Tunisie: Produits du terroir - Valorisation et promotion d'une filière sous-exploitée - Pour un rayonnement international

La Tunisie se dote d'une stratégie de valorisation et de promotion des produits du terroir qui fait son bonhomme de chemin. Son développement à l'échelle nationale et son expansion à l'international, grâce à la coopération suisse, sont la clé de voûte pour une réussite d'envergure et une meilleure reconnaissance et visibilité de la richesse du terroir tunisien.

Les produits issus du patrimoine immatériel national sont de plus en plus au centre de l'attention et des intérêts des partenaires des projets en matière de produits du terroir. Les initiatives créées pour valoriser les produits enracinés dans leurs régions d'origine ont beaucoup augmenté ces dernières années et le potentiel socioéconomique des produits tunisiens est chaque fois davantage reconnu. Afin d'impulser et de structurer davantage le développement du sous-secteur des produits du terroir agroalimentaire, l'élaboration d'une stratégie nationale de valorisation et de promotion des produits du terroir est devenue indispensable.

A ce titre, une journée de présentation de la stratégie nationale de valorisation et de promotion des produits du terroir s'est déroulée en fin de mois dernier à Tunis. De nombreux associés et partenaires de ce projet national se sont réunis "pour accorder leurs violons" sur les meilleurs moyens d'avancer et contrer la concurrence de pays amis et voisins, comme le Maroc, qui avancent leurs pions avec pragmatisme. Dans ce contexte, le benchmark réalisé avec le Maroc et la Suisse a permis d'identifier les pistes prioritaires à adopter pour la mise en œuvre de la stratégie de valorisation et de promotion des produits du terroir en Tunisie, afin d'atteindre les objectifs fixés.

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Dans la droite lignée des objectifs pour une impulsion et une dynamique nouvelle nationales, Houssem Bel Hadj, gérant d'AZ Consulting, met en lumière la stratégie du royaume chérifien basée sur les groupements d'individus et un travail à grande échelle et non sur les individus, à petite échelle comme en Tunisie, malgré quelques "succes story".

Ainsi, après l'ouverture officielle par Mahmoud Elyes Hamza, ministre de l'Agriculture, Lamia Thabet, coordinatrice nationale du Projet d'accès aux marchés des produits agroalimentaires et de terroir (Pampat), a axé sa vision stratégique sur le travail de valorisation de la chaîne de valeurs avant d'évoquer les dérivés des dattes, tomates séchées, grenades et figues de Djebba (appellation d'origine contrôlée) comme produits du terroir à succès.

Elle estime qu'il y a beaucoup de travail pour généraliser la stratégie sur toute la Tunisie, avant d'avancer : "Il faut innover et diversifier, comme avec la figue de Barbarie, pour faire de la Tunisie un pays riche en produits de terroir à valoriser. Pour que le consommateur connaisse le label AOC, comme à Qatar ou Dubaï. C'est une culture à mettre en place pour connaître un produit issu d'un terroir, d'une région déterminée. La harissa est en cours d'instruction pour être inscrite dans le patrimoine immatériel de l'Unesco".

Elle rappelle que ce projet est mis en œuvre en Tunisie par l'Onudi et financé par Seco, la coopération économique suisse avant de développer : "Dans le cadre de ce projet, qui est basé sur une approche de valorisation des chaînes de valeur qui a abouti à l'élaboration de cette stratégie nationale, le travail a été axé sur la valorisation des produits du terroir par la transformation, la maîtrise de la qualité de ces produits pour une amélioration à terme de l'accès au marché".

En clair, une meilleure pénétration, promotion et connaissance des produits du terroir auprès du grand public sur les différents marchés agroalimentaires est un objectif réalisable.

Dupliquer les expériences réussies

"C'est un projet très important, en termes de création d'emplois et de fixation des populations dans leurs régions, à travers la transformation et la valorisation, car, à ce jour, ces produits du terroir n'ont pu être mis en avant, ni valorisés dans chacune des régions à travers différents circuits : la gastronomie, la restauration et le tourisme pour créer de la valeur ajoutée". Mme Thabet relate l'expérience réussie de Djebba au niveau de la production labellisée AOC avec le jus et la confiture des figues qui portent le nom du village et qui font "vivre tout ce beau monde autour de cette richesse grâce au travail des femmes et la démarche de valorisation des produits du terroir". Ce genre de "success story" est amené à être renouvelé et elle entrevoit les bourgades du gouvernorat de Gabès pour réussir la leur, avec les grenades...

Pour en savoir plus, le 1er inventaire des produits du terroir --afin de valoriser les richesses agroalimentaires des régions-- recense 220 produits à travers les 24 gouvernorats de la République et les 3 régions classées au Nord, Centre et Sud. Voici le lien pour consulter le PDF : https://pampat.tn/wp-content/uploads/2019/03/Inventaire-des-produits-de-terroir.pdf

En 2021, on dénombre 983 produits inscrits sur le site de Pampat pour référencer les produits, en partenariat avec l'Apia.

"Cette stratégie est le fruit d'un travail multi-institutionnel et participatif au niveau national qui a démarré fin 2020. Au cours de la journée, les différents intervenants ont présenté toutes les étapes et axes de travail qui ont entraîné la finalisation de la stratégie. Cette initiative nationale a été développée sous la supervision d'un Comité de pilotage, qui a été créé suite à la décision N° 3781 (2020) du ministre de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche", apprend-on, via un communiqué de presse. Pour ne rien laisser au hasard, M. Houssem Bel Hadj annonce qu'il y a une étude de la Banque mondiale pour financer le corridor Sfax-Sidi Bouzid suite à une enquête depuis 2020 avec la coopération internationale, malgré le manque de moyens financiers et humains.

Miser sur les bonnes pratiques

Dans les bonnes pratiques, il y a une importance d'avoir une structure pour la promotion du terroir, l'accès en ligne, la campagne de communication, les concours et les manifestations internationales. L'approche participative est une stratégie de valorisation et de promotion des produits du terroir où le projet associe la Dgpa, l'Apia, la Pampat avec la coopération internationale.

Du reste, on apprend des intervenants qu'il y a une nécessité de générer un modèle tuniso-tunisien plus performant car les agriculteurs produisent en petites quantités. Il faut s'atteler à développer la filière des produits du terroir en partant de l'échelle locale, régionale, nationale et internationale. Le savoir-faire, qui est en train de se perdre, doit être protégé, mais aussi le volet technicité et l'aspect culturel autour de la transformation du produit du terroir ont été développés. "Avec l'Apia, on a développé un programme d'accompagnement des producteurs qui présentent la composante emballage et étiquetage. Il faut une approche participative pour assurer la mobilisation des fonds", précise Mme Thabet.

Le produit du terroir est une aubaine pour l'augmentation des revenus des agriculteurs, mais reste sous-exploité en Tunisie. Dans un autre champ d'intervention, il s'agit d'impliquer plus d'acteurs dans le créneau numérique avec la création d'une application mobile destinée au consommateur.

Pour un consommateur informé

Tout d'abord, il faut se focaliser sur la définition du produit du terroir telle qu'énoncée par l'Unesco en 2005 de l'aveu de H.Bel Hadj : "Un produit du terroir est une production agricole, transformée ou pas, liée agronomiquement et climatiquement à un pays et au savoir-faire et aux usages de sa population pour le cultiver ou l'élever". Cela, à cause de l'ambiguïté sur le produit et son origine, soit naturel, Bio ou AOC. Le consommateur doit connaître la différence et faire la distinction entre ces différentes appellations. Il y a une confusion entre le produit du terroir et le produit agricole, issu du territoire. Avec la profusion des produits agricoles sur les marchés et foires agroalimentaires, la définition a été vivement rappelée. Cela pour que le consommateur saisisse la nature du produit qu'il achète.

Le plan d'action national couvre les volets de la production, la valorisation et la commercialisation des produits du terroir, le marketing territorial et le tourisme, ainsi que la structuration institutionnelle du sous-secteur des produits du terroir. La mise en œuvre de cette stratégie permettra ainsi d'exploiter tout le potentiel de croissance qui émane des produits du terroir et qui va bien au-delà de la vente de denrées traditionnelles.

Le but ultime de la valorisation des produits du terroir est la création d'emplois, de revenus et surtout de la richesse qui découle notamment de la création d'activités économiques annexes, tels l'agrotourisme, les festivals culturels, la gastronomie et le développement de nouveaux produits transformés à partir des produits phares de chaque région.

Impulser une nouvelle dynamique

Dernièrement, plusieurs ateliers dans différentes villes de la Tunisie ont été organisés au cours de 2021 pour pouvoir définir les volets et les priorités à être considérés pour dynamiser le développement local autour des produits du terroir. Plusieurs structures publiques et privées ont contribué avec leurs expertise et idées à l'élaboration du document final et les profils des représentants qui se sont engagés pour apporter leur contribution à la valorisation des produits du terroir très variés : syndicats d'agriculteurs, groupements interprofessionnels du secteur agroalimentaire, structures professionnelles du tourisme alternatif, organisations patronales, sectorielles des producteurs et institutions.

"Autant de défis que la Tunisie s'apprête aujourd'hui à relever pour mettre en place son propre modèle de développement autour des produits du terroir qui mettent en avant ses atouts concurrentiels basés sur la richesse, la diversité et la spécificité de l'offre de chacune de ses régions. Le programme ambitieux qui sera mis en œuvre ne manquera pas de créer une nouvelle dynamique économique dans le pays, basée sur le développement régional et sur la création de nouvelles opportunités d'investissement", termine le communiqué de presse.

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