Algérie: Incendie de la Bibliothèque universitaire d'Alger, 60 ans après

Alger — Mardi (7 juin) marquera le 60e anniversaire de l'incendie de la Bibliothèque universitaires de la faculté d'Alger, un crime culturel perpétré par l'Organisation armée secrète (OAS) avec la complicité des autorités coloniales, et qui a provoqué la destruction de 400.000 ouvrages et manuscrits inestimables à quelques jours seulement du recouvrement de la souveraineté nationale, le 5 juillet 1962.

Le 7 juin 1962, moins d'un mois avant la proclamation de l'Indépendance nationale, trois bombes au phosphore, placées par les terroristes de l'OAS dans le bâtiment abritant la Bibliothèque de la faculté d'Alger, explosent vers 12H40, provoquant un incendie qui est venu à bout d'un fonds documentaire de 400.000 ouvrages sur un total de 600.000 livres et manuscrits inestimables et a saccagé les laboratoires des sciences et deux amphithéâtres. Le reste des documents, quelque 200.000 livres qui ont pu être sauvés, ont été transférés au Lycée Okba d'Alger, puis récupérés par la Bibliothèque universitaire deux années plus tard.

Ce crime qui visait la richesse culturelle et scientifique de l'une des plus anciennes et des plus importantes bibliothèques dans le monde arabe et en Afrique s'ajoute à la série de génocides et de crimes contre l'humanité et contre la mémoire algérienne, dans le cadre du plan des enfumades utilisées par l'armée française dans le prolongement de la politique de la "terre brûlée", notamment après la victoire de la diplomatie algérienne lors des négociations des Accords d'Evian. Un triomphe dont l'armée coloniale s'est vengée en brûlant la bibliothèque, symbole de la mémoire du peuple algérien, quelques jours avant son départ d'Algérie.

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Yves Courrière, historien proche des ultras, écrira dans l'édition du lendemain de l'attentat dans le journal de la droite, le Figaro : "le 7 juin 1962, un panache de fumée couronna Alger. La Bibliothèque universitaire venait de sauter. 600.000 livres brûlaient... On n'allait quand même pas leur laisser -notre- culture et notre science".

"Un incendie criminel ravage l'université... trois grenades au phosphore ont explosé dans la bibliothèque ainsi que près de la salle des professeurs, des amphithéâtres de chimie et des sciences et au laboratoire de pathologie, les auteurs de l'attentat avaient utilisés en sus des engins incendiaires des bidons d'essence", a écrit le journal "Le Monde" du 9 juin 1962.

De son côté "France-Soir" rapporte: "les bourgeois cossus de la rue Michelet (actuelle Didouche Mourad) contemplent l'énorme fumée des flammes qui dévorent la bibliothèque universitaire où brûlent 600.000 volumes, deux amphithéâtres et les laboratoires de la Faculté des Sciences".

Les pompiers ont pu maitriser l'incendie selon des témoignages qui rapportent qu'ils dirigeaient les lances vers les parties non atteintes par le feu, noyant les livres, car une grande partie des collections que le feu épargna fut détruite par l'eau, même si le prétexte avancé était d'empêcher le feu de se propager.

La journée du 7 juin a été décrétée "Journée nationale du livre et de la bibliothèque" en vertu du décret présidentiel N 21-250 paru dans le JO 41. Cette journée est célébrée chaque année à travers l'ensemble du territoire national, à travers l'organisation de manifestations et d'activités sur le livre et la promotion du rôle de la bibliothèque dans la société.

Cette journée a été célébrée en consécration du rôle du savoir et de la culture dans la formation des générations.

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