Cote d'Ivoire: Tiburce Koffi - "En 2025, je ne vois pas d'alternative à Alassane Ouattara "

interview

Tiburce Koffi, écrivain et homme de lettres, lauréat du prix Bernard Dadié du Salon international du livre d'Abidjan (SILA) tenu du 17 au 21 mai, était l'invité de Life TV. Plusieurs sujets ont été abordés, notamment sa position sur Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara. Sans langue de bois, il a donné la raison de sa rupture avec son ancien camarade de gauche, Laurent Gbagbo, et son rapprochement avec Alassane Ouattara.

Question : Vous êtes un homme de gauche. On vous voit de plus en plus épouser les idéaux d'Alassane Ouattara qui est un homme de droite. Pourquoi ce changement ?

Tiburce Koffi : Pourquoi je me suis séparé de monsieur Gbagbo et d'une manière générale de tous mes camarades de la gauche? Je fais partie d'une génération qui a combattu farouchement Houphouët-Boigny. J'ai fait la prison pour ce combat. Nous avons nourri des idées. On s'est dit que les gens du PDCI ne valent rien et quand on va arriver au pouvoir voilà ce qu'on va apporter.

On est arrivé au pouvoir, nous avons gâché ce pays. Je n'étais pas content d'eux. Nous étions censés être des hommes de gauche. On avait dit qu'on renoncerait à la richesse, qu'on allait être des gens simples, qu'on allait vivre comme le peuple, dans le peuple, parmi le peuple.

En moins de deux ans, les châteaux poussaient, des détournements de fonds. Donc je n'étais pas content d'eux. Il y a eu un moment où j'ai écrit au président de la République, Monsieur Laurent Gbagbo : " je ne me sens pas bien dans cette politique, je ne me retrouve pas ". Et je suis parti. Ce n'est pas la première fois que je quittais quelqu'un.

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En 1997 j'étais membre du bureau politique de l'USD du professeur Zadi Zaourou. Nous étions en pleine période de la guerre contre l'ivoirité. Mon maître ne protestait pas. Il était au sein du gouvernement Bédié. Je n'étais pas content. Je lui ai adressé un courrier. Je lui ai dit que je m'en vais, je ne me sens pas bien dans cette politique. Je suis parti. Je suis un homme libre. J'ai toujours affirmé ma liberté. J'ai quitté monsieur Gbagbo parce que je ne me sentais pas dans les politiques.

Pour moi on avait trahi le peuple ivoirien. Même si on ne pouvait pas lui apporter le progrès, on pouvait lui apporter un peu de paix. À peine on arrive nous sommes dans la guerre, dans les crises, nous sommes dans le clabaudage, on était dans le bruit, l'amusaille, les jouissances paresseuses; on nous donne un pays à diriger, on s'amuse ; un petit coup d'Etat fomenté par moins d'individus de personnes, ça a divisé le pays.

Non, on n'est pas fait pour diriger le pays. Houphouët a dirigé pendant 33 ans, personne n'a pu le diviser. Ouattara sera là pendant plus de 30 ans, personne ne réussira à diviser la Côte d'Ivoire. Parce qu'il sait veiller sur un pays. On ne peut diriger un pays que dans la discipline. Ce n'est pas pour rien que les pères fondateurs de ce pays ont eu comme devise Union, discipline, travail. Regardez comme depuis que le président Houphouët est mort les gens qui ont suivi ont laissé le pays dans le désordre.

Sauf celui qui vient d'arriver. Je suis désolé, ce n'est pas la politique que je fais. Mais je dis que celui qui vient d'arriver qui est M. Ouattara a su montrer aux Ivoiriens, le chemin de la discipline, du travail, de l'effort. C'est ça un pays.

Q : Bientôt 2025. Est-ce que vous voyez une alternance possible au sein du RHDP ou vous voyez toujours Monsieur Ouattara...

TK : Au niveau même de toute la Côte d'Ivoire, je ne vois pas d'alternative. Mais que veulent les Ivoiriens. On va se taper encore Bédié ou bien Gbagbo. Mais vous n'avez pas d'ambition, soyons sérieux ! Moi je ne vois pas d'alternative. Je n'en vois pas. Peut-être que de rester là à écrire mes poèmes, je le rejoins et puis on va tenter quelque chose. C'est aussi simple que ça ! Montrez-moi le leader qui est capable de prendre la Côte d' Ivoire et de continuer le travail qui a été fait. Qui?

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