Tunis/Tunisie — TUNIS,11 juin (TAP, par Sarra Belguith)- Le site historique du village mythique de Sidi Bou Said s'est transformé depuis samedi 10 juin 2022 en un véritable musée à ciel ouvert où l'Art au grand complet a injecté un brin de couleurs et insufflé une belle ode au dialogue interculturel entre les deux rives de la Méditerranée, lointaines géographiquement mais si proches humainement.
Installant ici et là leurs chevalets, munis de leurs pinceaux, près de 70 artistes des deux rives de la Mare Nostrum et au delà se sont retrouvés dans la liesse pour partager à travers un voyage de palettes, des moments de création, de rire et de bonne humeur autour de leurs différents matériaux, laissant libre cours à leur imagination propulsée par la magie des lieux devenus leur source d'inspiration pour faire naitre un véritable patchwork d'œuvres de haute facture réalisées avec des techniques multiples et sur différents supports autour d'une panoplie de thématiques portant à réfléchir.
Qu'ils soient nichés au jardin botanique méditerranéen (connu Jardin de Monaco) mitoyen du BluBlu, ou ornant les cimaises de la galerie Saladin, de la galerie Turki, du palais municipal de Sidi Bou Said ou de l'atelier des métiers d'art D'Art Lella Salha, les oeuvres de chaque artiste participant donnent à découvrir des univers peu ou mal connus d'artistes qui ont, dans le Land Art Festival, trouvé une lueur d'espoir doublée d'une bouffée d'oxygène pour se faire connaître et porter à jour les résultats de leurs travaux assez souvent méconnus bien que valorisés et ayant acquis une certaine notoriété hors des frontières.
Prenant place en pleine nature sous l'ombre des feuillages, les artistes sont majoritairement des femmes qui ont commencé à se tailler un chemin pour ne citer que Sonya Lakhoua, Achraf Ben Zoubir, Alya Khelifi, Sihem Berrich, Chiraz Belfekih, Mariem Kallel, Donia Ben Osman, et la liste est longue.
Ils sont venus de partout, des régions intérieures notamment de Djerba comme Philippe Gorin, Isabela Canet, Philippe Leten, Neila Ziadi mais aussi de Paris comme Skander Guetari ou d'Italie comme Luigi Maria de Rubeis et Girolamo Palmizi etc ... autour d'un seul langage : l'Art pour Tous dans la Rue, prise d'assaut depuis hier par les artistes, les avertis et curieux, les galeristes, les amateurs d'art et les hommes et femmes de culture tombés sous le charme des formes et des couleurs dans une ambiance de musique au rythme de la danse du violon par Zied Larnaout et des percussions de la fameuse Kharja de Sidi Bou Said.
Offrant une véritable odyssée artistique au grand complet au cœur de la Méditerranée, le Land Art festival International de Sidi Bou Said dans son édition zéro initié par l'organisation Esprit libre de sa fondatrice Sana Bennani s'est ouvert officiellement par la ministre de l'environnement Leila Chikhaoui et du maire de Sidi Bou Said Khalil Cherif en présence notamment d'Alfonso Campisi président de la "Chaire Sicile pour le dialogue des cultures et des civilisations".
Dans son allocution, la ministre s'est réjouie du lancement de cette nouvelle aventure artistique d'envergure internationale qui ne peut selon ses propos qu'aider à promouvoir davantage l'image de la Tunisie en tant que destination culturelle et touristique par excellence.
A son tour, le maire Khalil Cherif a tenu à signaler la volonté de la commune de veiller à soutenir davantage cette nouvelle manifestation et à en assurer le rayonnement. La présidente-fondatrice Sana Bennani a quant à elle exprimé sa joie de voir son projet aboutir formant le vœu de veiller désormais à en assurer une meilleure organisation pour une réussite plus méritée. Elle a dans se sens tenu à remercier toutes les personnes et parties qui ont contribué à l'organisation notamment Majda Mahdaoui qui a-t-elle relevé, n'a pas lésiné sur le plan organisationnel à orchestrer magistralement et au peigne fin, la réalisation logistique de cette édition de lancement.
De son côté, l'artiste Jamel Chaouki Mahdaoui collaborateur de taille dans l'organisation de cette édition a tenu tout d'abord à remercier tous les espaces qui ont apporté leur soutien infaillible (BluBlu, Sonaprov "Société Nationale de Protection des Végétaux", galerie Saladin, d'Art Lella Salha et la mairie de Sidi Bou Said) qui constitueront un des atouts de la relance économique et touristique du site municipal spécialement réaménagé en fonction du risque d'affluence de bon nombre de visiteurs curieux de découvrir ou de re-découvrir les richesses multiformes, échos de notre exceptionnel patrimoine commun, éternellement ancré dans la substantifique moelle de notre mémoire tunisienne trois fois millénaire.
S'inscrivant sous le signe de l'éclectisme et des échanges interculturels, cette riche manifestation artistique sans frontières aura un impact constructif évident sur l'atmosphère déjà emprunte de magie qui prévaut sur le village des Saints sauveurs, a-t-il précisé. Et d'ajouter " Que cette manifestation soit la consécration de tous les efforts, de toutes les énergies positives déployées sans compter pour inonder la colline des Saints sauveurs de lueurs d'espoir... l'espoir de concilier l'amour, la beauté, le sens de l'altruisme et enfin de nous réconcilier avec notre environnement naturel, là où, la chaleur humaine et l'intelligence plus que toute autre approche sauront nous projeter au delà de toutes ces contraintes contrenatures auxquelles l'humanité a été confrontée... afin de recréer un autre ailleurs aux couleurs de l'arc-en-ciel...".
Moment fort de la première journée fut la remise des prix artistiques comme suit :
Grand Prix de l'Art décerné à l'artiste Girolamo Palmizi pour son œuvre monumentale " La Piccola Sicila " en hommage pour la Tunisie.
Prix international de l'Artiste décerné à Jamel Chaouki Mahdaoui (Tunisie), Luigi Maria De Rubeis (Italie), Hamadi Ben Neya (Tunisie) et Lena Gabsena (Georgie).
Deux Mentions d'Honneur internationale ont été décernées respectivement à Mohamed Khalil Cherif pour son soutien inconditionnel à l'action culturelle de Sidi Bou Said et son encouragement constant aux artistes et créateurs de tous bords et à Ahmed Jalel Bennani pour sa précieuse collaboration à la réussite du festival où les artistes ont eu droit dans la soirée du samedi à de purs moments de musique avec un cocktail " Kalthoumiet " avant de reprendre leurs travaux le deuxième jour pour finir la journée en apothéose avec un spectacle Hymne à Fairouz " de Tyr à Carthage " qui sera donné en soirée à partir de 20H00 par Hajer Bouzid et son chœur sur la scène improvisée du jardin méditerranéen de Sidi Bou Said.... ce village qui s'est transformé en une immense galerie où toutes les formes d'expressions artistiques ont carte blanche pour conquérir l'âme et le cœur de tout amateur d'art assoiffé de nouvelles découvertes ou de révélations à la fois riches et variées.
