Ce jour-là, sur l'ancienne Place du Quai, devant une immense foule, Anerood Jugnauth, le futur Premier ministre MMM, proclame son credo : "Vous êtes venus pour unir un pays divisé... pour dire qu'il n'y a pas de place pour le communalisme dans l'île Maurice de 1982 et de demain."
Ce sera pourtant le communalisme qui précipitera l'implosion de ce qui aura été le plus grand parti national. Anerood Jugnauth en porte une lourde responsabilité ; l'égocentrique Bérenger autant que lui ; Harish Boodhoo, l'embusqué malfaisant, également ; l'état-major du MMM (moi compris) responsable aussi parce que trop fidèle au fondateur du parti.
C'est Anerood qui sort le poignard en premier. Alors que le ministre des Finances Bérenger, au prix de sa popularité, aux lendemains de la victoire, présente un nécessaire budget d'austérité, largement imposé par le Fonds monétaire international, le Premier ministre Jugnauth va finir par le désavouer publiquement lors d'un meeting, tenu, comme par hasard, à Triolet. Entre-temps, dès les premiers jours de l'Alliance MMM-PSM à l'hôtel du gouvernement, l'air était devenu irrespirable avec un Jugnauth maladivement jaloux de ses prérogatives, un Bérenger arrogant et impatient, un Boodhoo hostile au Blanc du MMM.
Ce qui devait arriver est arrivé ; mais quel monumental gâchis.