Congo-Kinshasa: Amélioration de l'accès à l'électricité - La police écourte la marche de la société civile et des Kinois

Malgré le dispositif policier, les manifestants ont pu dénoncer le faible accès au courant électrique et sensibilisé à cette situation, tout en appelant les autorités à agir en améliorant l'accès à l'électricité, tout en misant sur " les énergies renouvelables décentralisées ".

C'est vers dix heures que les près de deux centaines de Kinoises et Kinois parmi lesquels les membres de la société civile encadrés par la Coalition des ONG pour le suivi des réformes et l'action publique (Corap) ont démarré leur marche à partir de rond-point des Huileries, dans la commune de Kinshasa, avec calicots et banderoles ainsi que des écriteaux dénonçant la mauvaise qualité de la fourniture de l'électricité dans la ville-capitale ainsi qu'à travers tout le pays. A peine quelques mètres franchis, trois éléments de la police armés, avec les doigts dans les gâchettes de leurs armes, comme s'ils étaient en guerre, conduits par un capitaine sont venus barrer la route au groupe de manifestants, l'obligeant à faire un sit-in au rond-point des Huileries, en lieu et place de la marche qui devrait le conduire au croisement de l'avenue éponyme et le boulevard du 30 juin, pour le dépôt du mémorandum destiné aux autorités du secteur énergétique et du pays.

La société civile a toujours été pacifiste

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Pour prouver sa bonne foi et le caractère pacifiste de cette action, la société civile a accepté l'idée de changer sa vision sur cette marche et de l'écourter pour revenir au lieu de départ et faire sa déclaration devant la foule présente et tous les Kinois représentés. Cela a permis au secrétaire technique de la Corap, Emmanuel Musuyu, de rendre public le mémorandum destiné aux autorités. Mais, sur place, une lieutenant-colonel est venue avec d'autres élements de la police. Celle-ci ayant reçu le rapport du capitaine a regardé les choses de loin, réalisant que les manifestants ne représetaient pas un danger pour l'ordre public.

Pas de développement sans électricité

Dans ce document, la société civile et les Kinois ont rappelé aux autorités du secteur énergétique et du pays qu'il n'a pas de développement sans électricité. Dans le concret, ils ont relevé que la situation d'accès à l'électricité dans la ville-province de Kinshasa et sur l'ensemble du territoire national continue à se dégrader et cela inquiète fortement la population et les acteurs sociaux. " Alors que la Constitution garantit en son article 48 que "Le droit à un logement décent, le droit d'accès à l'eau potable et à l'énergie électrique sont garantis". La situation sur le terrain est plus alarmant ", a regretté la société civile, relayant le cri des Kinois et de tous les Congolais.

Pour la société civile, la dégradation de la qualité des services pour l'accès à l'électricité se fait remarquer notamment par l'absence d'une politique nationale de l'énergie ; la non-finalisation de la réforme de la Société nationale de l'électricité (Snél) et du secteur de l'énergie ; l'absence d'une planification énergétique dans la province de Kinshasa ainsi que le paiement des frais pour l'éclairage public par les ménages, sans résultat palpables dans plusieurs quartiers de Kinshasa. Il y a également comme indices, selon la société civile, le non-paiement à la Snél, par les institutions publiques, des factures de l'électricité consommée ; les coupures intempestives du courant sans informer au préalable la population ; la vétusté des câbles et des cabines qui alimentent certains quartiers ; le phénomène départ unique, qui favorise la distribution du courant électrique au plus offrant ; le payement des factures non consommées (facturation forfaitaire de l'électricité), en violation des dispositions de la loi n°14/011 relative au secteur de l'électricité ; l'émission par la Snél des factures exorbitantes malgré l'absence du courant permanent ; la recrudescence de l'insécurité par manque d'électricité ; l'exposition de la population kinoise aux risques d'incendies et électrocution dus à la mauvaise qualité du réseau de distribution ainsi qu'à la qualité de l'électricité de la Snél, etc.

La société civile fait, par ailleurs, remarquer que cette situation a une incidence négative direct sur tous les secteurs de la vie nationale dont la santé, l'éducation, les petits commerces (malewa, les vivres frais, dépôts des boissons, transformation des produits issus du maraîchage, et autres), sans oublier le secteur de la sécurité, par l'accentuation de la délinquance juvénile, communément appelé phénomène Kuluna.

Le début d'une campagne jusqu'à obtenir satisfaction

Cette action, avec la marche " To lembi molili " du 2 juin marque donc, selon la société civile et la population kinoise, le début d'une campagne visant à exiger l'amélioration des conditions d'accès à l'électricité des Kinois en particulier et des Congolais en général. Et de noter que cette mobilisation porte sur certaines revendications à l'égard des autorités du pays. Il s'agit, pour le ministre des Ressources hydrauliques et Electricité, d'accélérer l'application du volet énergie dans le Programme de développement de 145 territoires ; de doter des moyens nécessaires à l'Agence nationale d'électrification et des services énergétiques en milieu rural et périurbain pour favoriser les investissements dans la production de l'électricité et de mettre en place la politique tarifaire pour régler le problème de la facturation forfaitaire qui contraint la population de payer de l'électricité avec ou sans accès à l'électricité.

Il est également attendu du ministre chargé de ce secteur d'assurer l'amélioration de la gestion de l'entreprise Snél, en faveur d'une politique efficace de maintenance des infrastructures énergétiques, pour améliorer la qualité de ses services ; et de finaliser la réforme de cette société afin de favoriser la segmentation de ses activités (production, transport et commercialisation), pour maximiser le rendement en faveur de l'amélioration de la qualité de l'électricité. " C'est possible pour la RDC d'atteindre l'accès pour tous à une énergie propre, durable, fiable et à moindre coût. Pour ce faire, le pays doit miser sur les énergies renouvelables décentralisées. En attendant comme la situation ne change pas, la population congolaise est résolue de se prendre en charge pour exiger plus d'amélioration. Toboyi molili ! ", se sont écriés les manifestants, tout au long de cette action.

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