Afrique du Sud: Cyril Ramaphosa accusé d'avoir caché des millions de dollars

President Cyril Ramaphosa

Le président sud-africain aurait dissimulé un cambriolage dans l'une de ses résidences et au cours duquel quatre millions de dollars en liquide lui ont été dérobés.

Cyril Ramaphosa est sous le feu des critiques. Il aurait dissimulé un cambriolage dans l'une de ses résidences, en février 2020, au cours duquel quatre millions de dollars en liquide, cachés dans des meubles, lui ont été dérobés.

Depuis cette révélation, plusieurs responsables de l'opposition demandent la démission du président accusé d'avoir caché de l'argent dont l'origine est douteuse.

Sommé donc de s'expliquer, Cyril Ramaphosa était ce jeudi (09.06) devant le parlement. Il a nié les accusations à son encontre et déclaré qu'il avait les mains propres et que ces fonds étaient privés et non publics.

"Je suis dans le commerce du bétail et du gibier. J'achète et je vends des animaux. Les ventes d'animaux se font parfois en espèces ou par virement. Il s'agissait donc d'une transaction commerciale claire de vente d'animaux", s'est défendu Cyril Ramaphosa.

Dans un parlement en ébullition, Cyril Ramaphosa a dénoncé je cite, les "sales coups" et les "intimidations" de la part de ses adversaires politiques et surtout ceux qui sont menacés par la lutte contre la corruption.

Des questions en suspens

Les voleurs ont certes été appréhendés et l'argent récupéré mais ceux-ci auraient pu être achetés en échange de leur silence.

Pour le politologue, Lukhona Mnguni, la réaction de Cyril Ramaphosa soulève plus de questions que de réponses. La question cruciale, dit-il, est la légalité de l'argent trouvé à sa résidence.

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"Il y avait un commerce et il y avait un revenu qui lui revenait. A-t-il déclaré ce revenu afin qu'il puisse être taxé de manière appropriée ? La deuxième question est de savoir s'il y a eu une dissimulation", explique l'analyste.

Pour endiguer la corruption et le blanchiment d'argent, la loi sud-africaine exige que tout paiement ou argent reçu en espèces de plus de 1.520 euros soit signalé.

L'avenir de Cyril Ramaphosa

Lors d'une réunion du comité exécutif de l'ANC, certains cadres du parti auraient tenté, en vain, de persuader le comité exécutif d'obliger Cyril Ramaphosa à remettre sa démission.

Les partis d'opposition demandent également au président de se retirer. Le chef de l'Alliance démocratique, John Steenhuisen, a invité la police à aller plus loin dans les enquêtes.

"Pourquoi y avait-il une telle quantité de devises étrangères, pourquoi était-elle dans les meubles et non à la banque ? Pourquoi le cambriolage n'a-t-il pas été signalé aux services de police pour poursuivre les auteurs présumés ?", s'est-il interrogé.

L'analyste politique Daniel Silke minimise cependant l'impact que ce scandale pourrait avoir sur la candidature de Cyril Ramaphosa à la prochaine élection présidentielle.

"Cette affaire ne va pas porter un coup négatif au président lorsqu'il s'agira de défendre sa position lors de la conférence élective de l'ANC à la fin de l'année. La position du président s'est renforcée au cours des derniers mois, car les différentes branches et régions de l'ANC ont tenu des conférences et élu de nouveaux hauts responsables, dont beaucoup soutiennent largement le président", estime l'analyste.

Ces accusations interviennent alors que l'ANC doit décider d'ici décembre de présenter ou non Cyril Ramaphosa comme candidat pour un second mandat au scrutin présidentiel de 2024.

Steven Friedman, professeur à l'université de Johannesburg, estime pour sa part que le moment choisi pour formuler ces accusations est une manœuvre calculée par une faction puissante de l'ANC pour disqualifier Cyril Ramaphosa, un président qui a succédé à Jacob Zuma, poussé à la démission en 2018 après une série de scandales financiers.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa se présentera devant la commission de l'intégrité de son parti, le Congrès national africain, pour répondre à ces accusations.

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