Cet appel fait suite à l'échec de négociations sociales avec le gouvernement. En toile de fond, une crise politique se dessine puisque l'UGTT fait un bras de fer avec le président de la république Kaïs Saïed. Elle a refusé de participer à l'initiative de dialogue nationale pour des réformes constitutionnelles proposée par le président. Elle estime les résultats courus d'avance et dénonce la monopolisation des pouvoirs.
L'aéroport de Tunis Carthage à l'arrêt, les vols suspendus, les transports et l'activité des ports ralentis et une centaine d'entreprises publiques paralysées... Pour cette première grève générale depuis quatre ans, l'UGTT veut mobiliser et marquer le coup. Si la puissante centrale syndicale insiste sur le fait que la grève est liée aux enjeux économiques, il s'agit de la première épreuve de force entre Kaïs Saïed et l'organisation historique dans le pays.
L'UGTT, 750 000 adhérents, a été dans toutes les crises qu'a connues le pays depuis la révolution. En 2015, elle a même été récompensée avec d'autres acteurs syndicaux et de la société civile par le prix Nobel de la paix pour un dialogue national qui avait sorti le pays d'une crise politique. Mais aujourd'hui, l'UGTT a refusé le dialogue national proposé par le président de la république tandis que ses partenaires du Nobel, l'Ordre des avocats, la Ligue tunisienne des droits de l'homme et le syndicat patronal l'UTICA y ont pris part.
L'UGTT ne s'aligne pas sur les partis politiques d'opposition, elle se présent comme une troisième voie dans un contexte où elle doit montrer sa capacité à mobiliser pour se faire entendre et montrer sa force. Cette grève reste un test car l'UGTT doit signer le plan de réformes proposé au Fond monétaire international pour l'obtention d'un prêt et pour le moment le dialogue entre la centrale et le gouvernement est au point mort.