Congo-Kinshasa: Le roi belge devant le parlement - Philippe n'a pas franchi le pas

Le président congolais Félix Tshisekedi, à droite, avec le roi de Belgique Philippe, le 7 juin 2022.
analyse

En séjour en République démocratique du Congo (RDC) pour une visite officielle de six jours, Philippe, le roi des Belges, a prononcé un discours très attendu, le 8 juin dernier, devant l'Assemblée nationale et le Sénat réunis en congrès.

L'exercice, il faut le dire, a été pour le moins délicat d'autant qu'il constitue un travail de mémoire et de réconciliation entre la Belgique et son ancienne colonie, jadis considérée comme " la propriété privée " de l'ancêtre de Philippe, qu'est le roi Léopold II. Dès lors, on comprend pourquoi les mots semblent avoir été bien choisis, pesés et soupesés en vue d'éviter tout dérapage langagier pouvant conduire à une brouille diplomatique au moment où les deux pays, tout en " n'oubliant pas le passé ", s'efforcent de " regarder l'avenir " dans le respect mutuel. Le roi Philippe n'avait-il pas déjà, dans le souci de se rabibocher avec son ancienne colonie, présenté, il y a de cela deux ans, " ses plus profonds regrets " pour " les blessures de la colonisation " caractérisées par des " actes de violence et de cruauté " ? Aussi est-il passé de la parole aux actes en restituant symboliquement à la RDC, un masque volé pendant la période coloniale. En tout cas, le souverain belge serait en quête d'une catharsis mémorielle qu'il ne s'y prendrait pas autrement.

S'il y a quelqu'un qui pourrait tirer des dividendes politiques de la visite du roi des Belges, c'est bien le président Félix Tshisékédi

Certes, il est vrai qu'il n'a pas franchi le pas en présentant ses excuses à la RDC au risque d'ouvrir la voie à des réparations. Mais il a non seulement, une fois de plus, réitéré " ses profonds regrets " déjà exprimés en 2020, mais aussi, il a reconnu que le régime colonial était marqué par " le paternalisme, les discriminations, le racisme et les humiliations ".

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Et ce n'est pas tout. Car le roi Philippe, dans son discours, a promis d'aider la RDC dans la lutte implacable qu'elle mène contre les rebelles du M23 qui, soupçonnés d'être soutenus par le voisin rwandais, tentent de déstabiliser la partie orientale du pays. De quoi apporter du baume au cœur de milliers de Congolais réunis, à l'occasion, devant le parlement, et dont la plupart voient en la démarche du roi, un signe d'ouverture visant à réchauffer les relations diplomatiques entre leur pays et la Belgique, mises à mal, on s'en souvient, sous le règne de Joseph Kabila.

Cela dit, s'il y a quelqu'un qui, en cette période pré-électorale, pourrait tirer des dividendes politiques de la visite du roi des Belges, c'est bien le président Félix Tshisékédi qui a réussi là où son prédécesseur avait échoué. C'est de bonne guerre. Car, en politique comme à la guerre, tous les moyens sont bons pour atteindre un objectif et honni soit celui qui ne sait pas exploiter les situations à son profit.

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