du patrimoine, de chercheurs et même de conservateurs", précise Goodman Gwasira.

Le "prêt" fait polémique

Outre la question des conditions de conservation des objets d'art rendus à la Namibie, le fait qu'ils soient légué sous forme de prêt a suscité la polémique. Mais la Fondation du patrimoine culturel prussien assure que, pour des raisons purement bureaucratiques, les partenaires se sont d'abord mis d'accord sur une sorte de "prêt permanent" qui deviendra un retour officiel après une réunion du conseil d'administration en juin.

En 2021, Berlin a officiellement reconnu avoir commis un génocide en Namibie. Les colons allemands ont tué des dizaines de milliers d'indigènes Herero et Nama entre 1904 et 1908. L'Allemagne a rendu des crânes et d'autres restes humains utilisés dans des expériences "scientifiques", mais Berlin et Windhoek pays peinent toujours à s'entendre sur la question des indemnisations.

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