Cote d'Ivoire: Saison des pluies - Bouaké Fofana exhorte, à nouveau, les populations à partir d'elles-mêmes des zones à risque

"Wouh !" C'est le cri lancé par Bamba Maïmouna lorsqu'on lui apprend que des bulldozers seront d'ici une semaine dans son quartier.

Avec pour ordre de démolir les maisons construites aux abords du gros ravin ouvert au sous-quartier Désert, dans la commune d'Abobo, au quartier Plaque. La cour dans laquelle habite dame Bamba avec ses sept enfants, son mari et sa co-épouse est la première sur la liste. Une maison de cette cour a déjà disparu dans le gros trou. Pis, les eaux de ruissellement ont emporté dans le ravin la fille de Bamba Maïmouna, il y a 4 ans de cela. "Elle avait 9 ans et était en classe de CE1. A l'époque, le trou n'était pas aussi gros comme cela. Il pleuvait et ma fille a été emportée par les eaux jusqu'à Angré", rappelle-t-elle.

Pourtant, malgré ce terrible drame, la famille n'a pas déménagé. Pourquoi ? "C'est un problème financier. Mon mari ne travaille pas. Moi-même, je lave les habits pour pouvoir nourrir mes enfants. Des personnes généreuses me donnent de la nourriture de temps à temps ", se justifie-t-elle. Cette fois, le départ est inéluctable pour cette famille et pour toutes les personnes habitant la cour. Si un petit doute pouvait encore persister, il a été levé avec la visite du ministre de l'Hydraulique, de l'Assainissement et de la Salubrité, Bouaké Fofona, hier dans le quartier.

Avec à ses côtés, Ouattara Brahima, 4ème adjoint au maire de la commune, Bouaké Fofana est allé " montrer aux journalistes que cette opération de déguerpissement est une nécessité car il s'agit de sauver des vies humaines ". Il a aussi exhorté les populations concernées à partir d'elles-mêmes. " Cette opération a été dénommée "Pour sauver ma vie, je quitte les zones à risque". Cela traduit le message que j'ai à lancer aux populations. Nous venons d'Abobo Plaque. Vous voyez les maisons qui sont au bord du ravin. Je voudrais que les populations comprennent que c'est pour sauver des vies humaines ".

%

Des populations fatalistes !

Baegué Aïssatta, épouse Coulibaly, toujours à Abobo Désert, a reçu une mise en demeure. Mais, difficile, soutient-elle, de trouver une maison à la bourse de la famille. " Nous cherchons un logement depuis un bon moment. Nous ne voulons plus rester à côté du gros trou. Mais, les prix des maisons sont excessivement élevés. On nous demande jusqu'à 11 mois de caution. Je suis stressée par cette situation. Avec mon mari, on a décidé de tout faire pour partir avant dimanche ", nous lance-t-elle, la voix étreinte par l'émotion.

" Tout est discutable, tout est négociable. Mais, il faut partir des zones à risque. L'image que j'ai donné, c'est que si vous êtes dans votre villa, à Cocody ou ailleurs et qu'il y a un incendie, vous ne dites pas comme c'est ma maison, je reste pour savoir qu'est ce qu'on va me donner pour partir. Il faut prendre conscience du danger. A n'importe quel moment, il peut avoir une grosse pluie. C'est ce que disent les prévisions de la SODEXAM ", telle est la réponse que donnera Bouaké Fofana aux habitants du quartier Kennedy Clouetcha, toujours à Abobo.

Ce quartier présente les mêmes similitudes que Désert à Plaque. Un gros ravin qui s'est formé au fil du temps, a englouti plusieurs maisons. Si des pans de murs suspendus permettent d'identifier l'emplacement de certaines habitations, seules des traces de terrassement témoignent de l'existence des logis à certains endroits du ravin. " Où vous êtes arrêtée madame, il y avait une maison là. Le terrain a glissé et elle est tombée dans le trou ", nous lance des jeunes du quartier, tous conscients qu'il faut partir car l'érosion est en train de " bouffer " au fur et à mesure les habitations.

Mais, tous avancent le même problème financier. " La cour que vous voyez a 21 portes. Donc pas moins de 200 personnes. Au départ, on louait les maisons ici à 10 000 FCFA. Nous sommes passés à 25 000 FCFA. Pour louer une maison actuellement, c'est 60 000 FCFA. Où allons nous avoir la caution ", se demandent Bakary et Lama Bora, deux habitants du quartier. Sur instance du ministre, ils finissent par accepter de se mettre hors du danger, en attendant de trouver des mesures d'accompagnement. Car leur vie et celle de leur famille en dépend.

Cette visite du ministre Bouaké Fofana prend fin au quartier Akouedo-Attié, en face des Lauriers 9, dans la commune de Cocody. Les habitations de ce quartier ont les pieds dans l'eau du fait des inondations dues à une occupation anarchique d'un bassin naturel. Les habitants mettent en cause le remblayage du site et son lotissement par un particulier. Le commissaire du gouvernement annonce une étude pour voir ce qu'il y a lieu de faire exactement pour mettre fin à ces inondations. Toutefois, il demande fermement aux sinistrés de quitter les lieux, le temps que la saison des pluies passe.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.