Maroc: L'espoir d'une croissance à 4,1% s'évapore

Façade de la Banque du Maroc, dans la ville de Rabat

Douche froide en vue, voire en cours, pour le chef du gouvernement Aziz Akhannouch et son équipe qui vont devoir affronter les dures réalités de la gouvernance nationale.

Après l'euphorie des prévisions économiques globalement optimistes pour 2022, l'espoir d'une solide reprise de l'économie nationale semble peu à peu se dissiper.

Il serait compromis, d'après le Centre marocain de conjoncture (CMC) dont les dernières projections ne laissent place à aucun doute : "La reprise économique projetée pour 2022 ne se réaliserait pas", souligne-t-il dans sa dernière publication mensuelle "Maroc Conjoncture" (n° 346).

"Le taux de 4,1% de croissance pronostiqué en juillet dernier sous des hypothèses passablement optimistes ne pourrait aucunement se concrétiser tant les aléas de la conjoncture sont importants", affirme le Centre qui reprend et corrige ainsi ses projections exploratoires des performances de l'économie nationale.

"L'évolution ajustée du produit intérieur brut aux prix de 2014 est seulement de 1,8% présentant ainsi un écart d'environ 2,3 points par rapport à la prévision du premier scénario exploratoire", note le CMC qui s'appuie sur les orientations politiques retenues dans la loi de Finances et sur les directives monétaires de la Banque centrale.

Le Centre, qui se également base sur les statistiques et les indices précurseurs de conjoncture fraîchement recueillis au cours des premiers mois de l'année, est ainsi formel : l'économie nationale aux termes de 2022 n'emprunterait pas la trajectoire ascendante de pré-pandémique comme il l'avait anticipé, sous de bons augures, dans son premier scénario prospectif.

Dans sa publication, un spécial portant sur l'économie marocaine : Quelles approches pour la stabilité des prix?, le CMC estime en conséquence que "le PIB n'évoluerait que modestement de 1,8% pour atteindre le niveau de 1.335 milliards de dirhams aux prix courants correspondant à 4.050 dollars environ par tête".

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Le Centre marocain de conjoncture justifie le ralentissement de la cadence de croissance en prévision pour l'année en cours pour l'essentiel à la baisse prononcée de la valeur agricole qui se chiffrerait à environ -14%, au retard des pluies automnales et aux fortes chaleurs qui ont marqué le début de l'exercice.

L'observatoire privé, qui tablait sur un dénouement rapide de la crise sanitaire et sur une campagne agricole moyenne, reconnaît que "l'apparition du nouveau variant du coronavirus Omicron, avec les facteurs de forte nuisance pour la santé publique qui l'ont caractérisé, a brouillé les cartes, a détourné la bonne orientation de l'activité abordée en 2021 et a contrarié les anticipations d'une éventuelle reprise ".

Dans un des axes de sa publication, intitulé " L'année 2022 : Une croissance déviée ", le Centre ajoute, en outre, que le retour aux restrictions sanitaires, décrété de par le monde pour se prémunir contre la propagation de la maladie a provoqué " des dégâts économiques et sociaux préjudiciables ".

Pour l'organisme marocain, spécialisé dans l'analyse et le suivi de la conjoncture, la prévision et l'évaluation d'impact, tout porte à croire que " la croissance de 2022 devrait ainsi subir les effets négatifs de la vague du virus Omicron comme elle est en train de pâtir profondément des mauvaises conditions climatiques qui ont caractérisé la campagne agricole".

Comme si cela ne suffisait pas, "la guerre en Ukraine est venue accentuer l'affaiblissement du potentiel de la production nationale à travers les principaux canaux de transmission des effets du choc qui sont les prix et l'approvisionnement en produits".

A propos des prix, le CMC prévoit que les perspectives de croissance de l'économie nationale devraient s'accompagner d'une flambée de l'inflation estimée à 4% sur toute l'année.

Selon l'observatoire privé, la rupture avec le calme des prix devrait se poursuivre avec plus de ténacité. Il en veut pour preuve : "L'indice des prix à la consommation relevé au mois de mars 2022 a affiché une hausse notable de l'ordre de 5,3% par rapport au niveau du mois de mars de l'année écoulée".

Au-delà, le CMC prévient que "le marché du travail ne réagirait pas à l'acquis de croissance de l'économie nationale tant il est peu convaincant". Ainsi, le taux de chômage au niveau national se stabiliserait autour de 12%.

Par ailleurs et à titre de rappel, l'indice de confiance des ménages a enregistré son niveau le plus bas depuis le lancement de l'enquête permanente de conjoncture du Haut-commissariat au plan (HCP), rappelle le Centre relevant qu'il a affiché 53,7 au cours du premier trimestre de cette année contre 61,2 le trimestre précédent.

Le CMC note précisement que "la Formation brute de capital fixe ne connaîtrait pas non plus l'excellente performance qui lui a été prédestinée dans le scénario exploratoire".

Alors que les exportations de biens et services connaîtraient une évolution plus vigoureuse, le Centre s'attend à une hausse des importations de 37% provoquée par le renchérissement des produits pétroliers et dans une moindre mesure par un accroissement des acquisitions de biens d'équipement".

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