« La banque dans la révolution numérique : les nouvelles règles du jeu ». C’est le thème autour duquel la BCEAO, à travers son Centre de formation et de recherche (COFEB) et en partenariat avec HEC Paris, a convoqué la réflexion dans la matinée de ce mardi 14 juin.
M. Patrick Kodjo, Conseiller du Directeur général du COFEB a confié que le thème de cette rencontre s'inscrit dans le cadre des thématiques d'actualités qui interpellent aujourd'hui, surtout dans le contexte de la crise sanitaire.
L'objectif poursuivi est de contribuer aux réflexions en cours, en présentant quelques concepts et méthodes d'analyse utiles aux acteurs du système bancaire et financier dans leur stratégie d'adaptation à l'ère du numérique.
L’opportunité était offerte à M. David Restrepo Amariles, Professeurs associés à HEC Paris, spécialiste du Droit et I’intelligence artificielle pour rappeler l’importance des données dans un contexte de digitalisation de l’activité bancaire.
Selon lui, la guerre en Ukraine a confirmé l’importance des données avec le SWIFT utilisé dès le début de cette crise pour isoler la Russie dans les transactions financières internationales.
Ce qui, à son avis, dénote de l’importance stratégique des données dans la géopolitique et les rapports financiers globaux appuyés par la révolution numérique bancaire.
Cet état de fait montre ainsi la montée en puissance de la digitalisation dans le secteur bancaire et financier. « Notre monde ne devient pas numérique, il l’est déjà et le secteur bancaire doit suivre la cadence ».
Pour M. Amariles, aujourd’hui la technologie créée une révolution dans les activités bancaires basées sur les données notamment les services paiement, la relation client, l’évaluation crédit, entre autres.
Ce qui lui fait dire que les données sont essentielles pour l’identification de l’efficacité des processus, de comprendre ses clients surtout le changement de leur comportement, l’innovation.
Ce spécialiste du Droit et l'intelligence artificielle précise ainsi que les institutions bancaires doivent voir comment utiliser les données par rapport à leur activité quotidienne.
D’après lui, les institutions doivent se donner les moyens d’élaborer une stratégie pour cerner le rôle que la technologie peut jouer dans son activité.
Un postulat qui l’amène à dire que la banque doit se repenser et comprendre que les choix technologiques ne sont pas neutres.
Compte tenu de la sensibilité de l’activité bancaire face au bouillonnement technologique, M. Amariles invite, par ailleurs, à cerner les contours des enjeux de la régulation des technologies numériques.
Une tâche qui s’avère compliquée compte tenu de l’Absence de législation sur l’intelligence artificielle.
Malgré un écosystème dynamique, tous les paramètres ne semblent pas encore totalement maîtriser. D’où la pertinence de la question de savoir : comment les acteurs bancaires peuvent reprendre le contrôle face à la montée technologique ?
Un questionnement jugé pertinent dans la mesure où les superviseurs ont l’obligation de mettre à jour l’outil dont ils disposent pour contrôler des opérations de plus en plus sophistiquées basées sur les technologies digitales. D’où le rôle crucial que doivent y jouer les banques centrales.
Devant ce bouillonnement, le conférencier du jour pense qu’il faut bâtir un modèle de confiance qui va prendre en compte les préoccupations de tous les acteurs du marché pour mieux gagner la confiance du consommateur.
Avant de préciser que : « Ce n’est pas la technologie qui règle les problèmes, mais la stratégie ».
Le thème de cette deuxième Masterclass organisée par le COFEB, en partenariat avec HEC Paris au titre de l'année 2022, a suscité un ensemble d’interrogations auprès d’acteurs de l’écosystème bancaire et financier de l’UEMOA qui ont pris part à cette rencontre virtuelle.
Les initiateurs ont ainsi été interpellés sur des problématiques essentielles liées à l’atout que la révolution numérique bancaire constitue pour accroître la formalisation des économies africaines, les conditions pour maximiser l’impact de la digitalisation sur l’inclusion financière.
À cela, s’ajoute l’avenir de la banque classique, les défis qui se posent dans le cadre de la gestion des risques liés au blanchiment des capitaux et au financement du terrorisme, la cybersécurité, le contrôle et la gouvernance dans les pays en développement…
Cet engouement des acteurs colle avec la philosophie ces rencontres élargies qui, selon M. Patrick Kodjo, Conseiller du Directeur général du COFEB, permet de rassembler le maximum de professionnels, autour de questions considérées comme essentielles pour l'activité dans le secteur bancaire et financier.
Il rappelle que l'organisation de ces MasterClasses s'inscrit dans le cadre d'un large programme d'accompagnement des acteurs de l’écosystème financier de l'UEMOA, visant à informer et à former tous les acteurs concernés de notre Zone sur les enjeux majeurs et les défis des questions liées au numérique.