Sénégal: (Dossier) "La vérité des prix était prévisible", Mor Gassama, économiste sur la hausse du prix du super

La situation économique mondiale est certes tendue mais, le Sénégal n'est pas exposé (ou pas encore) à des émeutes de faim parce que croit savoir l'économiste et enseignant chercheur Mor Gassama à l'Ucad en 2008 le Sénégal avait vécu une situation assez similaire avec les coupures intempestives d'électricité et la hausse vertigineuse des denrées alimentaires.

Interrogé sur les potentielles répercutions sur le panier de la ménagère à la suite de l'arrêté ministériel, consacrant une hausse de 135 FCFA sur le litre d'essence, l'économiste et enseignant-chercheur à l'Institut national supérieur de l'éducation populaire et du sport (Inseps), écarte toutes supputations d'émeutes de la faim au Sénégal.

"C'était prévisible du moment où le prix du baril de pétrole a flambé depuis l'éclatement de la guerre russo-ukrainienne", fait savoir l'économiste. Au début, "cette crise le baril tournait autour de 74$, moins d'un mois après il dépassait la barre des 100 dollars pour atteindre même les 120 avant de redescendre pour s'installer autour de 106 dollars", explique-t-il. Puisque la crise perdure et que le prix du baril de pétrole reste toujours élevé "il faudrait penser à réduire les subventions voire appliquer la réalité des prix", conseille l'enseignant-chercheur. Ce qui arrive entre dans l'ordre normal des choses.

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La revalorisation des salaires d'une partie de l'administration publique permet d'abord de "corriger certaines incohérences constatées dans le traitement réservé aux fonctionnaires", soutient Mor Gassama, non sans relever que le salaire revu à la hausse participe au pouvoir d'achat d'une manière ou d'autre et du panier de la ménagère et aussi et au soutien des plus démunis. Car, le Sénégal partage beaucoup. Il ajoute : "Ça participe également à améliorer leur pouvoir d'achat ; dans ce contexte de hausse généralisée des prix, je devrais plutôt dire conserver leur pouvoir d'achat. En ce qui concerne le loyer, la loi sur la baisse du prix du loyer avait entraîné de graves perturbations et nous subissons encore les séquelles du manque de suivi des services compétents concernés malheureusement ".

En termes de solutions " il faudrait une politique active de l'habitat de la part des pouvoirs publics ", préconise-t-il. Le projet des 100.000 logements du Président Sall "n'est pas mal mais il faudrait aller plus loin encore", amende l'économiste.

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L'Afrique en général et le Sénégal en particulier "doit tirer tous les enseignements afin d'accélérer la cadence dans l'objectif de l'atteinte de l'autosuffisance alimentaire. Le temps des beaux et éloquents discours est révolu, l'heure est à l'action parce que nous avons perdu trop de temps", a dit le professeur Mor Gassama.

Pour lui : "Nous devons impérativement changer de démarches et de méthodes si nous voulons encore avoir le minimum de respect des générations futures". Convaincu que le Sénégal a appris de cette guerre dira : "Je pense très fort que les autorités sénégalaises sauront anticiper sur l'essentiel pour un approvisionnement correct du marché en attendant les prochaines récoltes".

A la question de savoir quelles retombées économiques pour l'Afrique à la suite de l'échange entre le président Sall et le président Vladimir Poutine, il admet que même si sur le plan économique on ne pèse pas lourd malgré toutes nos richesses naturelles, le plus important semble-t-il dire est la position neutre de l'Union africaine clairement exprimée.

Cela veut dire que "l'Afrique serait même bien placée pour jouer un rôle important dans la recherche d'une sortie de crise ". A le suivre, il faudrait juste un peu plus d'audace et non de se limiter seulement à parler de nourriture notamment du blé. "Le risque est toujours présent mais je pense que l'Afrique devrait activer tous ses leviers sur le plan diplomatique pour une décrispation de la situation et je reste persuadé que c'est fort possible", a-t-il soutenu.

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