Madagascar: Le malgache - Une langue à deux îles

On entend dans les chansons mahoraises des vocabulaires malgaches. " Marahaba" exemple de mot malgache, " miarahaba ", déformé au fil du temps. Il ne faut plus le prouver, une partie de Mayotte est malgache car 30% des habitants parlent couramment le malgache.

Après le français, le malgache est la deuxième langue la plus parlée dans la région du Sud-Ouest de l'océan Indien car les malgaches comptent 25 millions d'habitants. Par ailleurs, bon nombre de vocabulaires malgaches sont employés dans les îles sœurs, notamment à Mayotte.

À Mayotte, les Malgaches forment la minorité la plus importante, leur langue maternelle est un parler sakalava que les mahorais appellent le kibushi ou bushi, les malgachophones sont dispersés sur l'ensemble de l'île et ils parlent généralement le mahorais et le français comme langue seconde. C'est la seule langue malgache implantée hors de Madagascar.

Madagascar et Mayotte ont des liaisons historiques étroites. La logique géographique voudrait que cela soit ainsi mais les guerres des chefferies et la volonté de domination des uns sur les autres ont conduit cette séparation déjà voulue par la mer et la nature, " îles, elles étaient déjà ". C'est la conséquence directe de la domination instaurée par les familles venues de Chiraz, de Perse, pour islamiser ce peuple animiste de l'archipel à partir du VIIè siècle.

En effet, ces " nobles " venus d'ailleurs ont commencé par se partager les îles en sultanat et se sont fait la guerre dès le XIIIè siècle, qualifiant ainsi les îles de l'archipel des sultans batailleurs : chaque sultan voulait renverser l'autre pour instaurer sa domination complète et chacun se démenait comme il pouvait, notamment en liant un pacte avec une puissance étrangère. Ce fut le cas pour Mayotte avec le pacte conclu avec Madagascar. C'est ce pacte qui a, par ailleurs, conduit Andriantsoly à venir dans l'île lorsqu'il a été mis en difficulté par Radama I.

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C'est au cours du XVIe siècle qu'un grand nombre de Malgaches sakalava s'établissent dans le sud de Mayotte. Dès cette période, coexistèrent dans l'île un peuplement arabo-shirazi au nord et un peuplement sakalava dans le sud, le tout sur fond d'origine africaine.

C'est ce qui explique pourquoi les habitants de nombreux villages comoriens parlent encore aujourd'hui une langue malgache, notamment à Mayotte avec le sakalava; ces langues appartiennent à la famille austronésienne. À partir du milieu du XVIIIe siècle, les quatre îles des Comores furent victimes de razzias organisées par des pirates malgaches. Ces incursions affaiblirent les îles et poussèrent les sultans locaux à rechercher la protection des grandes puissances de l'époque : la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne.

Le malgache est une langue vivante. Elle a sa propre grammaire, sa littérature, et son accent. Cette langue est également composée de plusieurs parlers. Ceux-ci rendent le malgache riche en vocabulaires. Pourtant, jusqu'ici, les parlers sont considérés comme de l'argot, alors qu'ils reflètent des mœurs comme le fifanajana (le respect), ou le firaisan-kina (la solidarité).

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