Cote d'Ivoire: Journée Internationale de la lutte contre le Travail des enfants - Voici les exigences des cinq centrales syndicales ivoiriennes

Le monde entier a commémoré le 12 juin dernier la journée internationale de lutte contre le travail des enfants. En Côte d'Ivoire, les cinq centrales syndicales ont, dans une déclaration, salué les actions du gouvernement relativement à la lutte contre ce phénomène et ont proposé des pistes de solutions pour son éradication.

Les disfonctionnements socio-professionnels de diverses natures au nombre desquelles figure le Travail des Enfants sous toutes ses formes, est l'une des raisons d'être du mouvement syndical dans le monde.

A la faveur de la journée du 12 juin décrétée par l'Organisation Internationale du Travail (OIT), " Journée Internationale de Lutte contre le Travail des Enfants ", les Centrales syndicales de Côte d'Ivoire, à savoir l'UGTCI, la CISL-DIGNITE, la FESACI-CG, l'UNATRCI et Humanisme voudraient marquer leur totale adhésion au thème choisi cette année : "La protection sociale universelle pour mettre fin au travail des enfants ".

Cette préoccupation est d'autant d'actualité qu'à ce jour, selon les estimations mondiales de 2020, portant sur le travail des enfants, 160 millions d'enfants dont 63 millions de filles et 97 millions de garçons, sont victimes d'exploitation, de traite et de travail, ce qui représente près d'un enfant sur trois dans le monde.

De plus, près de la moitié, soit 79 millions d'enfants, effectuent des travaux dangereux.

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Ce fléau est beaucoup plus accentué dans la zone subsaharienne à raison d'un enfant sur cinq.

La Côte d'Ivoire, premier pays producteur de Cacao au monde et zone d'immigration par excellence, est un terreau favorable à l'exploitation, la traite et au travail des enfants.

En outre, le contexte socio-économique mondiale s'est détérioré depuis la crise sanitaire mondiale 2019, de sorte à annihiler les efforts jusqu'ici réalisés par l'OIT et les mandants tripartites à savoir : Gouvernement, Employeurs et Travailleurs, pour juguler ce fléau.

C'est pourquoi les Centrales Syndicales expriment leur solidarité, à l'appel à l'action de Durban, à l'occasion de la 5ième Conférence Mondiale sur l'Elimination du Travail des Enfants qui promeut des engagements forts à capitaliser pour agir de façon urgente afin de combattre le nombre croissant d'enfants travailleurs.

Relativement à la protection sociale envisagée comme l'une des solutions pérennes à l'éradication de ce fléau, il convient de mener les réflexions nécessaires pour que les solutions qu'elles offrent soient pérennes et efficaces.

En effet, il est aisé de constater que la pauvreté et les chocs économiques jouent un rôle fondamental dans l'orientation des enfants vers le travail. Or les ménages pauvres sont davantage susceptibles de devoir recourir au travail des enfants pour répondre à leur besoin essentiel et faire faces aux incertitudes.

Ce faisant, l'exposition à des situations entrainant la perte des revenus familiaux peut avoir un impact négatif sur les décisions des ménages en ce qui concerne la réduction dramatique des revenus et forcer les enfants à quitter l'école pour aller travailler afin de contribuer aux revenus de la famille.

Dans ce contexte ainsi décrit, la protection sociale à travers les différents instruments dont le but est de fournir un soutien aux familles pauvres et à les aider à surmonter les divers chocs se présente comme un moyen efficace pouvant suspendre l'envoi des enfants au travail.

Nous pouvons citer entre autres l'accès aux soins de santé, la protection financière en cas de maladie, la protection sociale des personnes avec handicaps et de celles qui souffrent de maladies professionnelles, la protection en cas de chômage, qui sont des solutions qui peuvent permettre d'éviter que les ménages ne recourent au travail des enfants.

De façon spécifique les Centrales Syndicales à travers l'unité d'action entendent renforcer l'action du Comité Intersyndicale de Lutte Contre le Travail des Enfants (CILTE) en favorisant les actions des points focaux dans les Centrales Syndicales en dehors de la réalisation des activités issues de leur plan d'action annuel.

En même temps nous entrevoyons poursuivre notre plaidoyer auprès du Gouvernement pour qu'il intègre les préoccupations liées à la question du travail des enfants dans l'élaboration, la mise en œuvre et le suivi des politiques nationales de sorte à s'assurer que celles-ci traitent plus efficacement du travail des enfants.

Pour ce faire les exigences suivantes sont à prendre en considération :

- L'accès à l'éducation : Il faut permettre l'accès de tous les enfants à l'école gratuite, avec une éducation de qualité.

- Le respect des libertés syndicales comme le stipulent les conventions87 et 98 de l'OIT ratifiées par le gouvernement de la république de Côte d'Ivoire.

- L'application des normes internationales du travail à travers un système de protection sociale qui garantit le travail décent des adultes : entre autres, l'aide sociale, l'assurance chômage, la sécurité sociale, la mutualité, la prévoyance, la retraite complémentaire, etc. Toutes choses qui annihilent les effets de la précarité de l'emploi.

Par ailleurs les travailleurs souhaitent être pris en compte dans toutes les structures et tous les espaces de concertations pour traduire dans les faits, la volonté de l'OIT d'impliquer les mandants tripartites dans la lutte contre le travail des enfants comme le prévoit la Convention 182 de l'OIT, en son article 6 alinéa 2, ratifiée par la Côte d'Ivoire.

En ce qui concerne le dialogue social, les travailleurs entendent, au moyen de la négociation collective agir de concert avec les employeurs, à garantir des systèmes supplémentaires de sécurité sociale qui apportent une protection adéquate et abordable à leur famille en soutenant la sécurité du revenu en tant que rempart essentiel contre le risque de travail des enfants.

Dans cette perspective la formalisation de l'économie informelle se présente également comme une voie sûre vers une sécurité sociale durable à même de protéger les postes de travail contre le travail des enfants.

Fait à Abidjan, le 12 Juin 2022

LES CENTRALES SYNDICALES

Pour l'UGTCI

Le Secrétaire Général

EBAGNERIN Joseph

Pour la CISL-DIGNITE

Le Président

Elie BOGA DAGO

Pour la FESACI-CG

Le Secrétaire Général

Dr TRAORE Dohia Mamadou

Pour l'UNATRCI

Le Secrétaire Général

KODIBO Yves

Pour HUMANISME

Le Secrétaire Général

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