Afrique: Lutte contre le terrorisme - Ce " slam " d'Evrard qui enflamme la Toile

© O.Fourt/RFI
Exercice militaire au Burkina Faso (photo d'archives).

On attendait le bilan officiel avec une certaine anxiété. Tant toutes sortes de chiffres ont circulé dimanche après le massacre de populations civiles à Seytenga, localité à la frontière nigérienne, à 47 kilomètres de Dori, chef-lieu de la province du Séno, région du Sahel.

Après avoir attaqué la brigade territoriale de gendarmerie le jeudi 9 juin dernier, tuant onze pandores, les groupes armés terroristes sont en effet revenus deux jours plus tard dans la nuit du samedi 11 au dimanche 12 juin pour s'en prendre cette fois-ci à des populations désarmées livrées à elles-mêmes après le repli des forces de défense et de sécurité (FDS) à Dori. Dans une surenchère macabre, les chiffres sont allés dans tous les sens, pour frôler, selon certaines " sources bien informées ", les deux cents morts.

Finalement, l'information officielle donnée hier lundi 13 juin par le ministre porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, fait état d'une cinquantaine de victimes. Il faut croire qu'en ciblant dans un premier temps la gendarmerie locale, ces hordes sanguinaires qui ont fondu sur les habitants avaient voulu annihiler toute possibilité de riposte avant de s'adonner à leur orgie sanglante. Donc cinquante tués, autant qu'à Madjoari, dans la Kompienga, région de l'Est le 26 mai passé. Cinquante morts de plus donc dans cet interminable chapelet de cadavres qui endeuille le Burkina depuis maintenant sept ans.

On se demande toujours comment les terroristes ont pu se regrouper durant un bon moment sans être inquiétés outre mesure, de la même manière qu'ils ont pu perpétrer ce massacre pendant d'interminables heures sans qu'on puisse voler au secours de ces pauvres hères abandonnés à leur triste sort. Quelque part, le séisme de Seytenga aura eu des répliques deux jours plus tard à Ouagadougou, précisément au camp Paspanga de gendarmerie où était organisée une cérémonie d'hommage aux " braves FDS qui ont donné leur vie jusqu'au sacrifice suprême pour l'intérêt supérieur de la nation ".

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Ce fut à l'occasion du lancement du premier clip du gendarme musicien slameur, Whé-Whé.

En effet, le chef d'état-major de la gendarmerie nationale, le lieutenant-colonel Evrard Somda, a lancé au ministre de l'Education nationale, porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, et à son homologue de la Communication et de la Culture, Valérie Kaboré, tous deux présents à la manifestation : " Allez-y dire au Premier ministre, allez-y dire au président du Faso, que je commande des hommes d'honneur et j'ai besoin de moyens pour montrer de quoi ils sont capables ". Evrard, porté par l'ambiance, a-t-il voulu s'essayer au slam, comme l'entendent certains ? C'est possible.

Ou alors, comme le pensent d'autres, il s'est tout simplement lâché, lui, qui auparavant, évoquant la perte de onze de ses hommes à Seytenga a confié : " Je suis à la recherche de ressorts, d'explications et de solutions, mais je n'en trouve pas " ? A-t-il profité sortir des choses qui le turlupinent depuis, lesquelles choses semblent être partagées par ses frères d'armes qui ont applaudi à tout rompre suite à son interpellation qui fait le buzz ? Une chose est sûre, slam ou pas slam, le moins qu'on puisse dire c'est que son " Allez-y dire... " qui a enflammé la Toile fait des vagues et laisse libre cours à toutes les interprétations. Sans pour autant qu'il faille voir le diable partout.

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