Afrique: Cessation imminente du soutien rwandais au M23 - L'irrévocable exigence de Kinshasa à Kigali

Si le Rwanda de Paul Kagame ne ravise pas sa position de soutien aux terroristes du M23 qui opèrent en République démocratique du Congo, il faudrait craindre dans les jours qui suivent la détérioration de la crise sécuritaire et diplomatique entre ces deux Etats, sans exclure l'option militaire. Ce serait le prix à payer pour préserver l'intangibilité des frontières héritées de la conférence de Berlin 1885.

C'est le sens à donner à la sommation du gouvernement congolais adressée au Rwanda, le samedi 11 juin 2022. En effet, dans sa commutation faite le même jour, le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, qui répondait à la note verbale rwandaise du 10 juin (NDLR : document de communication dans les milieux diplomatiques), a transmis la sommation du gouvernement congolais vis-à-vis du Rwanda en exigeant la fin de son soutien aux terroristes du M23.

Ç'a également été l'occasion pour Kinshasa de dire à Kigali de s'abstenir de tout acte de nature à compliquer la tâche du médiateur de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, le président angolais, João Lourenço, " à qui toutes les parties concernées doivent faire confiance ".

Il sied de rappeler que dans sa note verbale, le Rwanda accusait les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) d'avoir lancé, le 10 juin, des roquettes sur le territoire rwandais et indexait aussi " des hauts responsables gouvernementaux et membres des organes de sécurité congolais d'inciter la population à commettre des actes de violences contre le Rwanda et les personnes parlant le Kinyarwanda, en général ".

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Des allégations rejetées en bloc par le ministère congolais des Affaires étrangères qui les a qualifiées de " fallacieuses ". Et de poursuivre : " ... cachent mal la détermination du Rwanda de poursuivre son agression contre la RDC et son soutien au M23. Le ministère rappelle la teneur de la communication officielle des FARDC en date du 10 juin 2022 par laquelle les FARDC ont informé l'opinion nationale et internationale, de ce que depuis 16H15 du vendredi 10 juin 2022, l'armée rwandaise a tiré une dizaine d'obus sur le territoire de la République démocratique du Congo, plus précisément à Biruma et à Kabaya, en territoire de Rutshuru, détruisant l'institut Saint Gilbert, y tuant deux enfants âgés de 6 et 7 ans respectivement et blessant un troisième ".

Dans le même registre, Christophe Lutundula a stigmatisé " l'ignoble soutien continu de l'armée rwandaise au groupe terroriste du M23 qui est confirmé par les images des drones qui attestent l'occupation jusqu'à ce jour de Tchanzu et de Runyonyi par les Forces de Défense du Rwanda (RDF) ".

A tout prendre, Kinshasa n'entend plus rester inerte fasse à son agresseur connu de tous et dont les preuves accablantes ne sont plus à rechercher ni même à démontrer. Le sens même de la sommation diplomatique en dit long. C'est une mise en demeure, mieux un ultimatum auquel Kigali ne devrait pas se dérober. Et même de manière classique dans les méandres du droits, cette sommation inscrite dans un délai bien déterminé ne peut excéder deux mois, sans effet de part et d'autre.

En RDC, le peuple n'entend plus tergiverser sur l'option de son auto-détermination. Les gouvernants l'ont comprise, mais tentent d'épuiser toutes les voies de résolution pacifique. Entretemps, la pression populaire s'accroit, exacerbé par des morts qui sont comptés à la pelle dans la partie orientale du pays du fait de l'activisme armé.

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