Sénégal: Pleurs pour Tivaouane

La semaine écoulée devait s'achever dans l'allégresse avec la célébration de la journée mondiale de l'Afrique mais je voudrais m'attarder sur un événement qui donne sérieusement à réfléchir sur l'avenir de notre cher continent.

Tivaouane au Sénégal va, sans le vouloir, s'inscrire, tristement, sur la liste très longue et même trop longue des drames qui viennent endeuiller l'Afrique. Une dizaine de bébés, figures innocentes, fragiles, mais pleines d'espérances s'endorment brutalement, carbonisées, dans l'incendie qui s'est déclaré dans la maternité de cette ville.

Tivaouane, je pleure pour toi.

Une enquête décidée, un deuil national décrété, un ministre révoqué, des billets de banque généreusement distribués comme indemnités aux familles et que sais-je encore comme mesurettes de pompiers toujours en retard, lesquelles ne pourront jamais apaiser les douleurs des cœurs et des consciences déchirés par les brûlures à vie transférées par ces innocentes créatures. Elles qui ne réclamaient qu'une chose, le droit à la vie.

Tivaouane, je pleure pour toi.

Des grands chefs ou demi-dieux qui décident de la pluie et du beau temps de nos pays, toujours très proches d'une émergence, visible seulement dans les discours, ont certes réalisé de magnifiques ouvrages qui flattent nos égos facilement corruptibles et de remarquables performances économiques mais en oubliant l'essentiel, l'humain, notamment dans sa posture à la fois la plus fragile et la plus prometteuse lorsqu'il séjourne dans ce lieu de refuge qu'est l'Hôpital.

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Si un cadre, un espace ou un lieu en Afrique doit recevoir toutes les attentions avec un statut d'infrastructure à caractère vital, c'est celui de l'hôpital. Or, c'est parfois quand il est trop tard qu'on se dirige pompeusement avec des couronnes pour se donner bonne conscience au lieu du voyage sans retour qu'est le cimetière.

Tivaouane, je pleure pour toi.

La liste des martyrs, pardon des victimes, du recul du développement humain qu'empruntent nos pays va s'allonger, si nos décideurs ne se penchent pas avec empressement sur les urgences qu'il y a, pour veiller à ce que ces cadres sanitaires, surtout dans le secteur public, demeurent, par leurs équipements et leur organisation rigoureuse, des protecteurs et non broyeurs de la vie.

Tivaouane, je pleure pour toi.

Le drame est cinquante-quatre fois terriblement affligeant parce que les pays membres de notre très chère et irremplaçable Union Africaine qui se réunissait à Malabo, vont le classer au rang des faits divers. Erreur comme depuis plus de 60 ans. Tant que nos États ne se donneront pas sincèrement, humblement, résolument et constamment la main pour apprendre des leçons et des enseignements à retenir après ces événements traités comme des cas isolés, notre descente collective à reculons va se poursuivre. Il y aura encore hélas d'autres accidents, humainement évitables dans nos hôpitaux, centres de santé et maternités en Afrique.

Les frontières, les aéroports, les ports, les ponts, les stades et toutes les autres infrastructures qui font tourner nos économies et nous rendent fiers reçoivent toutes les ressources humaines, matérielles et financières nécessaires pour assurer leur maintenance et leur sécurité. Ces efforts importants doivent s'appliquer et être étendus aussi aux infrastructures de nos systèmes de santé.

L'hôpital est comme un sanctuaire, il faut le protéger. La vie de tous et de chacun en dépend.

Tivaouane je ne veux plus pleurer pour toi.

Afrique, je ne veux plus pleurer pour toi.

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