Ile Maurice: Écologie - La Citadelle, remettre du vert sur ses pentes

Recréer un îlot de fraîcheur sur la butte gardée par La Citadelle. Cent plantes endémiques ont été mises en terre par des volontaires le vendredi 3 juin. L'occasion de faire le point sur un projet de reboisement qui dure depuis dix ans, avec la fondation Ressources et Nature.

Que des plantes endémiques ! C'est la particularité du programme de reboisement des pentes de la Citadelle. Vendredi dernier, en à peine quelques heures, avant que le soleil ne tape trop fort, 100 plantes avaient été mises en terre par des volontaires sur une superficie d'un hectare, au pied du vieux fort.

Zoé Leclézio, coordinatrice de projets de la fondation Ressources et Nature (Forena), précise que le lot de 100 plantes se divise en quatre espèces : bois de chandelle, bois d'ébène blanc, bois de colette et bois de reinette, "qui sent la pomme, d'où son nom". Vendredi dernier, sur une parcelle cogérée par Forena en partenariat avec la Mauritius Union Assurance, ces espèces endémiques ont été mises en terre. "La compagnie finance le reboisement d'un hectare à La Citadelle sur une période de quatre-cinq ans", explique Zoé Leclézio. Une parcelle qui se trouve du côté parking du vieux fort.

Pourquoi planter en cette saison ? "Le début de l'hiver est le dernier moment propice pour planter", détaille la coordinatrice de projets. La saison sèche arrive parce que l'hiver est synonyme de moins de pluies. Une saison où les plantes vont "prendre moins bien. Il faudra arroser plus souvent, ce qui demande une plus grande consommation en eau. Pour éviter tout gaspillage, nous essayons de planter surtout en été, pour que les plantes profitent de la saison pluvieuse".

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Ces plantes endémiques prendront de "cinq à 15 ans" pour atteindre la maturité. Sur 100 plantes mises en terre la semaine dernière, combien arriveront à maturité ? "D'habitude, nous enregistrons 20 % de mortalité. Nous espérons qu'au moins une cinquantaine de plantes arriveront à maturité." Certains spécimens meurent après trois-quatre ans dépendant de la "fragilité et de l'autonomie des plantes". Ou encore à cause des conditions climatiques, comme un violent cyclone.

Autre grosse cause de mortalité des plantes dans le climat sec de la capitale : les feux follets. Ils surviennent, explique Zoé Leclézio, surtout dans des régions polluées, où les morceaux de verre cassés "agissent comme des loupes pour le soleil, ce qui brûle les herbes sèches". D'où les pierres disposées en cercle autour de chacune des plantes. Elles agissent comme coupe-feu. "Si le feu prend dans l'herbe sèche, il n'atteindra pas les arbres endémiques, grâce à ces pierres."

Les plantes mises en terre au pied de La Citadelle proviennent des pépinières que Forena a contribué à mettre en place. Notamment à la prison de Petit-Verger, ajoute Zoé Leclézio. "Forena rachète la production de cette pépinière autonome. Elle ne travaille que pour nous." D'autres plantes viennent des pépinières du ministère de l'Agro-industrie, dont celle de Barkly. "Mais ces institutions ont des contraintes sur le nombre de plantes qu'elles peuvent donner aux ONG ; c'est pour cela que nous constituons d'autres pépinières pour atteindre l'autosuffisance d'ici la fin de cette année."

Quid du vandalisme ? Le projet de Forena dure depuis dix ans. "Si on avait planté des fleurs, il y aurait peut-être eu davantage de cas. Les arbres endémiques, c'est plus compliqué. Même si vous volez une plante, faute de soins appropriés, elle risque de mourir", affirme Zoé Leclézio.

À La Citadelle, l'entretien des plantes est assuré par deux jardiniers de Forena. L'un vérifie que tout est en ordre. L'autre grimpe sur les pentes trois fois par semaine pour arroser et désherber. Sans oublier l'entretien assuré par les autorités, qui s'occupent notamment de tondre le gazon.

Deux hectares reboisés en une décennie

Quel est le bilan d'une décennie d'engagement en faveur du reboisement des pentes de La Citadelle ? L'élément clé, ce sont évidemment les financements. En dix ans, Forena a noué une série de partenariats avec diverses institutions. Zoé Leclézio cite les hauts-commissariats australien et britannique, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) à travers le GEF Small Grants Programme, ainsi que des entreprises. En parallèle, les autorités ont accordé à Forena, "quelque quatre hectares à reboiser à La Citadelle". Il s'agit de projets à long terme. "La superficie de reboisement de chaque entreprise/institution est déterminée par les moyens qu'elle souhaite injecter dans le projet. Cela peut aussi être une one-off plantation". Depuis le début du projet, "nous avons procédé à la reforestation de deux hectares au total", indique Zoé Leclézio.

"AnAngel", en avant les volontaires !

Comment réunir des étudiants de l'université des Mascareignes, des employés de la Mauritius Union et d'autres volontaires autour du reboisement des pentes de La Citadelle ? La clé : la plateforme AnAngel. Elle a constitué un groupe de "3 000 à 5 000" volontaires à travers Maurice, affirme Navinee Ramnial, People Partner de la plateforme AnAngel, où les appels aux bonnes volontés sont faits. "Nous encourageons les bonnes actions, en faisant la promotion des 17 objectifs de développement durable des Nations unies." Quand les ONG qui ont adhéré à AnAngel organisent une activité, "nous leur proposons de le faire sous forme de campagne sur notre plateforme".

AnAngel a trois options pour soutenir les bonnes actions : soit être volontaire, soit faire un don en nature ou en espèces. "Les déchets des uns font souvent le bonheur des autres", affirme Navinee Ramnial. Est-ce que cela arrive que plusieurs personnes manifestent de l'intérêt, en ligne, pour une activité, mais que le jour J, sur le terrain, peu d'entre elles se présentent ? "On ne va pas le cacher. Ce sont des choses qui arrivent. D'où l'initiative de récompenser les volontaires". Toute participation à une activité leur rapporte des points qui peuvent être échangés contre des cadeaux, comme un ticket de tombola ou un food pack.

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