Tunisie: Avant-première du psychodrame musical "Tomorrow... Doomsday" de Karim ThlibI - Cet obscur objet musical

Vendredi soir, au Théâtre de l'Opéra de Tunis, Karim Thlibi a présenté son nouveau projet musical "Tomorrow... Doomsday". Compositeur de musique spécialiste des bandes sonores et du psychodrame musical, il est l'un des principaux chercheurs et compositeurs tunisiens. Son travail se distingue par sa dimension spirituelle et psychologique et son ouverture à la créativité et à l'innovation.

"Tomorrow... Doomsday" est un spectacle musical qui emploie de nombreux éléments artistiques afin de présenter une "énergie psychologique " et " un état dramatique ", dont la substance esthétique essaie d'atteindre la profondeur d'une réalité où le corps lutte avec son héritage avec ses douleurs et ses fractures.

" Dans cette représentation, nous avons tenté d'aborder le concept de "la solitude et de l'isolement" à travers des points de vue psychologiques et musicaux différents. Nous avons examiné le choc des contraires à travers plusieurs notions vocales et mélodiques pour présenter ce spectacle musical d'un point de vue dramatique et émotionnel. Le projet vise donc à transmettre "l'instant" via les sons, les instruments, l'orchestre et la chorale... via ceux qui incarnent des personnages et des rôles et qui œuvrent à transformer la vision générale de chaque acte en capacité scénique artistique ", explique-t-il quelques jours avant cette avant-première.

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Autour d'une fable écrite et scénarisée par Mohsen Ben Nefissa, mise en images-vidéo par Abdelhamid Bouchnaq et portée par la chorale et l'orchestre symphonique du Théâtre de l'Opéra de Tunis, des solistes de la trempe de Zied Zouari, Hsin Ben Miloud, Aymen Ben Salah, Hamdi Jamoussi et des voix aussi intenses que celles de Nai Barghouti, Yosra Zekri, Mohamed Ali Chebil, Sami Ben Dhaou, Haythem Hadhiri, Saber Radhouani, Sirine Harrabi, se construit tout un univers.

Une légende urbaine faite de visages, de peaux, de sourires, de rides, de chemins ferroviaires, de gares, de matière froide et dure et de solidité et fragilité humaine.

L'univers sonore remplit l'espace, raconte, soutient, souligne dans une narration qui titille l'émotionnel plus que le cérébral.

Trouver le juste discours musical pour une esthétique de la mémoire populaire, en se référant aux secrets enfouis, à l'inconnu, au non défini, à l'abstrait, à l'ambigu, nous mène vers des chemins peu explorés dans le domaine du spectacle musical, et qui reste plutôt du ressort des musiques de films. L'employabilité de la musique dans "Tomorrow... Doomsday" en est inversée, elle n'est plus au service de l'image ou de la narration, elle en devient le principal objet, le centre d'attraction et le pivot.

L'effet désiré par ce travail pointilleux s'est tout de même très vite résorbé au bout de la première demi-heure. Ce que nous vivions comme expérience unique s'est très vite démystifié avec les nombreux " blancs ", les moments de silence et de mise en place entre les morceaux, l'infinité des entrées et sorties des artistes chanteurs, l'encombrement de la scène et la surcharge de l'image. "Tomorrow... Doomsday" gagnerait beaucoup à solliciter les autres arts pour que son adhésion par le public devienne totale. Un tel potentiel et un tel ouvrage ne méritent pas de passer vite aux oubliettes.

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