Afrique: Macky Sall à l'Ocde - " Construire ensemble un partenariat sur une nouvelle éthique relationnelle "

Arrivé à Paris mercredi en début de soirée, le Président de la République, Macky Sall, en sa qualité de Président en exercice de l'Union africaine (Ua) s'est adressé jeudi à la tribune de l'Organisation de coopération et de développement économique (Ocde) à l'occasion de la Conférence annuelle des Ministres.

Après avoir transmis ses salutations à Mario Draghi, Président du Conseil des Ministres italien et Président en exercice du Conseil de l'Ocde, au Président de l'Ukraine, Volodymyr Zelinsky, Président de la République d'Ukraine, et à Mathias Corman, Secrétaire général de l'Ocde, le Chef de l'Etat a d'abord remercié le Président Draghi et le Secrétaire général Corman de l'avoir invité à ce dialogue avec l'Afrique dans le cadre de cette session.

" Je me réjouis du thème de ce dialogue sur les relations Ocde-Afrique dans la perspective d'un avenir commun ", a dit d'emblée Macky Sall ajoutant : " Je vois cet avenir dans un multilatéralisme inclusif, où les Nations recherchent des réponses concertées à des questions d'intérêt commun ".

" Mon point de vue sera celui d'un continent qui accuse le plus grand retard dans le processus de développement et continue de subir les déséquilibres du système économique, commercial et financier mondial ", a martelé le Président Sall.

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Selon lui, " si le développement a pour objectif le bien-être humain, il me semble que nous vivons une sorte de crise des finalités, qui se traduit par le déficit d'accès du plus grand nombre à des conditions minimales d'une vie décente : accès à la nourriture, à l'eau potable, aux soins de santé, au logement et à l'éducation ".

Aux yeux du Chef de l'Etat, la mondialisation qui était perçue comme une ère d'échanges et de complémentarités pour une croissance et une prospérité partagées, a plutôt accentué les inégalités et généré des pratiques que l'Etat-nation peine à réguler.

Pour le Chef de l'Etat, il est souhaitable que des instances comme l'Ocde, le G7 et le G20 engagent un échange franc avec les Agences d'évaluation pour instaurer plus d'objectivité et d'équité dans les critères de notation.

Face aux limites de l'aide publique au développement, il a proposé que l'Ocde examine la possibilité de réformer les conditions d'accès au crédit export, en assouplissant les règles sur les taux du crédit et la durée des délais de grâce et des périodes de remboursement.

Selon lui, cela permettrait de mobiliser plus de ressources pour le financement des projets de développement et le soutien de l'investissement privé pour une croissance et une prospérité partagées.

" C'est du win-win. A compétence et qualité égales, l'accompagnement financier peut, en effet, faire la différence.

Il serait aussi indiqué de simplifier davantage les formalités et procédures, de façon à réduire les délais de conception et d'exécution des projets, dans le respect des règles de transparence et de bonne gouvernance ", a encore dit Macky Sall.

Sur les questions conjoncturelles, le Président en exercice de l'Ua, a souligné que l'Afrique plaide pour la réallocation partielle des Dts, après l'émission historique de 650 milliards de dollars en Dts sur lesquels elle a reçu son quota de 33 milliards, soit 5 %.

" Il faut saluer le soutien des pays et institutions partenaires qui ont rendu possible ce tirage, et le leadership du Fmi dans la conduite du processus, y compris la mise en place anticipée du Resilience and Sustainability Trust (Rst), en prévision de la réallocation des Dts ", a encore dit Macky Sall.

" Mon point de vue est que l'Afrique en quête d'émergence a besoin de la force, de l'enthousiasme et de l'intelligence de sa jeunesse ; et que nous avons la responsabilité première de créer les conditions du développement de nos pays ", a indiqué avec force le Chef de l'Etat pour qui notre sort est aussi lié aux règles d'un monde d'échanges et d'interactions.

Et de dire qu'au sein et entre les nations, il ne peut y avoir de destin commun quand ceux qui ont plus gagnent toujours plus, et ceux qui ont moins perdent toujours plus. Il en est ainsi de l'avenir entre l'Ocde et l'Afrique.

Au-delà de l'économie, du commerce et de la finance, le Président Sall a dit que son intime conviction est que les rapports entre les peuples sont d'essence culturelle et civilisationnelle. Ils sont déterminés par l'état d'esprit qui les anime et le regard que les uns portent sur les autres.

Pour notre avenir commun, il a invité à construire ensemble un partenariat réinventé, fondé sur une nouvelle éthique relationnelle, faite de confiance et de respect mutuels, pour un monde plus humain, plus juste et plus équitable.

" L'Afrique tend la main à tous ses partenaires pour édifier ensemble les fondements de ce futur commun ", a conclu le Président en exercice de l'Ua.

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