Sénégal: A la découverte des héros de la sécurité alimentaire et de l'agriculture

Khady Ka et Khardiata Ba, deux jeunes filles de Pampi Panal, une localité de Linguère située dans la région de Louga, au Sénégal.
2 Juin 2022

Parcourir cinq kilomètres par jour pour aller au marché, se taper presque la même distance dans l’optique de trouver de l’eau destinée aux tâches ménagères, à l’abreuvage du bétail et l’arrosage des champs.

Ce sont entre autres corvées que partagent au quotidien Khady Ka et Khardiata Ba, deux jeunes filles de Pampi Panal, une localité de Linguère située dans la région de Louga, au Sénégal. L’une d’elle dit être obligée d’abandonner l’école pour aider sa famille à faire face à cette situation.

Malgré la rudesse de ce quotidien, les jeunes dames font preuve de résilience pour faire face aux risques agricoles accentués par les changements climatiques.

Un état de fait que le Fonds international pour le développement agricole (Fida) et la Plateforme pour la gestion des risques agricoles (Parm) ont révélé à la face du monde à travers une exposition d’art au jardin botanique de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) à Dakar.

Dénommée « FOOD HEROES : Les héros de la sécurité alimentaire et de l’agriculture durable », cette exposition qui se tient du 1er au 21 juin, s’inscrit dans le cadre de la Biennale DAK’ARTOFF 2022.

L’œuvre constitue ainsi le travail d’une centaine d’artistes qui ont transformé des portraits de femmes et hommes ruraux d’Afrique en œuvre d’art après avoir mis en lumière ces acteurs de l’ombre de la sécurité alimentaire.

« Au total, 22 artistes provenant de 10 pays africains ont vu leurs œuvres photographiques et numériques sélectionnées pour cette exposition », renseignent leurs initiateurs.

Selon Massimo Giovanola, spécialiste technique de la PARM, l’œuvre constituée par une centaine d’artistes d’Afrique et de la diaspora a pour objectif de « célébrer les femmes et les hommes ruraux qui font chaque jour, face à de nombreux risques pour produire la nourriture que nous mangeons dans nos assiettes à travers l’agriculture ».

Pour M. Benoit Thierry, représentant régional de la FIDA au Sénégal cette exposition est un pas de franchi car elle donne la parole à des agriculteurs dans une activité artistique.

« C’est la première fois que nous voyons des artistes valoriser et magnifier l’image des agriculteurs et des éleveurs ». Une manière de rapprocher des populations très éloignées vers les centres urbains ou centres de décision.

« En amenant les paysans sous une forme artistique au cœur de la ville, on peut arriver à montrer tout ce qu’ils font et les problèmes qu’ils rencontrent au quotidien pour nous fournir en nourriture », estime M. Benoit Thierry.

L’opportunité a été ainsi par le père des jeunes filles, un moyen pour exposer les techniques souvent utilisées à Pampi Panal pour faire face au déficit pluviométrique.

Pour parer à toute éventualité, confie-t-il, les populations de cette localité jettent leur dévolu sur la culture fourragère afin d’assurer une alimentation de qualité à leur bétail.

Ce qui, à son avis, montre l’importance de l’information climatique qui permet aux éleveurs d’anticiper sur certaines situations.

D’après lui, le risque agricole dans leur région est plus accentué par le manque d’eau qui, parfois, oblige beaucoup de filles de cette localité à abandonner l’école pour appuyer leurs parents dans la quête du liquide précieux.

Malgré leur dévouement, les populations de Pampi Panal, à l’image de la plupart des ruraux, souffrent d’un déficit de moyens pour mieux faire face aux risques agricoles.

Ceci fait dire aux représentants résidant de la FIDA, organisme du système des Nations Unies qui soutient l’agriculture familiale, que face aux changements climatiques qui impactent sur l’environnement, des solutions doivent être apportées pour permettre aux populations rurales de survivre.

« On travaille à analyser ces risques et élaborer des solutions avec les agriculteurs et éleveurs pour les compenser avec, par exemple, de la micro-irrigation, des points d’eau pour les animaux. Il existe des solutions simples pour permettre à ces populations d’accroître leurs revenus et avoir une vie décente », assure M. Thierry.

Selon lui, l’un des messages clés envoyés à travers cette exposition, c’est d’encourager la jeunesse à investir dans l’agriculture et en leur montrant qu’en la faisant d’une manière transformative et modernisée, il est possible de faire vivre sa famille avec les revenus générés.

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