Afrique: Opposition sénégalaise - Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes !

Ousmane Sonko, leader de l' opposition sénégalaise.
opinion

L'opposition sénégalaise aurait voulu lancer une précampagne des législatives haute en couleur qu'elle ne s'y serait pas prise autrement. En un peu moins de 2 mois de ce scrutin aux grands enjeux, elle a fait une revue de troupes à Dakar à l'appel des ténors de la coalition Yewwi Askan Wi : Ousmane Sonko, Barthélemy Dias et Kalifa Sall.

Ils étaient plusieurs milliers de manifestants, venus de loin pour certains, à manifester leur colère contre le gouvernement de Macky Sall. Si ces mécontents sont remontés contre la décision du Conseil constitutionnel de rejeter la liste nationale des candidats de la coalition Yewwi Askan Wi aux législatives du 31 juillet prochain, leur colère porte sur un éventail de griefs contre le président Macky Sall et son système. Ainsi pouvait-on lire pêle-mêle, sur les pancartes brandies à cette occasion, le rejet d'une éventuelle candidature du président Sall pour un 3e mandat, des carences du système sanitaire, de la partialité présumée du ministre de l'Intérieur en charge de l'organisation des élections législatives, des iniquités du système judiciaire, etc. Bref, un condensé des sujets qui fâchent les Sénégalais.

L'objectif avoué de la manifestation d'hier était de lancer la campagne des législatives en mettant la pression au gouvernement dans l'espoir de créer un électrochoc chez les électeurs afin de provoquer la cohabitation au Parlement au sortir des prochaines législatives.

Mais cette bataille des élections législatives est mal engagée pour l'opposition sénégalaise avec l'invalidation de la liste nationale de la coalition Yewwi Askan Wi. Une invalidation qui écarte de la course aux sièges de députés plusieurs de ses leaders, dont Ousmane Sonko. L'opposition crie alors à la "forfaiture" orchestrée par le Conseil constitutionnel avec la complicité du régime qui se choisirait par ce biais des challenger sans envergure, donc faciles à battre.

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Cette colère de l'opposition sénégalaise se comprend mais est difficilement justifiable car elle n'indique pas en quoi les erreurs matérielles qui motivent le rejet de sa liste nationale sont inexistantes ou ne relèvent pas de sa responsabilité. N'est-ce pas elle qui a confectionné cette liste nationale ? A-t-elle alors fait les vérifications d'usage avant le dépôt au Conseil constitutionnel ? Si donc une tierce personne, en l'occurrence les services du Conseil constitutionnel, n'a pas tripatouillé la liste incriminée et que c'est l'opposition qui a manqué de vigilance pendant sa confection, elle devrait s'assumer et boire le calice de ses manquements jusqu'à la lie. " Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes", c'est un sacro-saint principe du droit qui est absolument opposable à Ousmane Sonko et à ses partisans dans la situation présente. On peut même ajouter à leur attention : " Dura lex sed lex " ; c'est-à-dire que " la loi reste la loi, aussi dure soit-elle. " Si des erreurs matérielles empêchent la validation de candidatures de partis d'opposition, qu'il en soit ainsi et que force reste à la loi.

Exit donc les échappatoires, en fait des exutoires de frustrations nées d'autres situations qui fâchent. Par exemple, il y a cette affaire de viol présumé encore pendante en justice où Ousmane Sonko est accusé par une masseuse. Bien qu'innocent présumé, il n'y tient pas le bon rôle et c'est assurément plus honorable pour lui de mettre à l'index l'invalidation de sa candidature aux législatives pour en appeler à l'arbitrage de la rue et à un vote sanction contre le pouvoir en place.

Les électeurs sénégalais suivront-ils la coalition Yewwi Askan Wi dans sa stratégie de se défausser sur l'adversaire et de lui faire porter la responsabilité de ses turpitudes? Rendez-vous au soir du 31 juillet 2022 !

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